Nouveaux taux d’octroi de mer

Quand la Région Réunion refuse d’augmenter la taxe sur le rhum

22 juillet 2015

Les nouveaux taux d’octroi de mer ont fait apparaître une décision allant à l’encontre d’une priorité de santé publique. Le 30 juin dernier, au lieu d’augmenter la taxe sur les rhums fabriqués à La Réunion, la Région Réunion a préféré baisser celle pesant sur les rhums importés.

L’octroi de mer permet au Conseil régional de taxer différemment une même marchandise selon sa provenance. Cette mesure donne à l’octroi de mer la fonction d’une barrière aux importations, en renchérissant artificiellement le coût des marchandises importées. Ce différentiel est limité, et peut évoluer. La Région Réunion fait donc des choix, qui découlent d’une délibération adoptée le 30 juin dernier par la majorité conduite par Didier Robert.

En 2014, le différentiel autorisé entre les rhums était de 30 points. Celui fabriqué à La Réunion était taxé à 13 %, le rhum importé était de 43 %. En 2015, le différentiel maxi passe à 20 points. Plutôt que d’augmenter la taxe du rhum fabriqué à La Réunion, la Région a choisi de la maintenir à 13 %, et a donc baissé à 33 % l’octroi de mer frappant les rhums importés. Autrement dit, la Région Réunion crée les conditions pour que des boissons alcooliques tirant au moins 40 degrés puisse voir leur prix diminuer.

Dans n’importe quel pays où la santé publique est une priorité, il ne viendrait à l’idée d’aucun gouvernement de baisser les taxes sur l’alcool. Cette dangereuse drogue fait des ravages depuis des décennies à La Réunion. Son danger est tel que lors des élections de 1945, un gouverneur avait interdit sa vente sous forme de rhum plusieurs jours avant un scrutin pour que puissent se dérouler normalement les élections. À juste titre, le taux d’alcool admissible pour conduire un véhicule ne cesse de baisser. Dans ces conditions, décider de baisser une taxe sur le rhum plutôt que de l’augmenter va à l’encontre de tous les efforts des nombreuses personnes qui luttent contre les effets désastreux de l’alcool.

Plusieurs questions se posent alors.
Qui peut croire que l’augmentation des taxes sur le rhum aurait augmenté les ventes d’alcools importés vendus bien plus chers ?
Pourquoi ne pas avoir saisi cette opportunité pour augmenter le prix du rhum réunionnais et être en cohérence avec toutes les politiques publiques ?
La proximité des élections régionales a-t-elle pesé dans ce choix ?

A la Une de l’actuDidier Robert

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