Mise au jour d’un recours massif à des emplois fictifs

SEMITA : Michel Fontaine pas inquiété

29 avril 2008, par Manuel Marchal

Le 25 avril dernier lors du procès concernant la banqueroute de la SEMITA, tous les observateurs ont pu constater l’absence de Michel Fontaine, président de la CIVIS et maire de Saint-Pierre. Il a pourtant été cité nommément plusieurs fois au cours du débat comme étant un acteur clé du système d’emplois fictifs mis au jour par l’enquête. Or, la semaine dernière également, Maurice Gironcel était jugé en appel. Les sept chefs d’accusation, pour des faits sans commune mesure avec ceux dont est accusé Michel Fontaine, se sont effondrés, mais la peine du maire de Sainte-Suzanne a été confirmée. Si Michel Fontaine n’est pas inquiété dans l’affaire de la SEMITA, alors la justice démontrera qu’elle est à deux vitesses.

Le 25 avril dernier, lors du procès de la banqueroute de la SEMITA, il a été beaucoup question de Michel Fontaine, Président de la CIVIS et Maire de Saint-Pierre, quand il s’est agi d’évoquer les emplois fictifs. La preuve par cinq exemples :
Willy Caderby, ex-président de la SEMITA, à la barre du tribunal : « J’ai été contraint d’embaucher certaines personnes à la demande d’élus de la Civis par le biais de CV qu’ils me transmettaient. J’y étais obligé car la Civis était l’actionnaire majoritaire(...) C’était un samedi vers 13h. Michel Fontaine m’a convoqué avec Ortain. Il m’a signifié que je devais l’embaucher. C’est également Fontaine qui a fixé son salaire ». (1)
Françoise Riani : « J’ai préalablement rencontré Michel Fontaine pour lui demander s’il ne pouvait pas me trouver un travail hors de l’hôpital car il y avait trop de personnel d’entretien. Je dois dire que je fais partie des proches de Michel Fontaine  ». (1)
Willy Caderby : « Son contrat de femme de ménage n’a pas été renouvelé car Mallam ne le jugeait pas utile. Mais Michel Fontaine est intervenu par téléphone et directement à la Semita pour l’imposer » (1)
Me Bernard Cahen, avocat d’Aslam Mallam, ex-directeur de la SEMITA : «  L’auteur principal , l’intellectuel, le deus ex machina n’est pas à votre barre » (1)
Conclusion du "JIR" : « Pour Me Jean-Louis Pelletier comme pour son confrère, l’actuel maire de Saint-Pierre est le grand absent et finalement le gagnant de ce procès . Faute de la véritable tête pensante à la barre, on crie “haro sur le baudet”. Pour Pelletier, la cause est entendue. Caderby est la mule d’un procès dont on charge injustement les épaules pour en faire le parfait bouc émissaire ». (1)
Michel Fontaine a donc été plusieurs fois publiquement accusé d’être la cheville ouvrière d’un système d’emplois fictifs qui explique en partie la faillite de la SEMITA. Des femmes de ménages qui n’avaient rien à nettoyer, des secrétaires payées pour jouer sur leur ordinateur, un agent touchant un salaire pour porter des journaux le matin, des embauches électoralistes : tout cela a été publiquement affirmé à l’audience d’un tribunal correctionnel.
Et bien évidemment, les observateurs s’interrogent. Comment condamner Willy Caderby et Aslam Mallam sans interroger le principal intéressé, Michel Fontaine, instigateur de la création de la SEMITA en tant que président de la CIVIS en 2002. C’est une question de fond.

Triage dans le café ?

Il est intéressant de faire la comparaison avec le traitement réservé à Maurice Gironcel. Rendu un jour avant le jugement de Willy Caderby et Aslam Mallam, le verdict de la Cour d’appel concernant le maire de Sainte-Suzanne confirme le jugement en première instance, alors que les débats lors du jugement ont vu les sept chefs d’accusation s’effondrer. Malgré tout, la condamnation de Maurice Gironcel a été maintenue.
Quand on constate que le lendemain, dans son réquisitoire relatif à la SEMITA, le représentant du ministère public note que « ce sont des emplois fictifs pour une machine politique », on voit tout de suite que les faits pour lesquels Michel Fontaine est nommément cité à la barre d’un tribunal sont sans commune mesure avec ceux qui sont reprochés à Maurice Gironcel.
Mais Michel Fontaine n’a pas été cité à comparaître au procès de la SEMITA.
Si le maire de Saint-Pierre n’est pas inquiété, alors la justice démontrera qu’elle est à deux vitesses. Maurice Gironcel est un communiste, pas Michel Fontaine.

Manuel Marchal

(1)
Voir compte rendu d’audience dans le “Jir” du 26 avril 2008


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année

La pès kabo

5 juillet, par Christian Fontaine

Kan i ariv Novanm-Désanm-Zanvié, domoun i réziste pi ek la salèr. Zène-zan i mars dann somin, zène-fi i roul an dékolté ; sétaki i rod in manir po (…)


+ Lus