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Sénatoriales : un tour pour rien ?

vendredi 22 septembre 2023, par Ary Yée Chong Tchi Kan

1) Dimanche, environ 1300 grands électeurs vont élire 4 personnes à la fonction de sénateur.

Voici les 7 listes qui vont concourir :

  • Défendre l’avenir de La Réunion au Sénat, de Audrey Belim ;
  • La gauche pour les Réunionnais, de Evelyne Corbière ;
  • La Réunion, Terre de France et d’Europe, de Viviane Malet ;
  • En Trait-d’union pour la Réunion, de Michel Vergoz ;
  • La Réunion, Terre d’ambition, de Mario-Luc Lechat,
  • Réunion Département Français, de Jean Jacques Morel ;
  • Le Meilleur pour la Réunion, de Florence Chane-Tune.

2) Sur chaque liste, il y a 5 noms, placés de manière paritaire. Le scrutin se fait à la proportionnelle et au plus fort reste. Il n’y a donc qu’un seul tour. Un candidat pourrait être élu avec une voix d’écart seulement.

3) Les 4 sénateurs sortants sont Michel Dennemont, ancien Maire des Avirons, Jean-Louis Lagourgue, ancien maire de Sainte Marie, Nassimah Dindar, ancienne présidente du Département et Viviane Malet, élue de Saint Pierre. Les 2 premiers ne se représentent pas. Nassimah Dindar se trouve sur la liste de Viviane Malet en 3e place. Elle aura peu de chance d’être reconduite.

4) Seule Viviane Malet retrouvera son siège.

Elle sera rejointe par Audrey Belim et Evelyne Corbière. Le 4e poste se jouera entre le second d’une de ces listes favorites, à savoir Stéphane Fouassin (maire de Salazie), Jean Louis Vital (Adjoint à St-Benoit) et Laurent Papaya (Adjoint à St André).

5) Les enjeux programmatiques, il faut lire les professions de foi qui accompagnent le bulletin de vote.

Certains candidats ont également publié un document de propagande. A la lecture, la principale faiblesse réside dans l’absence de bilan et de mise en perspective historique. Pour le très court terme, soulignons la « Conférence Territoriale de l’Action Publique élargie », citée par Audrey Belim. L’objectif ambitieux est de réaliser un projet consensuel pour La Réunion. Pour la plupart, l’accent est mis sur la localité, ce qui réduit la fonction du Sénat à être un supplétif de la fonction de maire.

Pourtant, en cas de nécessité, c’est le Président du Sénat qui assure l’intérim du Président de la République, dans quasiment toutes ses prérogatives. Ce qui confère aux membres de cette haute assemblée une prestance que n’a pas un Député. Paul Vergès et Anne Marie Payet sont des exemples, bien réunionnais. Le premier a fait du réchauffement climatique et de ses effets, une cause nationale. La deuxième a brillé dans sa lutte contre l’alcoolisme foetal et le tabagisme. Elle a fait inscrire des messages sur les produits concernés. Tous les deux ont donné à la fonction ses lettres de sagesse, en arrachant des votes à l’unanimité.

6) Les enjeux politiques

La mandature qui s’ouvre (2023-2029) est bornée par les Objectifs du Millénaires pour le Développement Durable qui a fixé l’éradication de la pauvreté, au plus tard 2030, comme la priorité des 17 références. L’ensemble des 1300 électeurs et électrices n’ont pas été sensibilisés à cet enjeux majeur et universel. La même remarque concerne la lutte contre le réchauffement climatique et la trajectoire zéro carbone à l’horizon 2050. Cela suppose qu’en 2035, nous aurons réduit 50% du volume de CO2 par rapport à 1990. L’accent est mis sur les transports, l’énergie et la production. La Cour des Comptes et le Conseil d’Etat sont prêts à sanctionner l’inaction climatique. Les enjeux d’une société et une économie bas carbone n’apparaissent pas clairement. Ces remarques valent également pour une liste issue de la société civile qui se proclame :« Liste Santé Environnementale, Medicale et Sociale » sans vision globale.

De plus, durant ce mandat, où il y aura obligatoirement un nouveau Président de la République, nous assisterons au déclin français dans le monde et à l’émergence de puissances régionales autour de La Réunion. La République de Maurice va doubler sa zone maritime exclusive jusqu’aux limites des Maldives et de l’Inde, en intégrant l’archipel des Chagos. Madagascar évolue vers 50 millions d’habitants. Les Comores aura ses gisements de gaz. La Réunion sera-t-elle encerclée ou insérée ?

7) Les enjeux électoraux.

Le risque, c’est un tour pour rien. La plupart des observateurs pensent que 3 listes feront la différence. Elles émanent de LR, PS et PLR. Si la tête de liste sera élue, personne ne se hasarde à pronostiquer le 4e. La seule assurance : il y aura 3 femmes et un homme. Anne Marie Payet était la première sénatrice. Sur l’ensemble Député et Sénateur, nous aurons ainsi 6 femmes parlementaires et 5 hommes. Du jamais vu. Le PCR peut se targuer d’avoir été à l’avant garde de la lutte pour la promotion de la Femme en politique…

Cependant, personne ne nous fera oublier comment Gélita Hoarau a été sacrifiée, lors du dernier scrutin, de 2017. Elle était femme et sortante. A bas les principes quand l’électoralisme fait loi. Le PCR avait été éliminé malgré un résultat honorable. Cette année, les élus communistes permettront à une jeune Dionysienne, Audrey Belim de se distinguer. Nous lui souhaitons beaucoup de succès.

Ary YEE-CHONG-TCHI-KAN


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