Prix des carburants en Guadeloupe

Seul l’Etat peut faire baisser les prix !

11 décembre 2008, par Manuel Marchal

Des barrages routiers ont été dressés mardi en Guadeloupe par un collectif de socioprofessionnels déterminés à obtenir un recul des prix du carburant. Les manifestants réclament une réduction du prix du gazole, du super sans plomb et de la bouteille de gaz.
Les événements montrent que l’Etat cherche à faire une nouvelle fois de la diversion en revoyant le problème vers la Région Guadeloupe, alors qu’aujourd’hui, il est le seul habilité à fixer le prix des carburants dans les DOM.

Plus d’une vingtaine de barrages ont été dressée en différents points stratégiques de la Guadeloupe par le collectif de socioprofessionnels.
Les manifestants réclament une réduction du prix du gazole de 30 centimes, de 40 centimes sur le super sans plomb et la bouteille de gaz à 15 euros.
Outre le prix de l’essence qui demeure très élevé aux Antilles, le collectif réclame la fin du monopole de la Société Anonyme de Raffinerie des Antilles (SARA), une société dont les actionnaires, Total, Rubis, Esso et Texaco, sont les principales compagnies pétrolières présentes dans la région.
Le collectif de socioprofessionnels, qui avait déjà bloqué l’île lundi, a obtenu une visio-conférence avec le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo, qui devait se tenir hier.
La visio-conférence doit permettre, selon le collectif, d’étudier les revendications confirmées lundi par les entrepreneurs au nouveau Préfet de Région, Nicolas Desforges, lors d’une première rencontre à la Préfecture.
« Nous nous battons dans l’intérêt de la population guadeloupéenne et pour la survie de nos entreprises artisanales qui sont au bout de l’asphyxie », explique l’un des dirigeants du collectif.

Le consommateur : « vache à lait » des pétroliers

« Depuis trop longtemps, nous nous sommes fait avoir », a-t-il ajouté, en regrettant l’absence de la SARA autour de la table lundi à la Préfecture.
Alors que seul l’Etat fixe les prix, en fonction des informations communiquées par les pétroliers, une opération de diversion est en marche. Elle vise à renvoyer le problème vers la Région Guadeloupe.
Le Président de cette collectivité, Victorin Lurel, a rappelé que le niveau de taxes est inférieur en Guadeloupe (35% aujourd’hui) par rapport à l’Hexagone (70%). (Voir graphique “Comparaison du niveau des taxes entre la France et les DOM”)
En occultant tous ces faits objectifs et en disant que la Région peut faire baisser les prix, l’Etat s’est engagé dans une campagne de dénigrement des collectivités d’Outre-mer.
Car aujourd’hui, seul l’Etat est habilité à fixer le prix des carburants dans les DOM. Il ne peut donc pas accuser les collectivités d’être responsables du prix élevé des carburants dans les DOM, d’autant plus que le niveau des taxes dans les 4 collectivités est largement à celui fixé par l’Etat sur le plan national.
La similitude de l’attitude de l’Etat envers La Réunion, la Guyane et maintenant la Guadeloupe dénote une volonté politique affirmée de casser les collectivités locales et leurs représentants.


Visio-conférence avec la Guadeloupe

Yves Jégo ne fait plus confiance aux préfets

Dans son édition d’hier, le "Journal de l’île" annonce l’intervention personnelle du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer dans le conflit des carburants en Guadeloupe.
« La réunion par visio-conférence annoncée pour hier après-midi (NDLR-mardi) entre le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo, le collectif et les élus guadeloupéens, se tiendra finalement aujourd’hui (NDLR-hier) à 11h (heure locale). M. Jégo donnera la priorité à la négociation avec la Société Anonyme de la Raffinerie des Antilles (SARA), qui approvisionne les Antilles et la Guyane, avant de discuter avec les manifestants », écrit notre confrère.
Autrement dit, Yves Jégo veut négocier sans intermédiaire et en direct avec les acteurs du mouvement revendicatif, et les pétroliers.
Logiquement, c’est le préfet qui participe à de telles négociations. Si Yves Jégo prend la peine de communiquer en visio-conférence depuis Paris avec des interlocuteurs, c’est qu’il n’a plus confiance en ses relais habituels que sont les préfets.
Que cela soit à La Réunion ou en Guyane, les préfets ont conduit le gouvernement dans une impasse. Ce qui souligne à quel point le préfet s’est trompé en dirigeant les transporteurs vers la Région. Et aujourd’hui, Yves Jégo préfère se passer des préfets pour négocier.

M.M.

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