Le PCR interpelle le Ministre de la Fonction publique

Recruter localement : ’On peut le faire ?’

8 septembre 2006

Christian Jacob, Ministre de Fonction publique, est arrivé hier soir dans notre département pour faire un tour d’horizon des problèmes des 3 Fonction publiques, hospitalière, État et territoriale de La Réunion. L’occasion toute offerte pour le PCR de l’interpeller sur l’intégration des employés communaux et sur la question du recrutement dans la Fonction publique.

La venue de Christian Jacob est l’occasion de travaux pratiques concernant le problème du recrutement. Loin du débat théorique relatif à de la préférence régionale, le PCR s’appuie sur des cas d’école pour démontrer au ministre que systématiser l’ouverture de concours régionaux peut favoriser l’emploi local et le développement harmonieux de l’île.

"Des retards considérables"

Dans son dernier numéro “Economie de La Réunion” largement consacré à l’emploi au sein des collectivités locales, l’INSEE fait apparaître des distorsions importantes d’encadrement dans la Fonction publique territoriale à La Réunion par rapport à la métropole. "La Réunion souffre d’un manque important de cadres", relève le secrétaire général du PCR. Elle enregistre "des retards considérables" dans les catégories A (cadres de décision) et B (cadres de rédaction). La Réunion compte 458 cadres de catégorie A, soit 2 fois et demie de moins que la métropole, et 800 cadres de catégories B, soit 2 fois moins qu’en métropole. Ajouté à ces retards d’effectifs, La Réunion, compte tenu de sa pression démographique, voit ses besoins de services augmenter.
Notre taux de chômage aurait déjà suscité des mesures d’urgence dans l’hexagone. Ne pourrait-on pas alors ouvrir les concours de la Fonction publique aux 5.000 Réunionnais diplômés d’études supérieurs ? Huguette Bello se souvient qu’en 1988, sous la mandature d’Eric Boyer à la présidence du Conseil général, les Réunionnais possédant un DEUG ont été recrutés pour intégrer l’Éducation nationale, avec une formation à l’appui. Car avec une formation complémentaire délivrée ici ou en Europe si nécessaire, pour étoffer leurs compétences, nos diplômés réunionnais sans emploi pourraient occuper ces postes dont notre île a besoin. "Est-ce que le ministre considère que l’on peut faire ça ?", interroge ouvertement le secrétaire général du PCR, Elie Hoarau. Avec une prévision des besoins, les élus embaucheront.

"Faire que les jeunes Réunionnais aient du travail

Autre exemple. Quand près de 270 agents techniques du SDIS manifestent pour demander leur titularisation et que la Présidente du Département leur assure l’ouverture d’un 3ème concours pour répondre à leur demande : "si c’est faisable pour les pompiers, pourquoi cela ne le serait pas pour les autres ?". Ce type de solution est entièrement défendue par le PCR qui va plus loin en proposant la mise en place d’une “Conférence permanente pour l’emploi”. Qu’il s’agisse de la Fonction publique hospitalière qui enregistre une pénurie de personnels sanitaires, de l’Éducation nationale avec un IUFM qui n’accepte que 120 jeunes, en centralisant les besoins à travers une démarche prospective (avec le concours des instituts statistiques, de sondage...), en adaptant formations et ouvertures de concours, La Réunion pourrait être plus réactive et permettre à des jeunes Réunionnais de contribuer concrètement au développement de l’île. Procéder comme la DRASS par une ouverture de concours au niveau local doit être systématisé. "Il faut dégager toutes les niches d’emplois et faire que les jeunes Réunionnais aient du travail", soutient Elie Hoarau qui rappelle que les jeunes Réunionnais nés ici ou vivants ici ont les mêmes besoins et méritent la même attention. Est-ce que ce pari du bon sens est finalement rendu impossible dès que l’on oppose la question obsolète du statut ?

Avec attention, sans polémique

Loin de théoriser sur le concept de préférence régionale, loin de vouloir induire une quelconque méprise xénophobe, il existe une réalité réunionnaise de l’emploi que les considérations législatives ou administratives les plus obtuses ne peuvent ignorer. Pour Elie Hoarau, "ce problème mérite plus d’attention que de polémique". La Réunion a des licenciés, des docteurs, des Bac+12 au chômage qui pourraient répondre à ses besoins. On ne peut pas laisser le sacrifice de ses jeunes et de leurs familles sans réponse. À cas pratiques, solutions pratiques.

Stéphanie Longeras


Fonction publique territoriale : Pour l’intégration de tous les personnels permanents non titulaires

"Il faut que le ministre agisse"

La position du PCR sur la question des employés de la Fonction publique territoriale est déjà connue, proposition de loi à l’appui. Il préconise l’intégration des personnels permanents non titulaires sur les mêmes bases que leurs homologues de métropole. Quant à la sur-rémunération mise en place par l’État, si elle doit être appliquée, c’est à lui d’en assumer le coût.
Elie Hoarau, son Président, reconnaît que les communes de La Réunion comptent 26.000 salariés de la Fonction publique territoriale : 6.000 titulaires, 18.000 permanents non titulaires, auxquels il faut ajouter un millier d’emplois aidés. "Le problème a un peu évolué, estime Elie Hoarau, mais la situation perdure. Il conviendrait de trouver une solution".

CDI : pour accélérer l’intégration

"À travail équivalent, même grille de salaire, supplément familial, même déroulement de carrière et prise en compte de l’ancienneté, comme les titulaires de métropole, sans indexation", soutient le secrétaire général du PCR. Déjà 21 communes de La Réunion sur 24 ont assumé le coût financier de cette intégration. Malheureusement, reste encore les employés des communes de Saint-Paul, du Tampon et de Saint-André qui sont confrontés à un traitement inégalitaire. La loi du 26 juillet 2005 déjà en vigueur en Europe et étendue dans la Fonction publique en France a introduit le CDI. "Nous disons : il faut utiliser ces CDI pour accélérer l’intégration, pas pour geler la situation" au détriment des employés. Ce CDI doit ainsi comprendre une grille de salaire, une prise en compte de l’ancienneté et un développement de carrière. Ce sont les conditions requises pour faciliter l’intégration selon le PCR. "Maintenant, il faut que le ministre agisse de manière à ce que tous les employés permanents non titulaires soient intégrés, invite Elie Hoarau. Il faut qu’il le fasse, nous attendons ça de sa visite".

Sur-rémunération : parlons-en

Vient ensuite le problème de la titularisation avec le blocage de la sur-rémunération des personnels intégrés. Cette sur-rémunération adoptée par décret gouvernemental au début des années 50 alourdit la charge des collectivités. Si sur-rémunération il doit y avoir, c’est donc, pour le PCR, à l’État de d’en assumer le financement et non aux communes qui n’en ont pas les moyens. Il devrait alors, par le biais d’une dotation spécifique, soutenir les communes en difficulté et ainsi mettre en application le principe constitutionnel d’égalité entre collectivités. Pour le secrétaire général du PCR, "le ministre ne peut pas ne pas parler de ce problème éludé par tous les gouvernements successifs". Et la question de la sur-rémunération concerne la Fonction publique dans son ensemble. Et puisque Nicolas Sarkozy, Président de l’UMP, soutenait lors du congrès du parti vouloir s’occuper personnellement de ce problème outre-mer, François Baroin ne peut à son tour vouloir repousser ce dossier après les élections. "Il faut que les Réunionnais soient associés au débat et a forciori à toutes les solutions qui seraient arrêtées dans ce domaine".

SL


Visites ministérielles

Le Ministre de la Fonction publique Christian Jacob suit les pas de son collègue François Baroin. Il arrive en plein débat sur... justement, la fonction publique. Visite qui arrive fort à propos. Surtout que ce débat initié par le PCR a suscité de nombreux commentaires. Associations, partis politiques, citoyens sont intervenus et vont sûrement continuer à intervenir. Cette initiative du PCR a réussi une première étape : que chacun s’exprime sur ses propositions. Il serait dommage que le Ministre Christian Jacob n’apporte pas la vision gouvernementale sur ce problème qui est une tentative de répondre à ces 30% de chômage à La Réunion.

Comme l’a souligné notre confrère “Le Quotidien” à propos des "recrutements que le PCR voudrait réserver aux Réunionnais" par un "moratoire sur 15 ou 20 ans", et ce "avec, en contrepartie, la création d’un institut d’administration, justement chargé de former les futurs fonctionnaires réunionnais"... Et notre confrère de poser la question : "Que pense le Ministre de cette préférence régionale au sein de la fonction publique ?".

Une chose est sûre, La Réunion n’a pas besoin de bonnes paroles ou de promesses, mais d’actes et de décisions. On attend les engagements du Ministre Christian Jacob.

AIC


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