Un système à bout de souffle, l’analyse du PCR se vérifie et voit se dresser contre elle des combats d’arrière-garde

Rien n’arrêtera le changement à La Réunion

25 janvier 2016, par Manuel Marchal

70 ans après sa transformation de colonie en Département, La Réunion est aujourd’hui à la croisée des chemins. Le modèle en place montre toutes ses limites, et le constat est aujourd’hui largement partagé. 57 ans après la fondation du PCR, son analyse et ses thèses se sont diffusées partout. C’est le moment où des diviseurs lancent des combats d’arrière-garde pour tenter de maintenir ce système à bout de bras.

Aujourd’hui, plus personne n’interdit le maloya de s’exprimer publiquement.

À la sortie de la Seconde guerre mondiale, La Réunion était un pays ruiné. La priorité était de libérer l’écrasante majorité de la population de la grande misère, responsable d’un taux de mortalité effrayant. Pour y arriver le plus rapidement possible, la solution était d’appliquer au plus vite toutes les lois sociales qui ont fait de la France un pays très avancé dans ce domaine.

Mais cette égalité a été refusée sous un prétexte financier, tout en intégrant l’économie de La Réunion, une économie sous-developpée, à celle de la France, un des pays les plus riches du monde. Le résultat de cette mise en concurrence, sans aucune protection, était couru d’avance : l’économie réunionnaise est dévastée. Le système ne peut que produire chaque année toujours plus de chômeurs.

Le changement en marche

13 ans après la création du département de La Réunion, les communistes réunionnais étaient convaincus que l’application dévoyée de la loi du 19 mars 1946, allait mener le pays dans l’impasse. En effet, le refus de l’égalité avait bloqué le développement de La Réunion. En fonction de son analyse, la Fédération communiste s’est transformée en PCR, un outil de lutte au service du peuple réunionnais pour faire entendre ses revendications spécifiques. Comme moyen, le PCR proposait une assemblée pour que les Réunionnais puissent gérer leurs affaires.

Pendant des décennies, les thèses du PCR ont été combattues avec une rare violence. Pour empêcher les communistes de mettre en œuvre cette politique, le droit de vote n’était plus respecté, et le PCR était interdit d’antenne. La fraude électorale sévissait. Pour nier l’existence d’une culture réunionnaise, le pouvoir interdisait le maloya.

Mais la mobilisation des communistes a permis de desserrer l’étau. Aujourd’hui, l’analyse de 1959 a indiscutablement progressé. Plus personne n’oserait aujourd’hui interdire le 20 décembre ou une troupe de maloya de s’exprimer. Quant à réforme institutionnelle, c’est aussi un point de vue qui rassemble, bien au-delà du PCR. La pratique a en effet démontré l’impérieuse nécessité de changement. Le débat sur la loi d’égalité réelle permettra d’accélérer le mouvement, pour restructurer profondément La Réunion.

Les masques tombent

C’est au moment où triomphe l’analyse du PCR que des masques tombent. Des personnes sont arrivées à des positions de pouvoir grâce au sacrifice des militants communistes. Mais après avoir goûté aux ors de la République, pourquoi changer le système ? Pourquoi ne pas le maintenir en corrigeant à la marge pour qu’il se perpétue ?

C’est bien là que se joue la confrontation idéologique entre le PCR qui voit le triomphe de ses thèses, et des dissidents qui rompent avec l’idée du changement.

Ces derniers sont sur la défensive. Il suffit de se souvenir du déclin de Huguette Bello qui a décidé d’abandonner Saint-Paul, alors qu’elle en était encore maire en 2014.

Leurs combats d’arrière-garde ne font qu’une seule victime : la majorité de la population qui n’a aucun espoir de voir sa situation s’améliorer dans le système actuel. Heureusement que la volonté de changement, désormais largement partagée, puisse se concrétiser rapidement.

M.M.

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Messages

  • Les ors de la République, tous les élus s’y vautrent.
    Les désillusions des années 80 ont marqué à jamais le peu d’espoir à une action politique contre le système.
    Personne s’attaque aux véritables causes de la dégradation sociale et de la précarité.
    Tant que notre économie sera entre les mains des importateurs, soutenus par tous les Partis Politiques, parce que les élus en sont les privilégiés matériels et que le système leur attribut de pouvoirs féodaux avec des cumuls et des autorisations à des délits sans sanction judiciaire, le changement ne se fera pas.
    Par contre une révolte dirigée contre la classe politique restera le seul rapport de force contre le colonialisme et la féodalité.


Témoignages - 80e année


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