Réponse d’Élie Hoarau à Daniel Lallemand
11 octobre 2012
’Le Quotidien’ et le ’JIR’ ont publié une lettre signée par Daniel Lallemand au sujet du PCR. Cette lettre a été aussi adressée à “Témoignages”. Nous la publions ci-après, avec la réponse d’Élie Hoarau.
Lettre de Daniel Lallemand
PCR : Sans autocritique pas de « refondation »
Lorsqu’un parti politique se prend une dérouillée du genre que celle que le PCR a subie aux récentes élections législatives, le premier soin de ses dirigeants devrait être de se poser la question : quelle erreur, quelle faute avons-nous commises ? Une fois identifiée l’erreur ou la faute, il importe de la reconnaître ouvertement, publiquement. Enfin, bien sûr, ce parti doit s’efforcer dans les plus brefs délais, de corriger l’erreur, de réparer la faute. Il n’y a pas d’autre moyen de redresser la situation.
Hélas ! Du côté du PCR, aucune autocritique ne semble s’annoncer à l’horizon. À croire que nos dirigeants n’ont rien compris à ce qui leur est arrivé. Les choses sont pourtant d’une lumineuse clarté !
Les dirigeants du PCR, à l’approche des législatives, ont commis l’erreur la plus incompréhensible qui soit : celle d’exiger d’Huguette Bello, députée sortante de la 2ème circonscription, de céder la place à Pierre Vergès et d’aller se faire voir ailleurs. Lorsqu’elle eut refusé, ils ont commis la faute la plus impardonnable qui soit : celle de l’exclure du Parti, poussant la dérision jusqu’à dire publiquement qu’« elle s’était exclue d’elle-même » ! Comme si cela ne suffisait pas, ils ont mis le comble à l’indécence en présentant contre elle la candidature de deux ténors du Parti, qui, sans pudeur aucune, ont accepté de trahir leur camarade et amie, au risque d’être eux-mêmes déstabilisés dans leurs communes respectives.
Car enfin, aucun de ces dirigeants, ni les initiateurs, ni les exécutants, n’ont pris garde qu’en s’en prenant à Huguette Bello, ils déclaraient la guerre à « la personnalité politique la plus populaire de La Réunion », ainsi que les sondages d’opinion le révélaient depuis plus de dix ans !
Erreur fatale ! Faute impardonnable ! La sanction était inéluctable ! Elle est venue de nos propres électeurs. Oh ceux-ci n’ont certainement pas changé de camp : ils ne sont pas allés voter pour nos adversaires, ni même pour nos concurrents. Ils se sont contentés de montrer leur mécontentement, en s’abstenant massivement !
Or voici le plus étonnant :
Alors que le modeste ex-militant que je suis avait dès le début de la campagne électorale tiré la sonnette d’alarme et, dans un courrier de lecteurs, dénoncé — je cite — « l‘entreprise d’autodestruction à laquelle se livre le PCR », nos dirigeants, eux n’ont rien vu venir.
Même lorsque les premiers sondages ont paru dans la presse, nos dirigeants ont continué de faire preuve de la plus belle assurance. L’un a estimé que « le sondage ne reflète pas la dynamique que nous observons sur le terrain », l’autre interviewé par Antenne Réunion, affirmait avec force : « la victoire de Langenier, pour moi, ne fait pas l’ombre d’un doute ».
Étrange aveuglement ! Refus enfantin de voir la réalité, qui se prolonge aujourd’hui encore par l’absence totale d’autocritique…
Faut-il désespérer du PCR ?
Daniel Lallemand
Ex-membre du Comité central
Réponse d’Élie Hoarau
Rappel des faits inconstestables
Toutes les critiques sont les bienvenues. Bien sûr, celles qui nous permettent d’enrichir le débat et de progresser dans notre travail de reconstruction sont étayées d’arguments.
La lettre de Daniel Lallemand est argumentée.
Cependant, il manque à Daniel quelques éléments exposés en Comité central.
Nous ne lui en ferons pas le reproche puisque, il y a de cela plusieurs années, qu’il ne siège plus dans l’instance de direction du PCR.
Au nombre des informations qui lui manquent, celles-ci :
1 – en 1997, suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par le président Chirac, nombre de camarades ont émis le souhait de voir Claude Hoarau défier J-P. Virapoullé dans la 5ème circonscription. Leur analyse étant que, fort d’une victoire obtenue en septembre 1996 contre une ministre, (Mme M. Sudre), d’une part, et de la débâcle du gouvernement Juppé d’autre part, Claude Hoarau avait des chances raisonnables de l’emporter.
Sans la moindre objection, Claude Hoarau accepta cette désignation ;
2 – Le secrétariat du parti a proposé à Pierre Vergès d’être candidat pour la députation dans la 2ème circonscription. Proposition déclinée sur-le-champ par Pierre Vergès. Reconnaissant que la victoire était certaine et plaidant pour que le PCR donne l’exemple en matière de parité, il proposa aussitôt la candidature d’Huguette Bello.
3 – En 2011, une fois établie l’analyse du découpage des circonscriptions législatives, proposition fut faite à Huguette Bello, de conquérir la 7e circonscription.
Comme cela avait été analysé en 1997, nous estimions que, forte de la double victoire obtenue à Saint-Paul en 2008 et 2009, confortée par les résultats des cantonales de 2011, et jouissant de l’appui des médias et d’une popularité élevée et stable, la conquête de la 7e circonscription lui serait chose aisée.
Ce qui assurait d’emblée deux sièges au parti puisque dans l’autre circonscription ce dernier n’avait aucun mal à faire élire un des siens, qui n’était en aucun cas Pierre Vergès. En effet, celui-ci avait fait connaître sa décision de se présenter dans la circonscription de Saint-Denis à l’exclusion de toute autre.
Huguette Bello refusa la proposition du parti.
Tels sont les faits, incontestables.
Écrire : « Les dirigeants du PCR, à l’approche des législatives, ont commis l’erreur la plus incompréhensible qui soit : celle d’exiger d’Huguette Bello, députée sortante de la 2e circonscription, de céder la place à Pierre Vergès et d’aller se faire voir ailleurs », est donc totalement inexact.
Mettre son autorité morale au service d’une aussi flagrante contre-vérité contribue-t-il au travail de reconstruction du PCR auquel des centaines de personnes se sont consacrées et continuent de se consacrer quotidiennement ?
Désormais informé, sans doute que Daniel Lallemand acceptera-t-il de procéder à une saine autocritique.
Élie Hoarau