Budget 2005 : Chômeurs, 35 heures, “niches fiscales”...

Sarkozy le fossoyeur

18 mai 2004

Dans un entretien accordé au “Figaro”, Nicolas Sarkozy dénonce les chômeurs, les 35 heures, les “niches fiscales”... et entend tout remettre en cause. Cela, dans l’élaboration d’un budget 2005 qui, selon lui, n’est pas un budget de rigueur...

Nicolas Sarkozy va s’attaquer aux 35 heures. (photo Imaz Press Réunion)

Dans son édition d’hier lundi, “Le Figaro” publie l’entretien qu’il a eu avec le ministre de l’Économie et des finances, Nicolas Sarkozy. Confirmation de ce qui était dit jusque là : c’est la remise en cause des acquis sociaux, comme les 35 heures ; c’est la culpabilisation des plus démunis et des privés d’emploi, qui, selon lui, ne font pas d’efforts pour retrouver un travail...
Morceaux choisis.

“Pas de rigueur”
“Le Figaro” a demandé au ministre des Finances : "Faut-il parler de politique de rigueur ?".
Réponse de l’intéressé : "Non. Quel Français peut penser qu’on est trop rigoureux quand les dépenses de l’État sont supérieures de 20% à ses recettes ?". Si ce n’est pas une politique de rigueur, cela y ressemble fort, néanmoins. Surtout que cette rigueur ne s’applique pas à tout le monde (voir “Témoignages” du vendredi 14 mai - p. 16).
Rappelant que "toutes les recettes supplémentaires issues de la croissance seront en priorité affectées à la réduction du déficit", Nicolas Sarkozy explique qu’"il faudra faire des choix. Tout ne peut pas être prioritaire. Si l’on veut engager des dépenses nouvelles, notamment en faveur de la cohésion sociale, il faudra bien les financer par des économies (...)".

Les chômeurs montrés du doigt
L’idéologie ultra-libérale de Sarkozy se révèle encore une fois au grand jour : "Pour les “recalculés”, je pense que la décision était inévitable du point de vue social. Mais elle ne sera viable d’un point de vue économique que si on va au bout de la logique : il ne peut pas exister de contrat sans obligations réciproques. Et l’obligation contractuelle à la charge du chômeur qui touche les allocations payées par les cotisations des Français qui travaillent, c’est de s’engager à rechercher un emploi et à l’occuper, même s’il ne correspond pas à toutes ses aspirations".
François Fillon, lorsqu’il était ministre du Travail, avait le même discours et s’était dit favorable à un système d’indemnisation graduée sur "les efforts qui sont faits pour retrouver un emploi".

La remise en cause des 35 heures
Nicolas Sarkozy va s’attaquer aux 35 heures, sous prétexte que l’Allemagne "est en train de réfléchir aux 40 heures". Et de préciser : "indépendamment des conséquences pour la compétitivité des entreprises et pour le pouvoir d’achat, ce que personne ne veut vraiment regarder en face aujourd’hui, c’est que le désastre financier des 35 heures est supporté par l’État, c’est-à-dire le contribuable. Les exonérations de charges au titre des 35 heures se chiffrent à 11 milliards d’euros. Et bientôt 16 milliards ! (...)".
Le ministre fait référence au rapport Ollier-Novelli, qui "contient des propositions innovantes". Et il poursuit : "Pour une partie de la population, les 35 heures sont un acquis social. Je le comprends. Mais au nom de quoi obliger tous les salariés à marcher au pas cadencé ? Deux systèmes pourraient cohabiter dans les entreprises : un pour le salarié qui veut rester aux 35 heures et un pour celui qui souhaite travailler plus. Chacun pourrait même changer de régime d’une année sur l’autre".
Le dossier pourrait revenir vraiment à l’ordre du jour en septembre...

Le salaire au mérite
Le ministre revient sur son idée du salaire au mérite et à la souplesse. "Y compris dans la fonction publique. On doit y faire des gains de productivité, mais je souhaite aussi pouvoir récompenser ceux qui travaillent plus en les faisant bénéficier de systèmes indemnitaires et de plans de qualification qui augmenteront leur pouvoir d’achat. Cette question du pouvoir d’achat n’est pas un tabou".
Il est vraiment temps de stopper net cette politique désastreuse de démolition sociale. L’occasion est offerte le 13 juin, avec les élections européennes.

Dominique Besson


“Recyclage” des “niches fiscales” :
quintuple attaque de l’économie d’Outre-mer

L’économie d’Outre-mer va connaître successivement quatre attaques : le gel de crédits pour 2004, les restrictions pour 2005, la remise en cause de la loi programme, une loi sur l’autonomie financière qui ne prend pas en compte les spécificités et enfin la chasse aux “niches fiscales”.

À la question du “Figaro” : "On a le sentiment que la baisse des impôts est remise à plus tard...", Nicolas Sarkozy répond : "Non, elle reste nécessaire. Encore faut-il savoir comment la financer. J’ai proposé, pour cela, une méthode : recycler l’argent des niches fiscales qui sont injustes ou inefficaces pour réaliser une baisse des taux qui, elle, profitera à tous les contribuables".
Ce n’est pas la première fois que le sujet des “niches fiscales” est à l’ordre du jour. Le ministre pense-t-il à la “solution” Méhaignerie ?
Celui-ci, dans une tribune libre parue dans le même journal, avait déclaré : "Il est souhaitable de distinguer les “acquis sociaux”, dont nombre sont justifiés, des égoïsmes catégoriels, qui s’apparentent à de véritables privilèges".
Il avait précisé : "est-il vraiment légitime de continuer à verser à certains fonctionnaires, au prétexte qu’ils exercent outre-mer, des salaires et pensions de façon aussi majorée qu’aujourd’hui ? Alors qu’une partie de cette dépense - plus de 2 milliards d’euros - gagnerait à être redéployée, par exemple, en faveur d’une plus grande égalité des chances dans les établissements des zones d’éducation prioritaires (ZEP) ?".

Tous azimuts

L’Outre-mer va donc connaître des mois voire des années extrêmement sombres. Rappelons que, dans le cadre de l’équilibre du budget 2004, tous les ministères vont être appelés à faire des économies, Outre-mer compris. Par ailleurs, pour la préparation du budget 2005, ils sont appelés à ne pas dépenser un euro de plus que les années précédentes. En clair, le prochain budget sera forcément en forte régression par rapport aux budgets initiaux votés depuis 2002.
Dans le même temps, toujours pour maîtriser les déficits, Nicolas Sarkozy veut s’attaquer aux lois de programmation : armée, sécurité intérieur, justice, mais aussi... Outre-mer.
Par ailleurs, avec le vote aujourd’hui, du projet de loi d’autonomie financière des collectivités locales, l’outre-mer aura encore beaucoup à perdre.
Enfin, ce sont les produits des dites “niches fiscales” qui vont être redéployés, non pour un développement de l’Outre-mer, mais au niveau national...
Ce sont des coups mortels qui vont être portés à notre développement...

D. B.


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