Qui a obtenu 2,2 milliards ? Paul Vergès ou Didier Robert ?

18 octobre 2010

La question mérite d’être posée. Car, sinon, on ne comprend pas pourquoi François Fillon s’est-il permis de qualifier son interlocuteur de « redoutable négociateur » et qu’un journal local en a rajouté une couche en le traitant de « fin stratège » ! Pourquoi tant de mépris vis-à-vis de ce membre émérite de la direction d’un parti parisien, l’UMP ?

• L’Histoire retient que c’est Paul Vergés qui a obtenu 2,2 milliards.

La République française est composée de 22 régions. En 2007, toutes les Régions négocient les Contrats de Projets Etat-Région pour la période 2007-2013. Elles négocient également les Programmes Opérationnels Européens. Mais, la Région Réunion et l’Etat s’accordent sur 2 projets exceptionnels, hors cadre, considérés d’un commun accord comme essentiels pour le développement de notre île, corrigeant le choix erroné de l’Etat d’avoir supprimé le chemin de fer réunionnais. Compte tenu des enjeux, l’accord donne lieu à une signature à Matignon, en présence du premier ministre Villepin. C’est inscrit dans les actes de la République depuis le 19 janvier 2007. Un mois après, le 15 février 2007, c’est Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur et de l’Aménagement du territoire, qui appose le double seing de l’Etat. Dès lors, c’est un acquis pour La Réunion.
Au bout de l’opération, La Réunion aurait eu le Tram-train et une nouvelle route du littoral.
Aujourd’hui, le Tram-train est supprimé ; il reste la route du littoral qui était donc déjà financée.

• 0,018% pour justifier un couloir de bus.

Par rapport au projet initial, seul un couloir pour bus est nouveau. Et, pour solde de tout compte, Didier Robert déclare qu’il a reçu une rallonge de 40 millions d’euros. Ce qui s’annonce comme une prouesse politique ne représente en fait que 0,018% du total.
Mais en y regardant de plus près, ce chiffre s’apparente à une simple écriture comptable sinon on n’aurait même pas atteint le chiffre rond, mythique de 2,2 milliards obtenu par Paul Vergès, en 2007. Cela ne couvre même pas l’érosion monétaire de 2007 à 2010.
A l’école primaire, les enfants apprennent que 0,018%, c’est un pourcentage tellement petit qu’on dit « infinitésimal ».

• Une question de dignité.

Voilà pourquoi, François Fillon qui connaît bien la psychologie de son interlocuteur, sinon il n’aurait pas résisté à Sarkozy, qualifie Didier Robert de « redoutable négociateur ». Et, comme un mépris colonial ne vient jamais seul, c’est un éditorialiste réunionnais, cette fois, dans un journal local, qui le traite de « fin stratège », avec comme ultime supplice, de le comparer à Paul Vergès pour qui la dignité réunionnaise ne se discute pas.
Si le Protocole de Matignon Villepin-Vergès a apporté à La Réunion, 2,2 milliards, le gouvernement n’a fait que respecter le montant de 2007. Pas un euro de plus.

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