Sarkozy invente la flexibilité positive

30 octobre 2008

Pour sa conférence sur l’Emploi, Nicolas Sarkozy a changé de posture : fini le pragmatique sobre du début de la crise, c’est le retour du démagogue qui sauve les banques pour aider les contribuables et veut laisser le choix à chacun de travailler quand il veut, y compris le dimanche.

A la tribune dressée en terre ardennaise, le président de la République avait un ton implorant. « Ce que j’ai fait pour les banques, je l’ai fait pour les salariés, la croissance, l’emploi... », se justifiait-il. Alors que le 16 septembre dernier, il avait sobrement présenté en un quart d’heure à l’Elysée son plan de 360 milliards pour sauver les banques, Nicolas Sarkozy a pris plus de 40 minutes à Rethel pour expliquer (un peu) son plan pour l’emploi et justifier (beaucoup) ses décisions en faveur de la finance.

Tous ces milliards, je les ai dépensés pour vous !

Avant même d’évoquer la première mesure concrète pour l’emploi, le Président est longuement revenu sur ses décisions des dernières semaines, soulignant la vitesse et la force de son action économique : « les 27 ont adopté un plan commun : c’est historique ! », a-t-il insisté avant de préciser que la France l’avait adopté « en 3 jours ». « En 1929, il n’y a pas eu de plan pour faire face à la grande crise », a osé Sarkozy.

Un numéro d’auto-satisfaction qui n’était qu’un préalable à une longue auto-justification : « lequel d’entre vous n’a pas de compte en banque ici ? », a-t-il lancé à la cantonade avant de demander : « si j’avais laissé tomber les banques, lequel aurait été satisfait ? ».

Une sécurité sociale professionnelle

Arguant d’un « sentiment d’insécurité face à l’emploi » - et non pas des chiffres du chômage qui s’annoncent très mauvais -, il a annoncé la mise en place d’une « sécurité sociale professionnelle », se concentrant sur « l’employabilité » des Français. Les trois principes de bases seront : la formation continue, la simplification des mécanismes d’indemnisation du chômage et de recherche d’emploi et la réduction de la durée d’éloignement du monde du travail.

Au centre de ce nouveau système, la fusion ANPE-Assédic doit permettre, selon Sarkozy, la réduction des fraudes. Ces nouveaux « pôles emploi » devront proposer un suivi étroit, réduire l’attente des intérimaires et CDD ayant terminé leur contrat et intégrer des conseillers spécialisés dans certains branches d’activité. Objectif : avoir remplacé tous les centres ANPE et Assédic par la nouvelle structure avant l’été 2009.

100.000 contrats aidés en plus

Le chef de l’Etat a annoncé 100.000 contrats aidés de plus que les 220.000 prévus dans le projet de loi de Finances 2009. « Tout le monde n’est pas prêt à intégrer l’entreprise directement. Les contrats dans le secteur non-marchand sont un sas utile », a justifié Nicolas Sarkozy, oubliant au passage qu’il prévoyait d’en supprimer 135.000.

Comme prévu, le Contrat de Transition Professionnel (CTP) sera généralisé à d’autres bassins d’emplois sinistrés que les 7 où il a été expérimenté ces deux dernières années (dont les Ardennes). La Convention de Reclassement Personnalisée sera donc abandonnée au profit du CTP, même si ce dernier est largement critiqué en raison de son coût élevé. Ressortant les violons, Nicolas Sarkozy a promis un contrôle de toutes ces mesures afin d’avoir « des résultats pour vous ». Applaudissements dans la salle, le Président était assez chaud pour sortir l’artillerie.

Précarisation, travail le dimanche... battre le fer tant qu’il est chaud !

De fait, si Sarkozy a menacé de sa plus grande sévérité les entreprises qui profiteraient de la crise pour mettre à exécution des « stratégies cyniques ou opportunistes », il ne s’est pas privé d’esquisser les futurs coups de sabres portés au droit du travail. En appelant à l’impératif de « lever les obstacles à l’inactivité », il est revenu sur la nécessité, selon lui, du travail le dimanche. L’occasion pour le président d’interpréter une nouvelle fois le sketch des Champs Elysées (un trottoir ouvert le dimanche, celui d’en face fermé) et de la caissière de la Fnac dont la journée de dimanche « n’est pas plus longue que le lundi ».

« Pas d’idéologies, pas de tabous », a-t-il annoncé. Dont acte : Sarkozy a déclaré vouloir simplifier le recours des entreprises, notamment des PME, au CDD. L’occasion de se fendre d’un sophisme que n’aurait pas renié Laurence Parisot : « on dit qu’un CDD en plus, c’est un CDI en moins. Mais en temps de crise : un CDD en plus, c’est un chômeur en moins ! ». Une bonne façon en effet de lutter contre le « sentiment d’insécurité face à l’emploi » ! Mais, après tout, ce n’est qu’on sentiment...

Sylvain Lapoix


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