Après la Conférence de Presse de Nicolas Sarkozy...

Revue de Presse

10 janvier 2008

« (...) Côté paroles, Nicolas Sarkozy nous avait préparé le grand jeu. Envolées lyriques, formules ciselées, réparties assassines... tout y était. Pour tenter de reprendre l’offensive, l’emballage idéologique du discours présidentiel a été refait à neuf sous le label de "politique de civilisation". Après le choc des images dont on nous a abreuvés durant toutes les fêtes, le poids des mots a été pesé. Mais il cache bien mal l’absence criante de réponses concrètes aux urgences des Français. (...)Incapable, et pour cause, de combler le gouffre entre sa promesse d’être le président du "pouvoir d’achat" et la réalité d ’une politique entièrement vouée à rassasier les appétits de profits, le chef de l’État a cherché à changer de terrain, déployant tous ses talents de communicateur pour nous vendre la même politique en lui donnant l’apparence d’un nouvel élan (...). »

Pierre Laurent

LA TRIBUNE

« (...) Il y a eu hier (...) le premier renoncement majeur de la législature. Sur le sujet ô combien central du pouvoir d’achat - thème au coeur de la campagne présidentielle et devenu la première préoccupation des Français devant le chômage -, le président, qui a renoncé à "vider des caisses déjà vides", reconnaît son impuissance. En somme, les 14 milliards réinjectés dans l’économie française, dont on ne mesure pas vraiment l’impact sur le pouvoir d’achat, sont de l’histoire ancienne et l’État ne remettra plus la main à la poche, en l’occurrence trouée, pour nourrir les attentes des Français. Pour la première fois, Nicolas Sarkozy est rattrapé par la réalité et voit son volontarisme écorné. Mais c’est aussi une incitation aux réformes structurelles, celles qui visent à libérer la croissance, peu gourmandes financièrement, mais plus coûteuses sur le plan politique ».

François-Xavier Pietri

LE FIGARO

« (...) En définissant une politique de civilisation qui soit l’âme de la nouvelle renaissance dont la France a besoin, Nicolas Sarkozy, inspiré par le sociologue Edgar Morin, entendait tout simplement inscrire son action politique dans la durée, lui proposer des valeurs, et donc lui donner un sens. (...) Mais après le discours, le chef de l’État a souhaité hier revenir sur la méthode. Elle se résume en une formule simple "changer tout, en même temps". (...) Au terme de ces deux heures de dialogue musclé avec les journalistes, le président a dessiné "la nouvelle frontière du sarkozysme" : la rupture au service d’une politique de civilisation ».

Etienne Mougeotte

La République des Pyrénées

« Qui trop embrasse mal étreint. En voulant balayer tous les sujets - personne ou presque ne fut oublié-, et faute de pouvoir répondre sur le principal (le pouvoir d’achat), Nicolas Sarkozy n’a pas réussi à rééditer certains de ses numéros pleins de brio. Peut-être y avait-il dans ses réponses aux journalistes trop d’agressivité rentrée (...). Cette rhétorique gaulliste était emballée dès le départ par la réaffirmation que "la politique de la civilisation, c’est la politique de la vie". (...) Pour la majorité des Français, cette politique risque fort de ressembler à des envolées philosophiques sans grand rapport avec leurs préoccupations ».

Jean-Marcel Bouguereau

LE COURRIER PICARD

« (...) Incontestablement, (Nicolas Sarkozy) a choisi sa stratégie : il lui faut aller encore plus loin, accentuer sa politique de "droite décomplexée", selon le terme à la mode. Plus loin sur les 35 heures, qu’il espère ouvertement enterrer, plus loin sur l’immigration. (...) Par ailleurs, il n’avait pas grand-chose à dire sur un des sujets qui préoccupe le plus les Français : le pouvoir d’achat. Il l’a avoué clairement : les caisses sont vides, ce sera donc aux entreprises de gérer le pouvoir d’achat des Français. On comprend dès lors que ses possibilités de reconquérir l’estime de ses électeurs, c’est de leur donner une image de dynamisme, et l’impression que les choses vont évoluer. Reste à savoir, au vu des sondages futurs, si cette illusion est plus forte que la réalité ».

Francis Lachat


L’Alsace


« (...) (Nicolas Sarkozy) n’a pas changé de but, en tout cas. Les 35 heures sont plus que jamais dans le collimateur. La phrase sibylline qu’il a lâchée en acquiesçant à leur suppression dès 2008 a immédiatement été développée par François Fillon. Le "coup" était donc dosé et paraît habile. En neuf mois, le gouvernement a déjà vidé les 35 heures d’une partie de leur substance. Il est désormais tentant de vouloir porter l’estocade à une coquille de plus en plus creuse et néanmoins très coûteuse. Mais attention : jusqu’à présent, Nicolas Sarkozy parlait d’allongement de la durée du travail en échange de revenus supplémentaires. C’était donnant-donnant. Maintenant que cette ambition a du plomb dans l’aile et que l’air du temps est à la politique des caisses vides, les syndicats craignent que le renoncement aux 35 heures mène simplement à l’abandon de toute durée légale du travail. Ce serait difficile à faire avaler aux salariés ».

Patrick Fluckiger

OUEST-FRANCE

« (...) Au revers de la brillante médaille, on trouve des demi-silences, un décalage psychologique, comme un malaise. Croissance, salaires, vie chère, tous ces repères qui marquent la progression, chez nous, de la pauvreté et l’impuissance des politiques ont été évacués du discours. Le pouvoir d’achat - thème central, presque écrasant, de la campagne sarkozienne - ne mérite plus, aujourd’hui, cette importance (...). Le décalage entre la vision d’une "politique de civilisation", capable de "changer le monde", et la réalité vécue au quotidien par nombre de Français n’est sans doute pas de nature à dissiper le désenchantement qui taraude même ceux qui ont voté pour lui le 6 mai dernier. (...) Dans la "politique de civilisation" d’Edgar Morin, on trouve des valeurs comme la solidarité, la convivialité, la moralisation. Le président Sarkozy affirme que ces objectifs sont aussi les siens. S’il commençait à réaliser, cette année, tout ce qu’il vient d’annoncer, dans l’esprit qu’il a dit, alors, on pourrait vraiment y voir comme l’amorce d’une révolution ».

Jean-Yves Boulic

L’EST REPUBLICAIN

« On naît De Gaulle, on ne le devient pas. N’est pas non plus philosophe qui veut. La preuve, la politique de civilisation développée à nouveau par le président de la République n’est rien d’autre qu’un rideau de fumée. Alors, la conférence de presse de Nicolas Sarkozy ne sera pas l’un des tournants du quinquennat. Elle restera dans les mémoires comme un moment de communication plutôt bien maîtrisé, durant lequel Nicolas Sarkozy a fait du Sarkozy. Bon sur la forme, persuasif lorsqu’il invite les Français à s’unir autour d’une cause commune, volontariste dans les intentions et très flou dans les solutions. Un peu comme s’il débitait un énième discours de campagne en oubliant qu’il préside la France depuis huit mois ».

Pierre Taribo


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus