Sauvegarder nos intérêts au sein de l’Union Européenne avec Elie Hoarau

23 mai 2009, par Risham Badroudine

Grâce à 30 ans de luttes, on a pu obtenir de l’Europe l’accès à des fonds qui permettent aujourd’hui de financer des lycées, des routes, la formation professionnelle, l’aide aux planteurs… La création des RUP (Région Ultrapériphérique) s’est faite à l’initiative de Paul Vergès. Elle a permis une reconnaissance par l’Europe de la spécificité des régions d’Outre-mer, caractérisée par leur grand éloignement et des handicaps permanents. C’est ainsi que ces régions ont pu s’inscrire dans l’Objectif 1 (actuellement dénommé Objectif Convergence) et de bénéficier de l’ensemble des fonds structurels rattachés. Aujourd’hui, le résultat de ces luttes doit être sauvegardé. Depuis quelques années, l’Europe applique de plus en plus les règles d’une mondialisation ultra-libérale qui constitue un danger pour l’Outre-mer. Elie Hoarau luttera contre ce danger afin de défendre l’intérêt général de nos régions.

Tout est parti d’une proposition de résolution sur les problèmes régionaux des Départements d’Outre-mer déposée par Paul Vergès devant le Parlement européen en 1984. Suite à cette initiative, la Commission de Politique Régionale du Parlement Européen s’est rendu sur notre île en 1985. Elle a rédigé le Rapport Ligios.

La Reconnaissance de l’Outre-mer au sein de l’Europe est une initiative réunionnaise

En 1987, la résolution sur les problèmes régionaux des DOM était adoptée par le Parlement européen. C’est donc d’une initiative réunionnaise menée jusqu’à l’adoption de ce rapport que date la première reconnaissance par l’Europe de la spécificité des régions d’Outre-mer, caractérisée par leur grand éloignement et des handicaps permanents.
Cette reconnaissance a permis dès 1989 l’élaboration du POSEIDOM (Programme d’Option Spécifique à l’Eloignement et à l’Insularité des Départements d’Outre-mer) concernant La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. Après l’adhésion de l’Espagne et du Portugal, cette demande a été étendue aux Canaries par l’élaboration du POSEICAN et aux Açores, et à Madère par le POSEIMAD.
Ainsi, les quatre régions françaises d’Outre-mer (La Réunion, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane), les deux régions insulaires portugaises (Madère, Açores) et la région autonome espagnole (les Canaries) bénéficient de programmes spécifiques fondés sur la reconnaissance de leurs spécificités, de leurs particularités et la nécessité de compenser leurs handicaps structurels, lesquels découlent à la fois de leur grand éloignement et de leur isolement. C’est ainsi que s’est forgée la communauté d’intérêts unissant les 7 Régions Ultra-périphériques.

Situation unique de l’Outre-mer au sein de l’Union Européenne

L’Outre-mer se trouve dans une situation unique au sein de l’Union Européenne. Dans un contexte naturel marqué par l’insularité (six des sept Régions Ultrapériphérique sont des îles), un climat tropical et un relief souvent accidenté et volcanique, elles sont très éloignées du continent européen, tout en étant souvent entourées par des pays en voie de développement.
Leur poids économique et démographique est relativement faible par rapport à celui de l’Union. Sur le plan socio-économique, elles se caractérisent par un PIB qui atteint en moyenne 77% du PIB communautaire et un taux de chômage élevé pour la plupart d’entre elles, notamment chez les jeunes.

En 1992, une déclaration reconnaissant leur situation particulière était annexée au Traité de Maastricht. La déclaration : « reconnaît que les Régions Ultra-périphériques de la Communauté (…) subissent un retard structurel important aggravé par plusieurs phénomènes (grand éloignement, insularité, faible superficie, relief et climat difficile, dépendance économique vis-à-vis de quelques produits) dont la constance et le cumul portent lourdement préjudice à leur développement économique et social » et « prévoie d’adopter des mesures spécifiques en leur faveur, dans la mesure et aussi longtemps qu’il existe un besoin objectif de prendre de telles mesures (…) en vue de permettre à ces régions de rattraper le niveau économique et social moyen de la Communauté ». Les RUP se dotent d’une structure politique pour négocier collectivement : la Conférence des Présidents des RUP.

Les Présidents des RUP tiennent leur première conférence en 1995 et fixent comme objectif la reconnaissance de leurs spécificités dans le corps même du Traité de l’Union Européenne. Cet objectif est atteint en 1997, avec l’inscription dans le Traité d’Amsterdam de l’article 299-2.
Cet article reconnaît juridiquement la spécificité de ces RUP, et la nécessité d’adapter les politiques de l’Union à ces réalités ultrapériphériques.
Régulièrement, la problématique des relations des RUP fait l’objet de textes de réévaluation, d’expertises, de recommandations. Ils émanent tant du Parlement européen, de la Commission de Bruxelles, des Etats membres ou des RUP. Ainsi on peut dénombrer une grande diversité de rapports, de mémorandums, de communications, de déclarations. Le Rapport Marquès intervient au moment de l’élargissement de l’UE et de toutes ses conséquences pour les RUP.

Si le soutien de l’UE a contribué à nombre de réalisations dans nos régions en retard de développement, beaucoup reste encore à faire pour que l’Union adopte dans les faits une stratégie cohérente pour le développement durable de nos territoires. C’est pourquoi les enjeux de ces élections sont d’une grande importance.

L’Outre-mer un atout pour l’Europe

Mais il faut aussi savoir que c’est l’Outre-mer qui confère à l’espace maritime communautaire son premier rang mondial.
C’est la situation géographique de Kourou en Guyane qui contribue significativement au différentiel de compétitivité en faveur de l’industrie aérospatiale européenne face à ses concurrentes.
L’océan, l’espace, mais on pourrait aussi citer la biodiversité exceptionnelle de l’Outre-mer, leur importance pour une meilleure connaissance des phénomènes climatiques, ou encore leur apport en termes de diversité culturelle. Autant de domaines indissociablement liés au rayonnement actuel et futur de l’Union.
Le grand éloignement de l’ensemble continental auquel les Outre-mer sont intégrés, combiné à la proximité géographique d’autres continents, avec qui l’UE a des accords, constitue un atout pour l’Europe. Cette caractéristique de l’Outre-mer de double appartenance (présence de l’Europe dans tous les Océans) offre une perspective réelle pour un co-développement durable de ces espaces, tous confrontés à des défis majeurs comme ceux de la démographie ou des fléaux sanitaires.

Le résultat de ces luttes doit être sauvegardé. Aujourd’hui, l’Europe applique de plus en plus les règles d’une mondialisation ultra-libérale. Ces règles jettent les plus petits dans la misère. Elie Hoarau luttera contre cette casse sociale destructrice d’emplois et pour un développement durable. Il faut aujourd’hui se battre pour l’intérêt des Outre-mer.

Risham Badroudine


30 ans de luttes

Depuis 1979, il y a des députés européens qui ont montré leur efficacité. Des luttes ont été menées afin que nous soyons reconnus comme RUP (Région Ultra-Périphérique) et de bénéficier des fonds structurels rattachés. A aucun moment cette initiative n’est venue de Paris.
30 ans après, il y a des Partis parisiens qui nous considèrent comme leurs assistés. La démonstration a été faite que c’est nous qui sommes à l’origine de l’article 299-2 du Traité d’Amsterdam et non Paris. Si le Traité de Constitution européenne avait été adopté en 2005, l’article 299-2 aurait sauté et le droit commun serait appliqué sans la reconnaissance de l’Outre-mer.
Rappelons que le PS ou l’UMP été d’accord avec ce Traité constitutionnel qui aurait anéanti des années de combats pour la reconnaissance de nos spécificités.


A quoi sert un député européen ?

La population est aujourd’hui mal informée. Le flou subsiste quant à la fonction d’un député européen. Pour mieux comprendre son rôle, prenons pour exemple Paul Vergès. Le 10 juin 1979, la liste de Paul Vergès arrive en tête à La Réunion et sur le plan national. Ce 10 juin, Paul Vergès est élu député au Parlement européen. C’est le point de départ d’une amélioration de nos relations avec l’Europe. Paul Vergès sensibilise l’Europe sur la situation de La Réunion. L’Europe prend alors conscience de nos retards et de nos handicaps. Nous avons ainsi eu droit à des programmes d’investissements spécifiques. En 1997, ce droit est inscrit dans le traité de l’Europe (art 299-2 du Traité d’Amsterdam). En même temps, La Réunion et l’Outre-mer en général devient l’interface entre l’Europe et le Monde. Il préfigure de ce que sera le monde de demain. Une nouvelle fraternité se construit à partir de l’Outre-mer. On apporte à l’Europe une expérience unique.

R.B.

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