La ministre des Outre-mer annoncée dimanche

Qu’attend l’État pour prendre des mesures immédiates sur les prix et les revenus ?

15 mars 2019, par Manuel Marchal

La venue annoncée dimanche de la ministre des Outre-mer se fera dans un contexte social tendu. Toutes les raisons à l’origine du mouvement social sont encore là. L’État a pourtant les moyens de prendre des mesures immédiates comme le rappelle le précédent du COSPAR, dans l’attente de l’élaboration d’un plan de sortie de crise qu’il appartient aux Réunionnais de proposer et de mettre en œuvre.

Environ 180.000 demandeurs d’emploi, plus de 40 % de la population sous le seuil de pauvreté, un coût de la vie trop élevé au regard de la capacité financière de la plus grande partie de la population, une production de logements adaptés à la capacité contributive des locataires en nombre insuffisants… les raisons du mouvement social lancé le 17 novembre sont toujours là.

Annoncée pour dimanche, la visite dans notre île d’Annick Girardin fera le point sur l’avancement des mesures annoncées lors du précédent séjour de la ministre à La Réunion, en pleine période des gilets jaunes et des barrages qui existaient dans toute l’île. La ministre avait annoncé des mesures devant s’appliquer dès le 1er janvier.

L’État a les moyens d’agir

Force est de constater que depuis le début de l’année, rien de bien concret n’a permis d’améliorer la situation d’une population en souffrance. L’État a pourtant la main sur des leviers importants du pouvoir d’achat. C’est notamment lui qui fixe le prix des carburants, ainsi que les montants du SMIC, des retraites, des minima sociaux et autres prestations sociales.

Après une baisse des prix des carburants et du gaz liés à l’annulation de l’augmentation de la taxe décidée par la Région, ces tarifs sont repartis à la hausse au début du mois. Ceci a entraîné un bref retour de barrages à Gillot et à Saint-André.

Le contraste est net par rapport à l’attitude de l’État devant la mobilisation autour des revendications du COSPAR voici 10 ans. Au soir de la grande manifestation du 5 mars 2009, il était clair que des mesures immédiates allaient s’appliquer. Pour une baisse importante des prix du gaz et des carburants, l’État avait obligé les compagnies pétrolières à réduire leurs marges, et cela pendant 6 mois. Pour donner du pouvoir d’achat, il avait créé une mesure spécifique à l’outre-mer, le RSTA. C’était une prime mensuelle de 100 euros versée par l’État aux travailleurs ayant un salaire inférieur à 1,4 SMIC. A cela s’ajoutait la prise en charge par l’État des cotisations sociales pour les employeurs qui versaient la « prime COSPAR », d’un montant de 50 euros par mois.

Par ailleurs, sous l’égide de l’État, des négociations entre le COSPAR et la grande distribution allaient aboutir à une baisse des prix de plus de 250 produits de grande consommation, pouvant aller jusqu’à moins 20 %.

Grèves et manifestations le 19 mars

Rien de cela, alors que cela fait près de 4 mois qu’a commencé le mouvement social. A cela s’ajoute le refus du gouvernement de changer de politique. Ceci amènera à l’organisation d’une grande mobilisation intersyndicale le 19 mars. Le dernier jour de visite de la ministre devrait donc être marqué par de nombreux appels à la grève, et deux défilés sont prévus à Saint-Denis et à Saint-Pierre.
Toutes les raisons du mouvement social sont toujours là. L’État a pourtant les moyens de prendre des mesures immédiates pour soulager les plus grandes souffrances, dans l’attente de l’élaboration d’un plan de sortie de crise qu’il appartient aux Réunionnais de proposer et de mettre en œuvre.

M.M.

Lutter contre la vie chèreA la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus