Contribution commune des deux assemblées réunionnaises aux États généraux de l’Outre-mer

Région et Département présentent un projet de développement partagé

27 août 2009, par Manuel Marchal

Jamais les élus de l’Outre-mer n’ont été mis au pied du mur par le président de la République et le gouvernement, c’est en substance la conséquence de la démarche des États généraux de l’Outre-mer. Hier, à la même heure, les deux collectivités ont présenté leurs propositions pour les États généraux de l’Outre-mer, répondant ainsi à la demande formulée le 18 février dernier par le président de la République lors de sa rencontre avec les élus de l’Outre-mer.

Ce sont deux séances plénières sortant de l’ordinaire qui ont eu lieu hier au Conseil général et à la Région. Elles n’étaient pas une suite de débats mettant en jeu une opposition et une majorité autour d’une question débouchant sur un vote. Ces deux séances plénières ont donné la possibilité pour tous de présenter sa contribution à un projet de développement pour les 20 ans à venir.
La démarche des États généraux trouve son origine dans un mouvement social qui a débuté en novembre 2008 à La Réunion avec comme revendication la baisse des prix des carburants. Aux Antilles, ce mouvement s’est élargi aux revendications de toutes les couches de la population et il est revenu à La Réunion dans cette configuration : ce sont les grandes manifestations de mars avec la population et le COSPAR. Cette mobilisation a permis de faire adopter des mesures urgentes : baisses de prix de produits de première nécessité, baisse des prix des carburants et du gaz, diminution des loyers, alignement de l’allocation logement sur la France et contribution de l’État à l’augmentation des salaires du privé.

Paris demande des propositions

Dans le même temps, l’Assemblée nationale a adopté la LODEOM en urgence. Mais c’est une véritable rupture qui est préconisée au plus haut niveau de l’État. Le 18 février devant les parlementaires de l’Outre-mer, le président de la République prend acte des limites du modèle mis en œuvre au lendemain de l’abolition du statut colonial, et souligne la nécessité d’engager des changements structurels pour que chaque DOM puisse trouver des voies de développement qui lui sont propres.
Cela veut dire que la période que nous connaissons signifie que nous sommes à la veille d’un nouveau 19 mars, dit en substance Paul Vergès, nous sommes « à la veille de l’élaboration d’une nouvelle politique ».
Dans ce but, le président de la République annonce le lancement des États généraux de l’Outre-mer. Le premier temps de la concertation s’est achevé le 30 juillet dernier, avec la présentation de la synthèse des ateliers. La seconde phase concernant les collectivités a aussitôt commencé le 30 juillet par une réunion conjointe des conseillers généraux et régionaux visant à lancer les bases de propositions communes aux deux collectivités. Les élus réunionnais doivent en effet donner leur avis sur la synthèse.
Cet avis prend la forme d’une contribution commune aux États généraux par la Région et le Conseil général.

Plus que des propositions, un projet de développement

Au Conseil régional, répondant à une lettre du président de la Région, les groupes politiques de la collectivité ont adressé hier chacun leur contribution (UMP, Verts, Freedom), qui s’ajoute à celle produite par les élus présents le 30 juillet dernier à la réunion conjointe avec les conseillers généraux, et qui est aussi adoptée par l’Alliance. Chaque contribution sera adressée au gouvernement sans jugement de valeur, a précisé Paul Vergès. Le débat qui a suivi a permis à chacun d’exposer la contribution de son groupe, ainsi que de développer les fruits de réflexions individuelles. Même démarche au Conseil général, où les propositions issues de la rencontre du 30 juillet et celles du groupe de l’opposition seront transmises au gouvernement. Cette décision a été saluée par un vote unanime qui donne à ces propositions une dimension de rassemblement.
Sachant que la plupart des conseillers généraux sont aussi maires, adjoints et conseillers municipaux, ce sont également les 24 communes du pays qui sont associées à cette dynamique de rassemblement.
C’est le Conseil interministériel présidé par Nicolas Sarkozy qui aura la responsabilité de décider de la suite à donner aux propositions transmises par les deux collectivités. La présentation des différentes contributions fait apparaître des convergences sur des orientations stratégiques, comme l’énergie, la lutte contre le chômage, la construction de logement, la lutte contre la vie chère et l’illettrisme.
Hier, les élus des deux assemblées ont envoyé un message unanime à Paris. Les Réunionnais ont montré qu’ils sont capables de répondre au défi lancé par Paris et même d’aller au-delà : nous avons des propositions et nous sommes capables de nous entendre pour arriver à les unir dans une stratégie cohérente.

Manuel Marchal

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