L’évocation historique par Paul Dennemont

Saint-André : berceau du PCR et symbole de résistance

25 janvier 2013

Lors de l’assemblée générale, Paul Dennemont a rappelé que depuis la création du PCR, Saint-André a toujours été le théâtre de grandes luttes menées par les dirigeants du Parti.

Chers camarades, le PCR a Saint-André est à un tournant de son histoire. Ce qui donne à notre assemblée d’aujourd’hui une signification particulière. En effet, si nous sommes rassemblés cet après-midi, c’est parce qu’ensemble nous avons décidé et pris l’engagement de reconstruire la section PCR de Saint André. (…)

En octobre 1988, au moment de la disparition tragique de Laurent Vergès qui dirigeait notre section, nous avions été unanimes à estimer, à croire que le plus grand hommage que nous pourrions lui rendre, c’était de ne jamais baisser les bras et de toujours continuer la lutte. C’était aussi le sens du discours d’Élie Hoarau prononcé au cimetière de l’Est, le 15 octobre 1988, en hommage à Laurent. Aujourd’hui, notre section, notre parti sont en difficultés à Saint-André, il faut alors nous montrer dignes, tenir notre engagement et ne pas faiblir, par respect pour sa mémoire. Nous devons bien cela, à Laurent.

Nous ne pouvons pas imaginer un seul instant Saint-André sans l’existence de notre parti. Saint André sans PCR ce serait comme un rougail sans piment. D’autant plus que notre commune est considérée comme étant un peu le berceau, la maison du PCR. Notre parti est ancré à Saint-André depuis plus d’un demi-siècle, comme si son zombri aurait été enterré ici. C’est ici chez nous que le PCR a livré sans doute ses plus belles batailles. Pas ailleurs, Saint-André est l’une des rares communes à avoir eu le privilège et l’honneur d’adopter, d’accueillir sur ses terres, au cours de ce demi-siècle, les dirigeants, les personnalités, les figures les plus éminents de notre parti.

Le Dr. Raymond Vergès et Ary Payet

Ainsi avant même la création du PCR au Port en mai 1959, Saint-André avait déjà accueilli le Docteur Raymond Vergès, élu maire de la commune en mai 1945 (CRADS) et réélu en 1951 (PCF). Il y restera jusqu’à sa mort, le 2 juillet 1957.

N’oublions pas aussi que le Dr. Vergès a été médecin à Saint-André. Il a vécu ici. Nous regrettons d’ailleurs qu’aucune rue ou bâtiment ne porte son nom. Après la disparition du Dr Vergès, les communistes de Saint-André, les travailleurs, les planteurs ont eu la chance d’avoir à leurs côtés, Ary Payet, un compagnon du docteur. C’est lui qui fut, avec un courage exemplaire, à la tête de toutes les luttes à Saint-André jusqu’en 1980 dans des conditions difficiles. Ary Payet était un militant, un dirigeant passionné jusqu’à sa mort en juin 1989 ici même à Saint-André.

Jean-Baptiste Ponama et Bruny Payet

Il y a eu aussi une autre personnalité que nous devons citer, c’est Jean-Baptiste Ponama, dirigeant du PCR jusqu’au bout des années 1970. Il a été candidat à Saint-André lors notamment des municipales mémorables du 24 septembre 1967, puis en mars 1971. Il a fait partie de ceux qui avaient été frappés par l’ordonnance d’octobre 1960 de Michel Debré. Nous pensons également à Bruny Payet, autre dirigeant du parti, et qui a été secrétaire de Mairie à Saint-André sous la mandature du Docteur Vergès, qui s’est battu souvent dans l’Est et à Saint-André notamment.

Paul Vergès

Camarades, nous ne pouvons pas parler du PCR à Saint-André sans évoquer surtout Paul Vergès. En effet, certains d’entre nous ont peut-être tendance à oublier que notre camarade Paul est le dirigeant communiste qui, dans la durée, a le plus combattu à Saint-André et dans les pires conditions. Il a été candidat à Saint-André, déjà lors des municipales partielles du 15 septembre 1957 où la fraude électorale avait été inaugurée. Candidat aux législatives du 5 mai 1963 dans la circonscription contre Michel Debré, élu avec plus de 80% des voix grâce à la fraude. Il a été encore candidat aux municipales du 10 décembre 1967 : marquée par la violence avec la mort de Savigny. Candidat encore aux municipales de 1969. Plus tard, aux législatives de juin 1988. Et on ne compte pas les réunions, meetings, manifestations diverses et les luttes menées ici à Saint-André par Paul Vergès. Ici à Saint-André Paul Vergès était comme chez lui, il est et restera toujours ici chez lui. Et n’en déplaise à certains. Nous devons beaucoup à Paul Vergès envers qui il nous faut faire preuve de modestie, même si on est un élu, et non se montrer arrogant, comme certains.

Laurent Vergès

En 1982, c’est encore un autre grand dirigeant du PCR qui s’installe politiquement à Saint-André. Notre jeune camarade Laurent dont nous avons admiré le courage, l’audace, la modestie et la proximité. Il a été l’objet de toutes les insultes parfois même racistes. On lui a volé la victoire en mars 1983. Il avait réussi à rassembler des milliers d’hommes, de femmes et des jeunes. Il a disparu tragiquement en octobre 1988, mais il est toujours présent dans nos mémoires et aujourd’hui plus que jamais.

Claude Hoarau, Lucet Langenier, Pierre Vergès, Élie Hoarau

Autre figure du PCR, Claude Hoarau qui en mars 1992 signe la retraite de Louis Virapoullé au conseil général. Candidat malheureux en juin 1997 où il siégeait depuis 11 ans. Il y a eu bien entendu Lucet Langenier, Pierre Vergès et bien sûr Élie Hoarau qui a toujours été présent à Saint-André quand il le fallait, lors de nombreuses batailles. Ces faits, ce constat, camarades, sont la preuve que Saint-André est le berceau, la maison du PCR. Ça, c’est notre histoire, notre patrimoine, notre fierté, et personne ne pourra l’effacer ou nous l’enlever.

La résistance des dirigeants du PCR

Camarades, Saint-André n’est pas seulement le berceau du PCR, il est aussi le symbole de la résistance. Résistance qui a débuté au lendemain du décès du Dr Vergès. Résistance contre le pouvoir politique, contre la fraude électorale, le bourrage d’urnes, la corruption. Résistance contre les violences policières et les nervis, contre le pouvoir judiciaire, résistance contre les médias dominants, contre les injustices. À cela s’ajoutent les luttes pour la reconnaissance et l’affirmation de l’identité réunionnaise, pour l’égalité... etc.

Camarades, c’est grâce à cette résistance farouche des dirigeants du PCR, de nos ainés et d’autres militants, hommes et femmes au cours de longues années qu’une page a été tournée en mars 2008. Ça, nous ne devons jamais l’oublier. Malheureusement, nous constatons aujourd’hui que la victoire que représentait la défaite de Virapoullé a été dévoyée, détournée de ses objectifs. Elle aurait du permettre de renforcer notre parti et non le détruire. Face à cela, il nous faut donc à notre tour résister.

Alors comme dirait la chanson de Michel Fugain, le Chiffon Rouge, et magnifiquement traduite en créole par notre ami Georges Gauvin de Saint-Denis, je voudrais dire particulièrement à tous les camarades de Saint-André réunis ici :

Kamarad, amar dsi zot kèr

In pti morso shifon rouz

In pti flèr loulèr rouz

É si zot i vé vréman sa i shanj é sa i bouj

Alor lèv à zot, na zis lo tan.

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