Les socialistes votent ce mercredi sur la Constitution européenne

Rumeurs persistantes de fraude

29 novembre 2004

À La Réunion, où la fédération socialiste dit se désintéresser d’un scrutin qui pèsera pourtant sur la vie de son parti, les votes des adhérents devraient se partager entre une grosse moitié de “oui” et une petite moitié de “non”.

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La semaine qui commence va-t-elle modifier la vie politique française ? C’est ce qui semble s’annoncer avec l’élection, hier, à la tête de l’UMP de Nicolas Sarkozy et mercredi prochain le vote des militants socialistes sur le projet de Constitution européenne. Sans compter la décision de la Cour d’Appel de Bordeaux dans le cas Alain Juppé et le remaniement ministériel qui marquera le départ de Nicolas Sarkozy du gouvernement.
Il est clair que le paysage politique français ne sera plus le même en ce début du mois de décembre. Ce qui est en jeu n’est pas seulement le destin d’hommes politiques de premier plan : Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, Laurent Fabius, François Hollande...
À droite, l’élection du nouveau président de l’UMP marque l’émergence des forces de droite les plus libérales qui, avec le MEDEF, voudraient tourner la page chiraquienne.
Au PS, le résultat du référendum indiquera quelle option les socialistes prendront face à la montée en puissance des politiques libérales : ou les combattre de face en s’appuyant sur un mouvement de rejet populaire ou espérer biaiser et pratiquer un "réformisme assuré", selon l’expression de François Hollande. Ce choix va peser sur la vie interne du PS et, au-delà, sur la pratique qui pourrait être celle d’un gouvernement à dominante socialiste en cas d’alternance en 2007. Ce n’est donc pas seulement une querelle de personnes.
Force est de constater que les antennes réunionnaises de l’UMP et du PS n’ont pas répercuté ici la teneur des débats ainsi engagés au sein de leur parti respectif. La palme revient incontestablement aux socialistes qui, au prétexte de ne pas se mêler à une bataille entre présidentiables du parti, nous ont joué l’air du “pa la èk sa”. Une rumeur assure même que la fédération va voter en un sens qui ne la mettra pas en porte-à-faux, quel que soit le résultat qui sera enregistré à Paris : une grosse moitié de “oui” pour une petite moitié de “non”.

La bataille fait rage

Or, en Métropole, la bataille fait rage entre les deux camps. Au point où, à quelques journées du scrutin, des accusations de fraude sont lancées.
“Le Monde”, dans son édition datée de vendredi, en fait l’écho. "À quelques jours de la consultation des militants sur la Constitution européenne, des partisans du "non" évoquent des pressions contre les élus et redoutent que l’issue du scrutin soit "faussée". Dans certaines fédérations, des scrutateurs seront chargés de contrôler le bon déroulement du vote", écrit le journal parisien.
Dans certains départements, disent les partisans du “non”, "l’issue du scrutin serait par avance "faussée"".
"Ces accusations portent sur une minorité de fédérations, nommément citées : les Bouches-du-Rhône, l’Hérault et la Haute-Vienne, où le "oui" est largement donné gagnant. Ces départements ont la réputation d’établir au préalable le score, dans les congrès, de l’élection du premier secrétaire. Les partisans du "oui" répliquent en montrant du doigt des bastions du "non", comme les Landes et la Seine-Maritime où, affirment-ils, le score devrait être sans partage. Dans tous les cas, la procédure référendaire, utilisée pour la première fois, accentue les craintes",
écrit “Le Monde”.
"Résultat : chacune des 3.700 sections dans lesquelles les adhérents du PS vont voter sera sous surveillance. Des assesseurs, un pour le "oui", un pour le "non", y seront présents. Parfois, des "scrutateurs" seront même délégués pour contrôler le bon déroulement du scrutin. Les courants minoritaires Nouveau Monde et Nouveau Parti socialiste (NPS) ont même envisagé de requérir la présence d’huissiers, avant d’y renoncer", précise le journal parisien.

Fédération verrouillée

Celui-ci poursuit ainsi : "en Haute-Vienne, où s’est tenu, mercredi 24 novembre, un débat contradictoire en présence de Ségolène Royal pour le "oui" et d’Henri Emmanuelli pour le "non", c’est l’organisation même du débat qui est en cause. Très remonté, le fabiusien Daniel Nouaille, vice-président du Conseil régional du Limousin, dénonce la "fédération la plus verrouillée de France, qui ne supporte pas le débat démocratique ni les expressions différentes".
Xavier Aucompte, partisan de NPS, évoque lui aussi "l’opacité de la préparation du référendum" et annonce d’ores et déjà "un recours en annulation pour non-respect des procédures statutaires du parti".
Dans les Bouches-du-Rhône, suspectée d’"organiser" une mobilisation importante pour le "oui", une entrevue a déjà eu lieu entre Laurent Fabius et le président du Conseil général, Jean-Noël Guérini. Sans que la rencontre débouche sur un cessez-le-feu. "C’est la Floride du PS", a ironisé Arnaud Montebourg, cofondateur de NPS."

À ces accusations, les partisans du “oui” répondent que "la fraude est un argument de panique qui traduit une peur de perdre" et dénoncent à leur tour des difficultés à organiser des débats contradictoires là où le “non” est majoritaire.
Tous les litiges éventuels seront tranchés par la commission nationale du débat qui a été mise en place dès l’annonce du référendum et qui est composée paritairement de partisans du “oui” comme du “non”.

J. M.


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