L’UE, telle qu’elle fonctionne actuellement, fait bien peu de cas de la volonté des peuples qui la composent : le passage en force, début 2008, de l’approbation du Traité de Lisbonne par les parlementaires français réunis en congrès fut un véritable déni de démocratie, réalisé grâce à la complicité, ou pour le moins la neutralité bienveillante, d’une majorité hétéroclite de représentants UMP, Modem, PS, PRG et Verts.

Nous avions pourtant repoussé une première fois par referendum — il y a tout juste quatre ans — un projet de Traité européen qui représentait une véritable régression sociale pour la plupart des peuples européens. Souvenons-nous des presque 60% de “non” obtenus le soir du 29 mai à La Réunion, avant poste, grâce au score et au décalage horaire, de la victoire finale du “non” sur l’ensemble du territoire national.

Que penser aussi de l’entêtement de l’UE à faire revoter systématiquement les Irlandais sur le traité jusqu’à ce qu’ils l’approuvent ? Ces méthodes sont dignes de l’Inquisition ! Peut-on construire l’Europe contre la volonté des peuples ?
Le Traité de Lisbonne ne se contente pas de soustraire les peuples de la construction et du fonctionnement de l’UE, il enferme les Etats membres dans un carcan juridique et budgétaire qui neutralise leurs capacités d’investissement et de relance économique, comprime les dépenses publiques, empêche toute harmonisation sociale et fiscale par le haut.
Quel peuple peut s’enthousiasmer pour une Europe qui n’est finalement qu’un grand marché au service des firmes transnationales ? Où est cette Europe respectueuse des peuples, solidaire, capable de garantir les acquis sociaux, de protéger les travailleurs, de diffuser les valeurs universelles de laïcité et de fraternité ?
Nous voulons en finir avec l’emprise idéologique de la « concurrence libre et non faussée », omniprésente dans le nouveau Traité simplifié, quoi qu’on en dise : la crise économique et financière a porté aux yeux du monde les effets dévastateurs des déréglementations imposées par un libéralisme débridé. Nous ne pourrons plus dire que nous ne savions pas.

Certes le pire n’est jamais certain, mais il faudrait être grandement naïf pour ne pas lire entre les lignes les applications pratiques que la « concurrence libre et non faussée » nous réserve en Outre-mer : suppression des barrières protectrices de nos économies (octroi de mer à La Réunion), ouverture totale des échanges (pays ACP, négociations APE... ), interdiction des aides à la production (les subventions à la canne, à la banane seraient sur la sellette...).
Nous souhaitons profiter de ces élections européennes pour envoyer un signal fort aux peuples européens, et particulièrement au peuple français : relancer la dynamique des forces progressistes en battant la Droite, donner une nouvelle orientation à l’UE et offrir aux Outre-mer de nouvelles perspectives de développement.
Ce mandat, nous le confions à Elie Hoarau, tête de liste de l’Alliance pour les Outre-mer soutenue par le Front de Gauche. Cheville ouvrière du “non” en 2005, infatigable combattant de l’égalité et de la promotion des Réunionnais dans la République, Elie Hoarau est bien le seul candidat capable, de par sa réelle connaissance des dossiers, d’être notre digne avocat à Strasbourg.

Pascal Basse, Association République et Socialisme, Front de Gauche