Dans 7 jours, Manuel Valls à La Réunion

Rassemblement contre la catastrophe économique, environnementale et sanitaire de la NRL

4 juin 2015, par Manuel Marchal

Le projet de route en mer de la Région Réunion dite nouvelle route du littoral risque bien de s’arrêter faute de matériaux de construction. Les conclusions du rapporteur public du Conseil d’État déposées hier vont dans le sens de la suspension d’un arrêté préfectoral modifiant le schéma départemental des carrières. Ce document est indispensable à la poursuite d’un chantier dont les promoteurs n’ont pas sécurisé l’approvisionnement en matière première. Si les juges confirment les conclusions du rapporteur public, alors ce sera une grande victoire du rassemblement contre la catastrophe économique, environnementale et sanitaire que constitue la route en mer. Dans 7 jours, le Premier ministre sera à La Réunion. S’exprimera-t-il à ce sujet ?

Siège du Conseil d’État à Paris, la plus haute juridiction administrative.

Nouvel obstacle pour le projet de nouvelle route en mer de la Région Réunion : le rapporteur public du Conseil d’État a préconisé hier la suspension de l’arrêté préfectoral instituant un nouveau plan départemental des carrières. Ce document ouvre la possibilité de lancer l’exploitation de nouveaux gisements de galets, comme à Bois-Blanc. Si les juges du Conseil d’État suivent les conclusions du rapporteur public, alors il sera impossible pour les promoteurs de la nouvelle route en mer d’avoir des matériaux suffisants pour mener à bien ce funeste projet.

Les galets de Madagascar

La Région Réunion avait-elle manifestement tenté d’anticiper un verdict défavorable ? Paul Vergès avait dévoilé un scandale en préparation : l’importation de roches de Madagascar pour continuer coûte que coûte le chantier. Au début du mois dernier, la polémique avait enflé, suite à des déclarations de la Région annonçant la possibilité d’importer 250.000 tonnes de galets. Un journal avait, pour sa part, indiqué qu’il serait plutôt question d’une quantité pouvant dépasser 3 millions de tonnes. Un conseiller économique de la présidence malgache avait fait un rappel à la réalité : aucune demande d’exploitation de carrière à Madagascar n’avait été déposé par les entreprises à qui la Région a donné des marchés pour la route en mer, 2.000 autres demandes sont en attente d’instruction, les engins nécessaires à cette exploitation ne sont encore pas construits. Outre ces obstacles matériels, le risque sanitaire est aussi à prendre en compte. La terre peut en effet transporter des virus, dont la peste.

L’histoire de La Réunion est émaillée de catastrophes provoquées par l’importation de matériaux. Sans avoir besoin de remonter à l’épidémie de grippe espagnole qui avait décimé la population au siècle dernier, il faut se rappeler du ver blanc ramené lors du repli à La Réunion de l’armée française chassée de Madagascar. Ces données ferment la porte à l’importation de matériaux, de Madagascar ou d’ailleurs.

Pourquoi défigurer La Réunion ?

C’est pourquoi la Région a fortement misé sur l’ouverture d’une carrière à Bois-Blanc. Depuis le lancement de l’enquête publique le mois dernier, un rassemblement s’est constitué pour dire stop à une catastrophe environnementale et sanitaire. Un collectif d’associations s’est crée et a regroupé des centaines de personnes samedi aux Avirons. Une pétition circule. Deux maires ont également pris position contre ce projet. Ils annoncent que leurs conseils municipaux voteront des résolutions dans ce sens, et appellent la population à manifester son opposition lors de l’enquête publique.

Ce sont en effet plus de 50 hectares qui seront creusés à une profondeur pouvant aller jusqu’à 60 mètres. Une région de l’Ouest de l’île serait ainsi à jamais défigurée pour satisfaire une ambition personnelle. La santé des riverains serait aussi gravement compromise. L’exploitation d’une telle carrière entraîne des rejets de silice, à l’origine de la silicose. C’est une terrible maladie, à l’origine du décès de millions de mineurs de charbon.

Enfin, il faudrait aller jusqu’à couper la circulation de la route des Tamarins et de l’ancienne route nationale le long du littoral pour que les exploitants puissent tranquillement faire sauter des explosifs.

La raison aux rassembleurs

Si les juges du Conseil d’État confirmaient les conclusions du rapporteur public, ce serait un coup d’arrêt au projet de la route en mer. Ce serait aussi une grande victoire d’un rassemblement. Il s’est patiemment construit depuis que le président de Région a annoncé sa volonté de supprimer le tram-train et le projet initial de nouvelle route du littoral pour les remplacer par un chantier pharaonique. À l’époque, mis à part Paul Vergès et l’Alliance, rares étaient ceux qui s’élevaient contre la catastrophe économique et environnementale prévisible. La suite des événements a donné raison aux rassembleurs.

Dans 7 jours, Manuel Valls sera à La Réunion. Paul Vergès a soulevé la contradiction entre l’organisation par la France de la conférence mondiale sur le changement climatique au mois de novembre, la COP21, et la construction d’une route en mer. Quelle sera la position du Premier ministre devant l’évolution des événements et face à l’élargissement du rassemblement contre le projet de route en mer dite nouvelle route du littoral ?

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