Une association de conseillers régionaux pour contrer une association de collectivités

Régions : Repli identitaire des conseillers sarkozistes

9 novembre 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Dans un contexte où, à la suite des élections de mars dernier, presque toutes les Régions de France échappent à la mainmise du gouvernement, des élus UMP tendance “dure” ont lancé une association de conseillers régionaux, dans le but de contrer l’Association des Régions de France.

L’intention polémique est affichée d’emblée par Franck Louvrier, conseiller général UMP et “communiquant” de Nicolas Sarkozy, réputé très proche du président de la République. Sur son blog, ce responsable de l’association créée en juillet dernier stigmatise l’Association des Régions de France (ARF), qu’il décrit comme « une officine militante anti-gouvernementale, dont la seule raison d’être est la critique systématique de l’action du président de la République ». La création de l’AERF (Association des élus des Régions de France) vise, selon lui, à créer « une association qui n’aura (sic) aucune dérive sectaire et à laquelle les élus régionaux pourront adhérer en grand nombre ». Force est pourtant de constater que ceux qui ont porté cette nouvelle structure sur les fonts baptismaux ont en commun d’appartenir à la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy.

Ancrage sarkoziste

La Direction en titre de l’Association a été dévolue à Philippe Richert, président du Conseil régional d’Alsace, seule Région UMP en France continentale. Selon certaines sources, la vraie patronne de l’AERF ne serait autre que Valérie Pécresse, ministre de la Recherche et candidate malheureuse à l’élection régionale en Ile-de-France, connue pour un dévouement jusqu’à présent sans faille envers le chef de l’État. La présence en bonne place de Nadine Morano, du très sarkoziste Benoît Apparu et, pour La Réunion, de Didier Robert (voir édito) confirme l’hypothèse d’un ancrage résolument sarkoziste de l’AERF. Un recrutement politiquement très ciblé, que dénonce Christian Malvy, dirigeant de l’Association des Régions de France. Selon l’élu socialiste de la Région Midi-Pyrénées, « en baptisant d’“Association des élus des Régions” une chapelle de l’UMP, après avoir défendu la pire des réformes des collectivités locales que l’on ait jamais connues et précisément rayé de la carte les élus régionaux dont elle appelle la suppression en 2014, Mme Pécresse s’enferme dans l’attitude partisane qui fausse le débat démocratique et paralyse nos institutions ».

Geoffroy Géraud-Legros 


La décentralisation contre les Régions

L’idée d’une gestion par les Régions de leurs affaires propres, souvent mal connues, ou créditées de peu d’intérêt aux yeux du pouvoir central, est l’esprit même de la décentralisation. Cet accès des Régions à la responsabilité est supposé s’inscrire dans le cadre républicain : c’est-à-dire que les obligations de l’État demeurent, pleines et entières, dans les domaines qui lui sont dévolus, sans remise en cause de la solidarité nationale. Au cours des deux dernières décennies, l’État a pourtant montré une tendance croissante à faire assumer par les Régions le désengagement de ses compétences.
Une inclinaison que le gouvernement actuel a érigée en doctrine et transformée en comportement systématique. En impulsant des initiatives telles que la réforme des collectivités et la suppression de la taxe professionnelle, l’Exécutif dégrade fortement les Conseils régionaux et atteint gravement ses ressources fiscales. Sans parler de la décision de geler les dotations aux collectivités pendant trois années consécutives. Par son parti-pris favorable à la politique du gouvernement, la jeune AERF peine à convaincre qu’elle œuvre vraiment pour la « défense » des Régions. Elle donne plutôt l’impression d’une structure idéologique, destinée à promouvoir la décentralisation défavorable aux collectivités locales, telles que la conçoivent les dirigeants de l’UMP.

A la Une de l’actuDidier Robert

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