CNARM

Scandale étouffé ou pas ?

Jean-Hughes Savaranin démissionne

20 octobre 2003

La démission de Jean-Hughes Savaranin à la tête du CNARM (Comité national d’accueil des Réunionnais en Métropole) met momentanément fin à une série de péripéties où des accusations de mauvaise gestion et d’abus ont été portées contre le président démissionnaire. Le dénouement de cette crise aura-t-il une prolongement judiciaire ?

Pour sa défense, Jean-Hughes Saravanin argue, selon le "JIR", qu’il est l’objet d’un règlement de compte politique. Il met à son crédit le fait qu’avant son arrivée à la tête du CNARM, le nombre de départs pour la Métropole est passé de 450 à 3.000. Mais est-ce la seule mission du CNARM ?

Créé en 1964 par Michel Debré, cette structure avait, aux yeux de l’ancien Premier ministre, deux raisons d’être : disposer d’un moyen de contrôle des émigrés réunionnais et servir de base de repli à des responsables du BDPA (le bureau qui a été à la base de la création de la Sakay). Très largement subventionné par le Département, n’hésitant pas quant aux moyens à mettre en œuvre, le Comité disposa très rapidement de centres dans les grandes villes de France (Paris, Lyon, Marseille, Montpellier). Ces structures baptisées "foyers Debré" furent presque partout l’objet de contestations. Pour des difficultés budgétaires, elles furent fermées les unes après les autres. Seul est resté en activité le siège parisien qui dût, quant à lui, réduire se activités.

Le "foyer" Debré à Paris -dénommé "Maison de La Réunion" était à la fois un lieu d’accueil et d’hébergement temporaire pour des jeunes arrivant à Paris, un restaurant ouvert au public, le samedi et le dimanche, un bar, une bibliothèque ainsi qu’une discothèque. Depuis, il n’est plus qu’un simple siège administratif.

Ce n’est pas la première fois que le CNARM est secoué par une crise interne. Depuis la période Debré, la structure a régulièrement connue des accusations de mauvaise gestion. Seul le passage de Guy Éthève à la présidence du CNARM avant son remplacement par Jean-Hughes Savaranin a échappé à la critique.

La dernière crise du CNARM nous rappelle que pratiquement toutes les structures mises en place par la puissance publique à la destination des émigrés réunionnais ont connu des destins tragiques si on pouvait parler ainsi.

"La Maison de l’Ile de La Réunion" -à ne pas confondre avec "La Maison de La Réunion" citée plus haut- qui avait pignon place de l’Opéra à Paris a été liquidée au début des années 90. L’immeuble qui a servi pendant longtemps de foyer d’hébergement à des Réunionnais de passage à Paris a été vendu il y a quelques années dans des conditions apparemment défavorables pour la collectivité à qui il appartenait.

Enfin, tout récemment une société d’économie mixte fût créée pour aider les Réunionnais dans leur recherche de logements. Sa présidence fût confiée à Jean-Paul Virapoullé. Elle sombra très rapidement et fût mise en liquidation. Son président échappa au scandale et à d’éventuelles poursuites judiciaires pour des raisons politiques.

Si la gestion de Jean-Hughes Savaranin est aussi calamiteuse qu’on le dit, va-t-elle rejoindre le cimetière des scandales étouffés ? Une question parmi d’autres : dès sa nomination, le nouveau président avait décidé de recruter 24 animateurs -un par commune- chargés de représenter localement le CNARM. Ces animateurs payés par le CNARM dit la rumeur, ont été, dans la réalité, des agitateurs politiques au service de la Relève.

Pourra-t-on faire la lumière sur ce point ? Et sur tous les autres ?


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