Quand l’objectif n’est pas de faire gagner le PS… mais de faire perdre le PCR

9 juin 2011, par J.B.

Michel Vergoz est un membre très influent de la Fédération socialiste. Il s’apprête à recevoir l’onction socialiste pour les Sénatoriales. La série d’articles que nous consacrons à 30 ans de division et de trahison de Michel Vergoz est une piqûre de rappel qu’en politique, il n’y pas d’acte innocent : au bout, c’est le peuple qui paye les conséquences. Qu’il y ait de l’émulation entre concurrents, c’est absolument nécessaire. Le seul objectif, c’est de créer les conditions pour accélérer les solutions qui puissent réduire la souffrance de la population. Ici, le programme prend toute son importance sur les calculs politiciens et sectaires.

L’Union est nécessaire, pourquoi ?

Dans la période actuelle, l’union est nécessaire pour battre l’UMP, en France et à La Réunion, et changer de politique. Après un an de Direction UMP à la Région, notre île est au plus bas. Après avoir provoqué une triangulaire, la tête de liste socialiste aux Régionales continue le travail de démolition de l’union, ce qui est visible à chaque séance d’Assemblée plénière. La même scène est vécue presque hebdomadairement en Commission permanente. Au moment où l’UMP appelle à l’union pour continuer la même politique désastreuse, y a-t-il d’autres chemins que l’union des forces sociales et de progrès pour sortir de la nasse ?

Si la ligne “Vergoz” doit emporter la conviction des socialistes lors de ces Sénatoriales, il n’est pas inutile de montrer certaines réalités pour que nul n’ignore que le grand rêve n’est pas de s’attaquer aux PCR, mais aux conditions du développement de La Réunion. Il ne faut pas se tromper d’objectif.

Que représente la fierté d’avoir cassé l’Alliance aux dernières Régionales ?

Examinons ensemble le tableau suivant : quelles leçons devons-nous retenir ?

Évolution du nombre des élus du PS à la Région

1983 6 élus
1986 6 élus
1992 5 élus
1993 6 élus
1998 7 élus
2004 6 élus
2010 5 élus

Ce tableau fait ressortir qu’en 1998, le PS avait 2 choix : soit partir de sa représentation et négocier un surplus, soit faire bande à part, qui aurait obligatoirement affecté les relations entre des listes anciennement coalisées. L’apport de Freedom en 2004 sur une liste commune était le gage absolu d’être devant au premier tour et gagner au deuxième. Au lieu de cela, c’est l’affrontement avec l’Alliance et Freedom qui a été choisi, Vergoz avait entraîné son parti dans une campagne longue de presque une année. Pendant ce temps, il fallait continuer à gérer l’institution. Les conséquences de la ligne Vergoz, c’est d’avoir ramené la représentation du PS de 7 sièges en 1998 à 5 aujourd’hui. Le 6ème est détenu par une représentante du MRC.
Un autre critère permet de mesurer son poids électoral : c’est le vote du premier tour. Car, au premier tour, l’électeur choisit. La liste que conduisait Vergoz en 2010 avait obtenu 13% des voix au premier tour, et l’Alliance de Paul Vergès 30%. Le choix populaire était clair. Malgré cette évidence, l’objectif n’était pas de faire gagner le PS, il fallait faire perdre l’Alliance. Peu importe les conséquences pour le peuple…
L’exemple au Conseil général.
Si on applique au Conseil général l’appréciation de Michel Vergoz à travers sa grille de lecture particulière, c’est un cas de « zembrocal avarié ». C’est le terme qu’il utilisa pour qualifier la coalition à laquelle il appartenait lors de la mandature 1998-2004. Il était élu sur la liste conduite par Paul Vergès où se trouvaient des communistes, des socialistes et quelques personnalités. Freedom avait sa propre sa liste. Quand il a fallu voter pour la présidence, c’est l’union des 2 listes qui a remporté. Camille Sudre aurait pu entrainer ses amis vers Jean-Paul Virappoullé, qui animait la liste adverse. Paradoxalement, quand on se renforce, Vergoz prône la division ! Dans le cas du Conseil général, l’union la plus large a évité le renforcement de l’UMP, qui, avec la politique gouvernementale et celle de la Région, aurait conduit à une plus grande dégradation de la situation sociale.

Quand l’objectif n’est pas de faire gagner le PS, y a-t-il une jouissance à faire perdre le PCR ?

La question mérite d’être posée tant on est surpris par certains propos de personnes au ventre bien rempli ou qui ne vivent pas les conditions dramatiques des autres Réunionnais. Quand la nouvelle équipe arrive à la Région en 1998, il fallait s’attaquer au grave problème de l’embouteillage dans l’Ouest. Le président était bien placé pour donner une accélération au projet d’une route à moyenne altitude.
En effet, sous la mandature de Pierre Lagourgue, la DDE avait proposé un tracé “littoral” fort séduisant. Mais, Paul Vergès, qui siégeait à Saint-Paul dans l’opposition et à la Région comme vice-président, avait fait valoir des arguments solides au point où Pierre Lagourgue, loin des combines, ne se laissa pas embobiner par les experts de l’État. La Région se donna les moyens de dégager les finances nécessaires. L’État ne voulait pas mettre un rond. L’adversaire le plus acharné de ce projet fut Michel Vergoz. Peu lui importait d’être dans une coalition de gestion. Il était dans toutes les manifestations d’opposition à la réalisation de la route. Comme l’homme n’est pas avare de formules, dans une de ses envolées oratoires mémorables, il qualifia cette route de « Tamarin amer ».
Peut-on imaginer la situation des automobilistes qui empruntent cette route si Paul Vergès avait suivi les conseils avisés du PGCD (Plus Grand Commun Diviseur) ? C’est le même qui a été le pourfendeur du tram-train. Qui paye les conséquences quand l’objectif n’est pas de faire gagner le PS… mais de faire perdre le PCR ?

Parti communiste réunionnais PCRRoute des TamarinsPSSénatoriales 2011Michel Vergoz

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