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Nicolas Sarkozy est annoncé à La Réunion pour les 26 et 27 avril. Il n’est pas encore arrivé, qu’on se dispute déjà la paternité de l’invitation. Ils sont en effet plusieurs à l’UMP à faire croire qu’ils sont à l’origine de la venue du président de l’UMP. Mais la vérité est tout autre.
L’ancien ministre de l’Intérieur est accusé par ses propres amis de ne pas participer activement à la campagne du “oui” parce qu’il ne veut pas favoriser Jacques Chirac. Le chef de l’État a donc décidé de convoquer l’intéressé et d’autres personnalités de la majorité, mardi dernier, pour organiser la bataille.
Devant les soupçons d’inactivité qui pèsent contre lui, Nicolas Sarkozy a tenté de faire la démonstration qu’il est prêt à se battre. Il a montré à ses interlocuteurs le projet d’affiche et de tract de l’UMP qu’il fera diffuser. Il a convenu de tenir trois réunions publiques avec Jean-Pierre Raffarin. Un peu plus tard, il déclarait sa volonté de faire "le tour de toutes les écoles et de toutes les universités de France" en faveur du “oui”.

Une mise en garde de Chirac

C’est donc lors de cette réunion de mardi dernier que Nicolas Sarkozy a annoncé, à la surprise générale, sa tournée dans tout l’Outre-mer et donc pas seulement à La Réunion. Cela a été ressenti comme une dérobade.
Selon le journal “Libération” daté de samedi, Jacques Chirac se serait montré interrogatif et aurait mis en garde le président de l’UMP : "Tu es sûr que c’est là-bas qu’il faut faire campagne ?" lui aurait demandé le chef de l’État.
Et “Libération” de citer un des participants à la rencontre : "le Président n’a pas interdit à Nicolas de partir dans les îles. Mais il lui a fait comprendre que ce n’était pas opportun en cette période, que la bataille référendaire se gagnerait d’abord dans l’Hexagone", raconte ce participant.

Duel au sommet

Les élus de l’UMP et de La Relève de la Réunion s’apprêtent donc à recevoir un Nicolas Sarkozy qui se refuse toujours à assumer toute sa part dans la campagne référendaire et qui se rend Outre-mer "pour compléter son carnet d’adresses", comme l’écrit “le Journal de l’île”. Nicolas Sarkozy vient préparer 2007 et soigner sa candidature.
Dans le duel au sommet entre le président de l’UMP et Jacques Chirac pour la prochaine présidentielle, les élus réunionnais de la majorité gouvernementale ne se sont guère prononcés publiquement.
Si, comme partout ailleurs, Nicolas Sarkozy a été plébiscité par la fédération locale de l’UMP à la présidence du parti, rares sont ceux qui ont publiquement déclaré qu’il est leur favori pour 2007. Seuls Jean-Jacques Morel et, dans une moindre mesure, Ibrahim Dindar ont affiché leur choix en faveur de l’ancien ministre de l’Intérieur.

Les masques vont tomber

Fidèles à eux-mêmes, les pontes locaux de l’UMP ou de l’UDF taisent leur préférence et attendent le moment pour le faire. La majorité d’entre eux attendent de voir comment évoluent le rapport de forces entre les deux prétendants pour faire leur choix. Ceux qui ont déjà décidé de soutenir le président de l’UMP préfèrent le faire savoir le plus tard possible. Pour ne pas encourir les foudres de l’Élysée ou de la rue Oudinot.
En annonçant sa venue, Nicolas Sarkozy brusque les choses. Il va obliger les uns et les autres à lever le masque. On verra donc qui est avec lui et qui s’affiche de manière ostentatoire à ses côtés.
L’heure de vérité a sonné. Que fera un Jean-Paul Virapoullé ? Un Cyrille Hamilcaro ? Un Jean-Luc Poudroux ? Comment vont-ils se positionner ? Vont-ils dérouler le tapis rouge devant le président de l’UMP ?

Chacun sera prévenu

Mme Girardin arrive cette semaine. L’ancienne conseillère de Jacques Chirac pour l’Outre-mer ne manquera pas de rappeler aux élus de l’UMP et de la Relève le véritable enjeu du prochain voyage de Nicolas Sarkozy.
Chacun sera prévenu. On verra alors qui sont ceux qui, malgré les réserves des Chiraquiens, auront choisi le camp du président de l’UMP plutôt que celui du chef de l’État.

J. M.