Anticiper l’application de mesures inadaptées

Rassemblement autour des propositions réunionnaises

26 avril 2008, par Manuel Marchal

Nicolas Sarkozy a dévoilé des mesures destinées à réformer la société française. À La Réunion, dans un contexte radicalement différent, l’application mécanique de telles mesures ne pourra pas résoudre la crise. Il est plus que jamais essentiel de se rassembler pour construire, proposer et défendre un projet de développement pour le pays.

Jeudi soir, lors d’une interview de 100 minutes, Nicolas Sarkozy a fait un premier bilan de sa mandature et a décliné sa feuille de route.
Constatant que depuis plus de 20 ans, la France ne s’est pas adaptée assez vite aux changements qu’implique la mondialisation des échanges, le président de la République a donné les orientations des réformes structurelles qu’il compte mener au cours de son mandat.
Ce sont tout d’abord les chômeurs qui sont visés avec un durcissement des conditions d’indemnisations. La fonction publique sera une des principales variables d’ajustement pour résorber le déficit de l’État, c’est la confirmation du non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Résultat, les suppressions de postes dans l’Education nationale sont maintenues, malgré la mobilisation.
Pour la mesure phare du gouvernement dans le domaine du traitement social du chômage, le RSA, l’heure est à la maîtrise des dépenses, avec une extension à tout le territoire dès l’an prochain.
Sur les dérives du capitalisme financier, le président de la République note que « notre capitalisme marche sur la tête ». Concernant les salaires, Nicolas Sarkozy propose des subventions de l’Etat aux entreprises de moins de 50 salariés qui versent aux travailleurs une participation sur les bénéfices.
Enfin, concernant les prix, Nicolas Sarkozy annonce le dépôt d’un projet de loi pour faire baisser les prix dans la grande distribution.

Contexte différent à La Réunion

Pour La Réunion, ces réformes vont toucher une société fragilisée par une crise structurelle marquée par la pénurie d’emplois.
Ainsi, on peut s’interroger sur l’impact du durcissement des sanctions contre les chômeurs. Dans la situation actuelle, La Réunion ne crée pas assez d’emplois. Ce qui veut dire qu’un travailleur privé d’emploi est prêt à tous les sacrifices pour revenir dans le "marché" du travail.
Concernant le RSA, on ne peut que constater que le nombre des emplois-aidés connaît une baisse continue depuis plusieurs années. Dans ces conditions, il faut s’interroger sur l’impact à La Réunion d’une "maîtrise des dépenses" dans ce secteur. Car pour beaucoup de Réunionnais, un emploi-aidé est le seul moyen d’échapper ne serait-ce que quelques mois au chômage. Et dans la perspective de la création de grands services publics de l’environnement et de l’aide à la personne à La Réunion, les emplois-aidés peuvent être un tremplin vers l’emploi durable. Car à la différence de la France, ces mesures de traitement social du chômage correspondent à une réponse apportée à une grave crise structurelle : un taux de chômage d’environ 30%. Ce qui suppose que dans ce domaine, il est essentiel que les efforts soient maintenus.
Pour la fonction publique, il est reconnu que La Réunion souffre d’un sous-effectif par rapport à la moyenne française. Or, ce secteur peut être aussi un gisement d’emplois pour les jeunes Réunionnais.
Sur la question des prix, il convient de s’interroger sur les moyens consacrés à l’application d’une loi destinée à faire baisser les prix à La Réunion. D’ores et déjà, des possibilités légales existent, ce qui n’empêche pas les prix d’augmenter.

Devancer les mesures gouvernementales

Le principal enseignement de l’intervention télévisée du chef de l’Etat est sa volonté de réformer structurellement la société française avec une orientation libérale. L’application mécanique à La Réunion de ces propositions ne pourra pas résoudre la crise car dans notre île, le contexte est totalement différent.
Il est donc plus que jamais important de se mobiliser pour être en mesure de proposer des solutions réunionnaises adaptées à notre situation.
Plusieurs de ces solutions ont été présentées à Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle par l’Alliance.
Lors des dernières élections, les Réunionnais avaient clairement exprimé un message aux nouveaux élus : celui de se mettre ensemble rapidement au travail afin de répondre à leurs attentes. Ce qui veut dire construire, proposer et défendre des mesures capables de faire reculer le chômage, le mal-logement, l’illettrisme entre autres. Ce rassemblement est plus que jamais d’actualité.

Manuel Marchal


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