Le Parti socialiste sous la barre des 17%

PS en chute libre : résultat d’une stratégie d’hégémonie

10 juin 2009, par Manuel Marchal

Dimanche, le Parti socialiste a connu un effondrement historique, passant sous la barre des 17%. Le lendemain, son responsable local s’est exprimé dans la presse. Il n’a donné aucune explication sur cet effondrement. Car sa préoccupation, ce sont les regrets de ne pas avoir pu dépasser l’Alliance. Son adversaire, ce n’est pas le chômage, la pauvreté ou les désordres écologiques, mais c’est le PCR. En France, les directions du PS ont depuis 48 ans comme obsession de réduire le PCF, après la présidentielle de 2002, les européennes montrent le résultat de cette stratégie : elle amène le PS au plus bas.

Dimanche, le Parti socialiste a subi une défaite historique aux élections européennes. Avec 16,48%, il fait à 35.000 voix près le même score que les Verts sur tout le territoire de la République. Le lendemain, Gilbert Annette, premier secrétaire de la fédération locale du Parti socialiste commente les résultats des élections dans les colonnes du "Quotidien".
Devant pareil séisme politique, nul doute que les militants et sympathisants socialistes auraient aimé connaître l’analyse de Gilbert Annette sur les causes de l’effondrement du PS, ils sont restés sur leur faim. Le premier secrétaire de la fédération locale dit juste que « le PS régresse sur le plan national ».
Mais pour Gilbert Annette, l’enseignement principal est un regret, « parce qu’à 3.000 voix près, nous dépassions l’Alliance dans la circonscription et nous avions le siège de La Réunion ». Le PS s’effondre en France, mais pour Gilbert Annette, le regret est de ne pas avoir fait mieux que l’Alliance !
De tels propos amènent à se demander si l’objectif principal de l’élection était de s’en servir comme un tremplin pour tenter d’affaiblir les communistes à La Réunion ? C’est pourtant une ligne de conduite que se sont fixés les dirigeants socialistes depuis 1971 et le congrès d’Epinay, et elle finit par faire plonger le PS en dessous des 17% en France.
Le premier secrétaire de la fédération locale du PS n’ignore pas ces faits qui ont conduit finalement à l’affaiblissement du Parti socialiste. Ces faits, les voici :

Une obsession : réduire le PCF

En 1971, François Mitterrand est élu à la tête du Parti socialiste qui avait à peine deux ans d’existence. Il engage des discussions avec le PCF et d’autres partis pour réaliser l’union de la gauche. Et en 1981, c’est le rassemblement de la gauche française qui permet l’élection du candidat du Parti socialiste. Dès lors, la stratégie du PS va se concentrer sur un obsession : réduire le Parti communiste. Cela a conduit le PS à scier l’arbre sur lequel il était assis. L’affaiblissement du PCF a entrainé une fuite de l’électorat populaire vers d’autres partis que PS ou PCF. Et cela s’est d’autant plus vérifié que le PS s’est érigé en parti de l’alternance, sans projet alternatif pour redonner espoir aux plus démunis.
Cette stratégie n’a pas eu pour seul résultat de réduire le PCF. Elle a affaibli durablement le PS. Le premier grand coup de semonce date de 2002.
Le PS n’arrive pas à dépasser 17%, et est éliminé de l’élection présidentielle dès le premier tour. Mais les dirigeants du Parti socialiste n’ont pas tiré les leçons de cet événement.

Le PS balayé dans les Régions qu’il dirige

Les Régions sont les institutions les plus liées à l’Europe, et depuis 2004, la plupart sont dirigées par le PS (20 sur 22 en France plus la Guadeloupe). Comment alors le PS peut-il expliquer qu’il ait été largement battu dans toutes les Régions qu’il dirige ? Il est même plusieurs fois relégué à la 3ème place, bien en dessous de 15% comme en Île de France. Cela se vérifie aussi Outre-mer ou en Guadeloupe. Sur la base de ces résultats obtenus dans des collectivités où le PS est en position de pouvoir, comment le Parti socialiste va-t-il préparer le renouvellement des conseils régionaux ? On aurait aimé entendre les réponses de Gilbert Annette à ces questions.
Mais ce dernier tient le même discours que les dirigeants du PS en 1981, un discours qui ne change pas depuis 28 ans : l’adversaire n’est pas le chômage, l’illettrisme, la pollution ou la pauvreté, l’adversaire c’est le parti communiste. Y a-t-il des voix qui se lèvent au PS pour avoir une opinion différente ?
Car les crises économique et écologique sont en effet des enjeux majeurs. Elles appellent à une réflexion commune, à l’union pour la recherche de solutions. La crise est telle que personne ne peut dire qu’il détient à lui seul la solution.
C’est d’ailleurs le combat que mène depuis 50 ans le Parti communiste réunionnais : rassembler pour une pensée libre, autonome, capable de trouver une sortie de crise. C’est parce que l’Alliance propose un projet alternatif crédible qu’elle a de nouveau obtenu l’adhésion de la population. C’est ce qui explique pourquoi elle est arrivée en tête dans la Région qu’elle dirige.

Manuel Marchal


Les Mahorais ne sont pas dupes

Certains n’ont pas hésité à attaquer Élie Hoarau sur l’absence d’un Mahorais de la liste de l’Alliance des Outre-mer, alors qu’ils savaient très bien qu’aucun Mahorais n’était en position éligible sur aucune liste.
Mais les urnes ont parlé à Mayotte. Le taux de participation a augmenté de manière très importante, et l’Alliance est arrivée en bonne position. Dans son programme, l’Alliance propose la création d’un Bureau des Outre-mer avec un représentant permanent de Mayotte à Bruxelles. Cette proposition est issue de discussions avec les partenaires mahorais. Et elle a recueilli de nombreux suffrages dimanche dernier à Mayotte.
Comment alors tous ceux qui ont critiqué l’Alliance, et qui sont derrière elle à Mayotte, peuvent expliquer pourquoi les Mahorais ne les ont pas suivis sur ce raisonnement ?
Les Mahorais ont compris que sur les autres listes, ils étaient des potiches. Et quand Gino Ponin-Ballom au nom du Modem interpelle Élie Hoarau sur cette question, en affirmant que l’absence de candidat mahorais sur la liste est un manque de respect, et quand on voit qu’à Mayotte, le Modem est derrière l’Alliance, cela veut dire que personne n’a cru Gino Ponin-Ballom.

Union européenne

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