Bilan de la stratégie Bello-Annette

Seulement 8 élus classés à gauche sur 45 à la Région Réunion

17 décembre 2015

Quand la direction de la Fédération socialiste et Huguette Bello font le choix de ne pas soutenir l’Alliance et de favoriser la victoire de Didier Robert, pensaient-ils qu’à l’élection régionale suivante cette stratégie allait conduire les partis classés à gauche à n’avoir que 8 élus sur 45 ? Jamais la représentation de partis dits à gauche n’a jamais été aussi faible au Conseil régional, c’est une conséquence du choix d’une tête de liste qui n’était pas rassembleuse.

En 2010, les conditions étaient réunies pour assurer la réélection des forces de progrès à la direction de la Région Réunion. L’Alliance était arrivée en tête au premier tour, avec plus de 30 % des suffrages. Deux événements ont alors abouti à une victoire inattendue pour une droite minoritaire : le maintien de la liste socialiste et le choix de Huguette Bello de refuser de respecter la décision de son parti, qui avait d’elle une conseillère municipale, puis une adjointe au maire, une conseillère régionale, une députée et l’avait fait élire maire de Saint-Paul. Entre les deux tours, Huguette Bello a torpillé la liste de l’Alliance, en dénonçant l’élargissement du rassemblement à André Thien Ah Koon, et en refusant de choisir entre Paul Vergès et Didier Robert.

À cette époque, les forces de progrès majoritaires en voix avait obtenu seulement 18 élus classés à gauche : 12 pour l’Alliance, et 6 pour le PS.

Exclusion du PCR et du Progrès

En 2015, la direction de la Fédération socialiste a choisi de construire une liste autour du tandem Bello-Annette sans prévenir le PCR avec lequel elle était en discussion. Le Progrès a lui aussi été exclu.

Au soir du premier tour, le résultat de Bello-Annette était bien loin des sondages, et en seconde position. Ils avaient fait moins bien que l’Alliance cinq ans plus tôt et étaient même largement distancés dans leurs fiefs de Saint-Paul et Saint-Denis. C’est alors que le PCR a de nouveau été exclu à la fois de la composition de la liste et du programme parce qu’il avait exprimé son opinion. Un traitement qui n’a pas été réservé à Thierry Robert, qui avait pourtant déclaré publiquement qu’il était celui qui devait conduire la liste opposée à Didier Robert au second tour.

Le résultat a confirmé l’analyse du PCR. Huguette Bello n’était pas une tête de liste rassembleuse, et les 30.000 voix d’avance des listes fusionnées après le premier tour se sont transformées en 18.000 de retard au soir du second tour. Bilan : 16 élus sur 45.

La gauche au plus bas

48 heures après ce scrutin, le groupe s’est scindé en deux. 8 élus sont partis pour créer un groupe autonome autour de Thierry Robert, soutien d’Alain Juppé à La Réunion. Il ne reste plus que 8 dans le groupe Bello. Ils viennent de ce qui était présenté comme la liste d’union de la gauche, sous-entendu un regroupement de partis de gauche.

Cette donnée permet de constater que jamais la représentation de ces partis n’a jamais été aussi faible.

En 2004, ils étaient largement majoritaires en nombre d’élus dans l’assemblée régionale. Le choix de la division par Huguette Bello et Gilbert Annette en 2010 les a rendus minoritaires. Celui de Huguette Bello comme tête de liste en 2015 les a réduits à 8, soit à peine 20 % des conseillers régionaux.

Des voix s’élèvent

Ce résultat entraîne des réactions au sein même des socialistes. Hier sur Réunion Première, Philippe Leconstant, premier secrétaire de la Fédération socialiste, a réfuté l’idée de l’hégémonie d’une personne sur cette gauche : « pas de leadership ». Rappelons que dans le groupe des 8 élus classés à gauche, le parti de la tête de liste, Huguette Bello, n’en a que 2. Voilà de quoi alimenter les conversations sur le choix de la personne qui sera désignée comme président de ce groupe de 8 qui étale déjà ses divergences. Le choix de désigner une tête de liste non-rassembleuse n’a pas fini de faire des vagues.

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