Après la victoire du rassemblement aux Européennes
Résolution du Conseil politique du du PCR
31 mai 2014
La direction du Parti communiste réunionnais a adopté ce samedi une résolution intitulée « Après la victoire du rassemblement aux Européennes, c’est le moment de concrétiser le mot d’ordre ’La Réunion : un peuple, un territoire, une assemblée’. » En voici le contenu :
Le Conseil Politique du Parti Communiste Réunionnais s’est tenu ce jour au Port. L’instance de direction du PCR a analysé la situation nouvelle créée par les élections européennes, et s’est donnée un plan d’actions pour les semaines à venir.
Les élections européennes
Tout d’abord, le scrutin du 25 mai a été marqué par une faible participation à La Réunion. Seulement 20% des électeurs se sont déplacés. Ce premier résultat contraste avec celui des municipales où en moyenne, la participation atteint 70%. Il montre une rupture avec la tradition électoraliste de notre île : les maires n’ont pas réussi à organiser la mobilisation massive en faveur du candidat qu’il soutenait. Ce message doit interpeller les responsables politiques et les médias. Tous doivent se ressaisir afin de proposer des débats présentant les véritables enjeux des élections, sous peine de faire perdre toute représentativité aux élus.
Ensuite, les suffrages exprimés ont placé en tête Younous Omarjee, candidat de l’Union pour les Outremer soutenu par le PCR. Avec plus de 23% des suffrages, il distance l’UMP et arrive 8 points devant le candidat de la coalition PS-Progrès-PLR. Ce résultat montre que lorsque le rassemblement s’applique alors notre candidature est gagnante, qu’elle soit portée par un adhérent ou pas. C’est la confirmation que l’esprit du rassemblement doit constamment être cultivé par les communistes. C’est une réflexion théorique qui doit être approfondie : les caractéristiques de l’élection européenne s’y prêtent parfaitement. Le score de Younous Omarjee confirme en effet ceux réalisés précédemment par l’Alliance. L’Union pour les Outremer arrive en tête dans 11 communes dont Saint-Denis, Saint-André, La Possession, Le Port, Le Tampon et Petite Ile.
Par ailleurs à La Réunion, le scrutin a permis de mesurer le poids des partis nouvellement crées. La liste UDI-MODEM-LPA n’a pas atteint 10%. La liste PS soutenue par le Progrès et PLR a franchi à peine la barre des 15%. Ces scores montrent également un renversement de l’opinion en deux ans. Les listes UDI-MODEM-LPA et PS-Progrès-PLR étaient soutenues par les 7 députés, tous membre de la majorité parlementaire. Leurs candidats ont recueilli moins de 25% des suffrages exprimés, c’est une sanction de la politique que ces députés cautionnent depuis deux ans.
En France, le parti au pouvoir, le PS, a connu une défaite historique, avec 14% des suffrages seulement. L’électorat déçu ne s’est pas réfugié vers l’autre parti de l’alternance, l’UMP, qui reste bloqué à 20%. Le mécontentement n’a pas bénéficié non plus à la gauche radicale qui fait 6,5%. Pour la première fois, c’est un parti qui s’affirme d’extrême droite, le Front National, qui est en tête d’une consultation générale, avec 25%. Ce résultat a ébranlé les partis politiques traditionnels. L’UMP en a profité pour solder les révélations sur le financement de la dernière campagne présidentielle : toute la direction a démissionné au lendemain des européennes.
Nécessité du rassemblement
Cette instabilité rend absolument nécessaire le rassemblement des Réunionnais autour de propositions susceptibles de lutter contre la crise. Au cours des prochaines semaines, le ballet des visites ministérielles va reprendre. Mais, le contexte a changé. Le pouvoir est en position de faiblesse alors que le rassemblement, prôné depuis toujours par le PCR, est la première force politique sortie des urnes, dimanche dernier. Le Conseil Politique invite à s’interroger sur les motivations réelles à vouloir détruire le PCR.
Avec le PCR, les Réunionnais disposent d’un solide point d’appui pour intensifier les mobilisations en faveur d’un vrai changement. Constamment, nous mettons nos propositions en débat. Nous appelons à un consensus sur l’essentiel. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, c’est évident. Mais, nous pouvons nous mettre d’accord sur une idée essentielle qui puisse sortir de la sclérose actuelle et redonner du sens à l’action politique. Pour l’heure, plus rien n’est cohérent.
Faire évoluer le cadre actuel
L’urgence est de faire évoluer le cadre actuel pour que les Réunionnais puissent avoir les moyens politiques de défendre leurs intérêts, dans un contexte mondialisé.
Au début, l’Europe avait bien compris ce message de l’adaptation des règlements aux conditions de La Réunion. Mais, depuis peu, l’application du droit commun aux planteurs de cannes nous entraîne vers une catastrophe économique et sociale sans précédent. De même, la négociation et la conclusion des Accords de Partenariats Economiques avec nos voisins, à notre place, c’est de nous livrer sans protection dans un espace de libre échange où « la concurrence est libre et non faussé ». L’avenir de l’Octroi de mer est menacé.
Le PCR propose au gouvernement de ne pas repousser l’opportunité de nouer un véritable pacte de responsabilité politique et sociale, au sein de la République, prenant en compte les conséquences de l’intégration de La Réunion dans son environnement géographique et politique. Il y a 2 ans, le candidat François Hollande avait pris plusieurs engagements publics devant les Réunionnais dont celui de l’évolution statutaire. A Saint Louis, il avait salué la lucidité des dirigeants et militants du PCR de vouloir « participer au grand mouvement d’émancipation que vous avez engagé depuis tant d’années ».
Adopté à Le Port, le 31 mai 2014.