Détournement des fonds publics

Rendre des comptes à la population

2 octobre 2006

Les affaires politico-judiciaires de détournements de fonds publics, de corruption et prises d’intérêts qui agitent l’actualité suscitent de vives réactions d’indignation au sein de la population réunionnaise. Alors que les inégalités fragilisent la cohésion sociale de notre pays, Jean-Hugues Ratenon, président d’Agir Pour Nout Tout, demande plus de transparence dans la gestion des fonds publics.

Alors que les injustices sociales génèrent souffrances et déchirures au sein de la société réunionnaise, Jean-Hugues Ratenon, militant pour la défense des Réunionnais, estime qu’il est de son devoir de réagir publiquement lorsque l’intérêt général est bafoué.

Transparence sur la gestion des fonds publics

"50% de la population réunionnaise vit au seuil de pauvreté, rappelle le président d’association. Souvandéfoi, les gens mendient pour pouvoir faire soigner leurs enfants en métropole, ils demandent de l’aide ici ou là, sans retour. Des jeunes sont obligés d’arrêter leurs études car leurs parents n’ont pas les moyens financiers de les accompagner... les exemples sont nombreux. Face à ça, les personnes responsables de gérer les fonds publics, n’hésitent pas à le détourner. C’est un manque de respect pour la population, une véritable trahison." Afin d’éviter que de telles malversations se reproduisent, Jean-Hugues Ratenon formule certaines requêtes. En premier, il souligne que "quelles que soient les responsabilités politiques mises en cause, la justice doit continuer son travail, aller jusqu’au bout, pour que les reconnus coupables soient sévèrement sanctionnés." Il avance que la population la soutient dans cette voie. Il estime en second lieu légitime voire obligatoire que les entreprises postulant aux appels d’offres pour des marchés publics s’engagent à plus de transparence sur la gestion de leurs comptes. En effet, bien que les entreprises soient tenues chaque année de transmettre leurs résultats comptables au Tribunal administratif, dans les faits, très peu le font. "Chambres consulaires, EPCI, collectivités... nous demandons une réforme en profondeur pour un contrôle plus régulier de la gestion des fonds publics afin d’éviter toute forme de corruption, pour privilégier la transparence." Et Jean-Hugues Ratenon de poursuivre que "quand quelqu’un veut un mandat, il faut qu’il s’engage à ce que son patrimoine soit contrôlé."

" C’est encore la population qui paye ! "

Le président d’Agir Pour Nout Tout au plus près des difficultés d’une large majorité de la population qui peine à vivre dans un contexte socioéconomique tendu, estime que ce type d’affaires porte "automatiquement un coup à la cohésion sociale mais aussi à l’éducation, à la démocratie et à l’évolution de notre société. Quel crédit a-t-on aujourd’hui en disant à un jeune “vol pa in volay dann la kour domoune” quand on voit l’exemple qui lui est montré ?" Il ne peut admettre que la confiance de la population et ses intérêts soient trahis. "Toutes formes de corruption entraînent une augmentation des prix, précise Jean-Hugues Ratenon. Les surfacturations dans ce type d’affaires entraînent une surfacturation des services et c’est encore la population qui paye !" Face à l’inacceptable, il appartient aujourd’hui à la justice de poursuivre son travail, comme elle l’a parfaitement fait jusqu’alors. Quant au soutien apporté par les employés de la commune de Saint-Philippe à leur Maire, se prévalant de son innocence, le militant associatif voit ici l’expression touchante "de la misère, de la souffrance de la population réunionnaise exclue et qui s’accroche à son travail." Assez de manipulations. Ces affaires de corruption ont au moins le mérite (si infime soit-il) de rappeler, en ces temps de stigmatisations faciles, que la jeunesse n’a pas le monopole de la délinquance.

Stéphanie Longeras


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