Élections en France

Rassemblement à gauche

12 juin 2007

En France, depuis la publication des premiers résultats, les appels au désistement républicain se multiplient à gauche. Dimanche, l’abstention a atteint un record historique.

En France, dès la publication des résultats, les représentants des différents partis se sont exprimés pour tirer les enseignements du scrutin et donner les grandes lignes de leurs stratégies pour le second tour dimanche prochain.
À l’opposé de la Présidentielle, le taux d’abstention a cette fois-ci atteint des sommets avec environ 40%.
Les forces de gauche ont à peine dépassé 40% des suffrages, soit un aussi faible score que lors de la dernière présidentielle. Le PCF et le PS appellent à la mobilisation et au désistement républicain pour favoriser l’élection du plus grand nombre possible de députés de gauche dimanche prochain.
L’analyse du PS et du PCF souligne l’importance du taux de participation. Pour le PCF, « l’abstention atteint même un record pour la 5ème République », « quinquennat et inversion du calendrier électoral renforçant l’importance de la présidentielle sont avancés comme argument ». Quant au PS, par la voix de François Hollande, il pense que « beaucoup, sans doute, pensaient qu’après l’élection présidentielle tout était joué, et qu’il n’y avait pas d’enjeu pour ce scrutin ». Pour le PS, en France ce sont les jeunes et les catégories populaires qui se sont le plus abstenus.

Désistements républicains à gauche

Le parti dirigé par François Hollande appelle « au rassemblement de tous les républicains » pour faire face à la prévisible "vague bleue". L’objectif est de « venir voter pour des députés de gauche ». « Ensuite, la gauche pourra être utile au pays, faire son travail de renouvellement, de rénovation et de refondation. Elle le fera rassemblée », a-t-il déclaré. Quant au PCF, il appelle au rassemblement « sans hésiter autour de celui ou celle de ses candidats arrivés en tête au premier tour. Ce désistement républicain doit être général, loyal, déterminé, afin que le report des voix soit très élevé ». « Cela demandera dans les jours qui viennent un effort militant exceptionnel », ajoute le PCF.
Cette position est partagée par les Verts, « les Verts appellent à voter au second tour des élections législatives pour les candidats Verts restant en lice et, en règle générale, pour le candidat de gauche le mieux placé face à un candidat soutenant la majorité présidentielle ».
Hier, François Hollande a abondé dans ce sens. Il a déclaré que les candidats socialistes aux élections législatives arrivés derrière un autre candidat de gauche au premier tour, dimanche, se désisteront en faveur de ce dernier.
« Là où les socialistes sont arrivés derrière un candidat de gauche, nous nous désistons immédiatement et appelons à voter pour le candidat de gauche le mieux placé », a affirmé le premier secrétaire du Parti socialiste lors d’une conférence de presse tenue au siège du PS.

Un député élu au premier tour

« Je sais aussi que ce sera l’attitude des communistes, des Verts, des radicaux, des mouvements radicaux et citoyens, bref de toute la gauche. C’est le principe du désistement républicain qui s’applique », a-t-il ajouté.
En France, il reste peu de temps à la gauche pour tenter d’améliorer son score et endiguer la "vague bleue" qui se profile.
Selon des estimations publiées lundi, l’UMP a obtenu 39,54% des voix et devrait détenir avec ses alliés entre 383 et 501 des 577 sièges de l’Assemblée à l’issue du second tour le 17 juin. 105 députés ont été élus ou réélus dès le premier tour, dont un seul de gauche.
Si le second tour confirme la tendance, le Président de la République aura la majorité suffisante pour faire voter par le Parlement les réformes qu’il a annoncées durant sa campagne électorale.

Manuel Marchal


En bref

• Appels aux électeurs du MoDem
Le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a appelé hier « les candidats et électeurs du MoDem » de François Bayrou à voter pour les candidats socialistes « pour qu’il puisse y avoir un équilibre au sein de l’Assemblée nationale ».
Pour sa part, Ségolène Royal a annoncé hier qu’elle va prendre contact avec François Bayrou en vue du second tour des législatives, jugeant « évident que les électeurs du MoDem doivent rejoindre les candidats du PS ».
Interrogé par l’AFP, après la proposition de Ségolène Royal de prendre contact avec François Bayrou dans la perspective du second tour des Législatives, le MoDem s’est refusé à tout commentaire.

• Le PCF mènera la bataille jusqu’au bout
Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF et candidate en Seine-Saint-Denis, a assuré hier sur RTL que son parti « pouvait obtenir un groupe » dans la prochaine Assemblée nationale, c’est-à-dire compter au moins 20 députés.
« Nous avons aujourd’hui plus de vingt possibilités d’avoir un député Il faut mener la bataille jusqu’au bout. Nous pouvons obtenir un groupe pour mieux porter les colères et les projets des hommes et des femmes de ce pays », a-t-elle ajouté.
Vingt députés sont requis pour constituer un groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Or les instituts de sondage, dans leurs projections, n’accordent qu’entre six et 17 députés au PCF.
Marie-George Buffet a précisé qu’elle lancerait « le 22 juin un appel à un très grand débat populaire et citoyen ».

• Marseille : appel à l’union
Pour la première fois depuis plus de 80 ans, Marseille ne sera plus représentée par un député communiste dans la prochaine Assemblée nationale. Le PCF n’est arrivé qu’en troisième position, devancé par un candidat de droite surfant sur la "vague bleue" et l’ancien allié socialiste qui ne l’a guère ménagé durant la campagne.
Dans la perspective du deuxième tour, Frédéric Dutoit, candidat du PCF, a clairement appelé ses électeurs à se reporter sur le socialiste Henri Jibrayel pour faire barrage au candidat de l’UMP Bernard Susini.
« C’est une page de l’histoire de la ville qui se tourne. Il faut maintenant reconstruire à Marseille une nouvelle dynamique des forces de gauche pour enrayer cette vague bleue qui nous fait faire un bond de 40 ans en arrière », a-t-il affirmé.

• Une logique institutionnelle
« Il y a une vraie logique institutionnelle » entre la victoire de Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle et l’avance prise par son parti, l’UMP, au premier tour des élections législatives, a estimé hier Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur et de l’Outre-mer.

• L’influence du calendrier électoral
Dominique Voynet a dénoncé lundi à Dijon « l’inversion du calendrier électoral » qui amenait à « l’extinction du débat politique » au moment des législatives. « Je suis contre l’inversion du calendrier électoral qui est pour moi une erreur. Je trouve que nos candidats sont courageux, car ce n’est pas facile de se faire entendre et de mobiliser les électeurs alors que les résultats des législatives semblent déjà acquis », a poursuivi la sénatrice de Seine-Saint-Denis.

• Abstention : record historique
Environ 44 millions d’électeurs étaient invités dimanche à voter. 39,5% d’entre eux ont renoncé à déposer un bulletin dans l’urne, selon une totalisation officielle. Il s’agit du plus fort niveau d’abstention pour un premier tour de législatives sous la Ve République. En 2002, l’abstention avait atteint au premier tour 35,58%, ce qui était déjà un record.


Revue de presse

• L’Humanité
Pierre Laurent

« (...) Certains nous vantaient le bipartisme comme un grand progrès. Résultat : nous risquons d’aller tout droit vers un régime parlementaire de parti unique si les électeurs ne se mobilisent pas davantage au second tour pour empêcher cela. C’est un grave appauvrissement. Du point de vue du débat démocratique, mais aussi du point de vue de la représentation citoyenne. L’UMP, qui s’apprête à dominer l’Assemblée, est un parti qui tourne le dos à l’exigence de parité, qui n’élira quasiment aucun candidat de la diversité, aucun candidat réellement venu des quartiers populaires, un parti qui ne produira aucun renouvellement du Parlement. Le troisième enseignement concerne la gauche. Elle ne s’est pas relevée de son échec présidentiel. Ce n’est malheureusement pas une grande surprise. Dimanche prochain, de nombreux candidats de gauche sont menacés si les ressorts de la mobilisation ne sont pas trouvés. (...) »

• Libération
Laurent Joffrin

« (...) Près de 40% des électeurs n’ont pas jugé bon de se déplacer. La vague bleue, cette fois, n’est pas accompagnée d’une victoire civique. Les uns étaient sûrs de leur fait et les autres résignés : tous sont restés chez eux. Il reste six jours de campagne pour corriger - un peu - le tir. Devant les perspectives qui s’ouvrent, l’abstention est la pire des attitudes. A condition que la gauche donne quelque peu l’envie d’en découdre. On dit le pays massivement passé à droite. Rien n’est moins sûr, puisque 47% des électeurs ont soutenu la gauche dans une bataille difficile et que les duretés du système libéral donneront immanquablement de nouveaux arguments à une opposition sociale et moderne.(...) »

• La Marseillaise
Rolland Martinez

« (...) L’UMP avait déjà la majorité absolue. La victoire de Nicolas Sarkozy la confirme et le ralliement des ex-UDF l’amplifie. Dans ce contexte, deux autres choses retiennent l’attention. La première est que la droite décomplexée par Nicolas Sarkozy qui a fait son beurre en pompant l’électorat du FN à la présidentielle, confirme son opération de récupération des brebis égarées aux Législatives et capitalise dès le premier tour en voix et en sièges. La seconde est que la gauche n’est pas aussi laminée que les sondages le laissaient paraître. Députés socialistes, communistes ou Verts sont loin d’être ridicules à l’issue de ce 10 juin. Il reste huit jours pour que les réserves de voix progressistes et de gauche se mobilisent. C’est un impératif. Pour préserver une opposition efficace à l’Assemblée demain. Pour éviter que ne s’installe durablement le bipartisme dans la vie politique française. »

• La Provence
Gilles Dauxerre

« (...) L’honneur (ndlr : du PS) est sauf. Le MoDem de François Bayrou va être laminé par le scrutin majoritaire. Le Parti communiste va limiter la casse mais perdre son groupe parlementaire. Les Verts sauveront peut-être deux ou trois sièges. Le Front national qui perd encore des suffrages n’aura, comme avant, aucun élu. L’Assemblée qui sortira des urnes dimanche prochain sera la traduction de cette bipolarisation du paysage politique français. Le Parti socialiste ne pourra donc pas se contenter, comme il le fait aujourd’hui pour sauver les meubles, de s’en tenir aux seuls arguments portant sur l’hégémonie de l’UMP ou sur les risques pour l’impartialité de l’État. Il va devoir se reconstruire en profondeur pour être en phase avec les aspirations de la société et pouvoir proposer ses propres perspectives. Il va avoir cinq ans pour y penser. »

• Les Echos
Françoise Fressoz

« (...) Depuis un mois, on se demande à quoi sert le Premier ministre. Désormais, on va se demander à quoi sert le Parlement: : les petits partis de gauche sont laminés, le centre de François Bayrou est pulvérisé. Face à la déferlante UMP, seuls les socialistes résistent. Mais des socialistes, mal en point, divisés, qui devront soigneusement balayer devant leur porte avant de redevenir audibles. Le pays est entré dans une nouvelle ère : celle d’une relation directe et passionnelle entre le président et le peuple. Gare au vertige ! »

• Le Figaro
Nicolas Beytout

« (...) Et si lassitude il y a, elle est à chercher du côté des électeurs de gauche, les socialistes qui n’ont pas même donné à leurs candidats le score dont ils avaient gratifié leur candidate au premier tour de la présidentielle. Et si découragement il y a, il est plutôt à rechercher du côté des électeurs des petits partis, ceux du centre et des extrêmes qui ont dû réaliser à quel point, dans une France bipolarisée, jouer sur les marges est devenu vain.(...) »


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus