Un projet sur dix ans

S’attaquer aux fonctionnaires, une idée fixe

28 septembre 2004

Le projet du gouvernement n’a rien de rassurant. Pour faire des économies, le ministre de la Fonction publique, interrogé par le “Figaro Magazine”, envisage de doubler les réductions d’effectifs.

Les fonctionnaires sont accusés d’être trop nombreux. Interrogé par “Le Figaro Magazine” de dimanche dernier, le ministre de la Fonction publique, Renaud Dutreuil, a été fidèle à l’image de marque du gouvernement Raffarin, en lançant une nouvelle charge contre les fonctionnaires.
Pour cela, le ministre compte saisir une formidable opportunité : le départ en retraite de plus de la moitié des fonctionnaires. S’abritant derrière des prétextes tels que le refus de la hausse des impôts, la diminution de la dette, le pacte européen, Renaud Dutreuil livre sa conclusion : "il faut réduire les effectifs de la fonction publique d’État".
Une réduction significative, car "il faut viser un flux d’embauche annuel de 40.000 fonctionnaires jusqu’en 2015", au lieu des 77.000 actuels. Ce qui revient à un déficit d’embauches de 370.000 en dix ans.
Et d’après le ministre, la route est déjà tracée : "En 2004, nous avons réduit les effectifs de 2.500 personnes. En 2005, nous prévoyons de plus que doubler cette réduction d’effectifs".
Voilà qui ne rassurera guère ceux qui luttent pour que les Réunionnais puissent avoir droit à la même qualité de service public que les citoyens de France. Cela donne une idée de la bataille à mener pour que l’État assume ses responsabilités en donnant des moyens suffisants pour un véritable plan de rattrapage, notamment sur le plan des effectifs.

Les directeurs payés en fonction des résultats

Pour ceux qui s’inquiètent des conséquences du plan de pénurie organisée, le ministre affirme qu’il réfléchit, "non pas à un toilettage mais à une réforme en profondeur de la fonction publique".
Parmi les pistes de “modernisation”, l’une d’entre elles, déjà appliquée, laisse sans voix : "Nous venons d’ailleurs d’adresser à chaque directeur d’administration centrale une lettre lui fixant un objectif et lui indiquant que sa rémunération (qui pourra varier de 100 à 120) sera en fonction des résultats obtenus. C’est une révolution".
Dans cette “révolution”, "il n’y a pas de tabou", et pour montrer que personne ne sera épargné, Renaud Dutreuil annonce que l’informatisation des services fiscaux permettra de supprimer 5.000 postes au ministère des Finances.
Une “révolution” d’autant plus urgente que d’après lui, "le système public vit au-dessus de ses moyens". Renaud Dutreuil annonce d’ailleurs la couleur : "2005 doit donc être une année d’accélération des réformes, après deux années déjà riches à cet égard".
Il compte présenter son plan d’économie drastique en 2005 au plus tard, alors qu’il affirme dans le même temps que le budget de l’an prochain sera marqué par de nouvelles baisses d’impôts.
Chacun aura compris que l’État sera privé de recettes bien précieuses, ce qui donnera encore la possibilité aux libéraux de trouver de nouveaux arguments pour attaquer encore davantage les services publics qui, au contraire des baisses d’impôts ciblées, profitent à tous.


Coup de patte à Sarkozy

Interrogé par “Le Figaro Magazine” sur les qualités qui doivent être nécessaires selon lui au futur ministre de l’Économie, Renaud Dutreuil en cite une en priorité : "une loyauté totale envers le président de la République". L’actuel locataire de Bercy, Nicolas Sarkozy, doit apprécier une telle remarque venant de la part d’un de ses collègues du gouvernement.


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