Inquiétudes face au désintérêt de la classe politique

« Que veulent les Réunionnais pour eux et leurs enfants ? »

21 mars 2012, par Céline Tabou

Lors d’une conférence de presse à la permanence de l’Alliance, Paul Vergès et Elie Hoarau ont fait le bilan de 66 années de départementalisation à La Réunion. Ils constatent que le modèle actuel est arrivé à son terme et que les dirigeants politiques doivent débattre pour proposer un nouveau modèle destiné à développer durablement La Réunion.

« Nous nous posons de grandes interrogations et avons des inquiétudes » quant à l’approche de l’élection présidentielle, puis des législatives. Paul Vergès a expliqué que le changement au cours des cinq puis dix prochaines années va être un moment important pour La Réunion et son développement.

La départementalisation impacte la société

En 1946, la démographie était alors de près de 240.000 habitants bien loin des 840.000 d’aujourd’hui et du million de 2022. Or actuellement, à la différence de 1946, « on n’est pas dans la situation d’une France victorieuse mais dans un bouleversement mondial. Que veulent les Réunionnais pour eux et leurs enfants » a posé Paul Vergès.
Ce dernier a expliqué qu’en 1946, « de grandes discussions étaient en cours avec les mouvements syndicalistes et démocratiques, chaque partie avait des revendications, les travailleurs voulaient l’extension de la convention collective et des accords du Front Populaire, et chacun s’est entendu pour proposer une loi sur la départementalisation ». La Réunion a vu « le poids de l’assimilation, de l’intégration et de la politique parisienne », aujourd’hui, la départementalisation a atteint ses limites.
A un mois de la présidentielle et du changement puis à trois mois des législatives qui vont apporter à l’Assemblée Nationale une majorité permettant au prochain président de mettre en place sa politique, la question est de savoir, selon Paul Vergès, quel est le programme pour l’Outremer ? L’homme politique dénonce l’absence de débat sur les questions fondamentales concernant La Réunion et l’Outremer.

Des politiciens locaux silencieux

« Ici, on attend que les autres décident pour nous », a-t-il dénoncé. Seul le Parti Communiste Réunionnais a fait une série de propositions pour le développement social et solidaire de La Réunion, ces propositions ont été envoyées aux candidats François Hollande (PS), Eva Joly (EELV) et Jean-Luc Mélenchon (Front de Gauche). Ce dernier a été le premier à répondre. Paul Vergès a tenu à expliquer que les échanges et les dialogues continuaient avec les différents candidats cités plus hauts.
A la veille de l’arrivée des candidats à la présidentielle à La Réunion, le président de l’Alliance s’est alarmé de l’absence de débat sur les différents programmes présentés par les candidats et notamment l’absence de propositions des différents dirigeants dans l’île. Parmi les questions majeures, la réforme des collectivités territoriales est primordiale à La Réunion, personne n’en parle sauf le PCR. « C’est une inquiétude » parce qu’aux Antilles, il existe un débat sur la réforme, de même qu’en Guadeloupe, les acteurs politiques élaborent un projet.

Ne pas laisser les autres décider

Les changements entre 1946 et 2012 sont visibles, mais la différence fondamentale est qu’à l’époque « des gens du territoire ont demandé l’abolition du statut colonial », alors qu’aujourd’hui, « face aux réformes, que va-t-il sortir du monde politique réunionnais dans les domaines économiques, politiques, culturels et de gouvernance ». Face au « silence total sur les questions fondamentales de La Réunion, je m’inquiète ».
Les problématiques actuelles sont notamment le chômage, l’illettrisme, la pauvreté, l’aménagement du territoire ainsi que les grands défis de La Réunion comme la hausse démographique et entre autres les risques climatiques.
Par le passé en effet, les décideurs ont répondu à l’urgence en aménageant rapidement le territoire, sans réelle cohérence. Paul Vergès explique que « le chef de lieu n’est pas marqué par un rôle de centre administratif » car la quasi-totalité des infrastructures étatiques se trouve dans la banlieue de Saint-Denis. Cette question de l’aménagement est primordiale, car avec la hausse démographique à venir, le changement climatique et la crise de la dette souveraine, les enjeux sont fondamentaux pour les Réunionnais et notamment les décideurs politiques.

Céline Tabou

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