Visite ministérielle - observatoire des prix

Si facilement sur la défensive !

12 juillet 2008

Les ménagères réunionnaises attendaient le ministre de l’Outre-Mer Yves Jégo de pieds fermes. Soutenues par les collectifs ’Roul pa nou’ et ’Agir pou nout tout’, elles demandent l’amélioration de leur pouvoir d’achat. Cela commence par l’accès à l’emploi. 3000 postes seraient vacants à La Réunion.

(photo BBJ)

Yves Jégo était constamment sur la défensive. Le pouvoir d’achat viendra tantôt. Il faut attendre le mois de début du mois de septembre pour ressentir les premiers effets des mesures pour la hausse du pouvoir d’achat. Ne rêvons absolument pas. Cela ne concerne pas tous les produits étalés sur le marché réunionnais, seulement ceux répertoriés comme étant de première nécessité. Du moins, pour l’action à court terme. Après il faudra encore patienter quelques années pour le combat du pouvoir d’achat soit gagné. Nous avions "Harry Potter", voilà maintenant un "sharoyèr delo", capable de nous faire croire que la formation des prix relève principalement du Conseil régional. L’octroi de mer est apparemment dans la ligne de mire du ministre de l’Outre-Mer. Il propose que l’autorité régionale supprime cette taxe, sur les produits de première nécessité, les véhicules hydrides, et les produits de vente par correspondance. Par ailleurs, sans s’étaler sur son contenu, Yves Jégo n’a pas cessé de se féliciter de la prochaine signature d’une charte avec les acteurs de la grande distribution, pour arriver à une baisse effective du prix des produits de première nécessité et celui de la rentrée scolaire. « Si on supprime l’octroi de mer sur certains produits de première nécessité, les prix devraient baisser dès la fin août, ou le début du mois de septembre » prédit Yves Jégo.

Tout le monde en prend pour son grade !

La Préfecture avait organisé le point presse dans ses jardins, alors que la centaine de manifestants revendiquait dans le square Mahé de Labourdonnais. Personne ne pouvait ne pas entendre les maloyas revendicatifs et slogans scandés. Ce ne sera pas du goût du ministre, qui tiendra des propos on ne peut plus acerbes. Selon lui, les manifestants politisent la question du pouvoir d’achat, ce qui serait un tort. « J’entends bien ceux qui veulent politiser le débat. Y’à qu’à faire tout tout de suite. Je note d’ailleurs que ceux-là, quand ils étaient au pouvoir, quand ils étaient au gouvernement, n’ont rien fait pour le pouvoir d’achat » lance-t-il, estimant être du camp qui ouvre la porte. Dehors, il n’y avait pourtant que des consommateurs essoufflés par la hausse brutale des prix, et par la baisse annoncée de leur niveau de vie. Aucun ancien ministre, ni ancien élu à fortiori. C’est à croire que le ministre tirait tout azimut. Tout le monde doit en prendre pour son grade ! Après avoir sommé le conseil Régional de faire un geste, d’encenser les acteurs de la grande distribution pour qu’ils signent leur charte de bons vendeurs, et décrier les manifestants mécontents de la politique des prix, c’est au "maire de Saint-Gilles" - ville qui n’existe pas sur la carte politique réunionnaise - qu’il s’en prend à propos de ses employés communaux. « J’ai entendu ce matin les employés communaux de Saint-Gilles. Moi, je dis publiquement au maire de Saint-Gilles : augmentez les salaires de vos employés communaux plutôt que de recruter 450 contrats supplémentaires dans quelques mois. Utilisez cet argent pour augmenter les employés communaux d’aujourd’hui, parce que le pouvoir d’achat, ce n’est pas seulement le gouvernement, ce n’est pas seulement l’Etat, c’est aussi tout le monde, à tous les étages » fustige-t-il. Il dénote la présence de quelques syndicats, sans les nommer. Pour les absents, le refrain se veut redondant. « Je crois que ceux qui veulent tout politiser, ceux qui veulent faire de la politique sur le dos des Réunionnais, ils ont tort. Les Réunionnais les jugeront mal, parce qu’ils savent bien que le combat pour la lutte des prix, c’est un combat qui dure depuis 30 ans, et que peu de Gouvernement ont mis autant d’ardeur que celui actuel pour essayer de régler les choses » déclare-t-il aux syndicats, relevant « les syndicats veulent faire du bruit, sans doute pour aller dans l’excès. Ce n’est pas dans l’excès que l’on fait avancer les choses. C’est de façon pragmatique ». Nous attendons l’effet des mesures. Nous attendons toujours ...

Quand un ministre se trompe de cible

La journée de Monsieur le Ministre était forcément chargée. « Je suis là pour le logement, je suis là pour l’emploi, c’est l’objectif de la Loi Programme. Je suis là aujourd’hui pour trouver des mesures concrètes pour aider la baisse des prix. Voilà le travail du ministre. Après chacun manifeste. Ça fait partie sans doute d’une forme de folklore » rouspète encore Yves Jégo entre trois jets de fleurs personnels. L’Etat s’engagerait donc, pour le logement, l’emploi, parlons encore du pouvoir d’achat. Qui voudrait le croire, au vu des retards conséquents que connaît notre île ? Au fait, en parlant d’emploi : 3000 emplois seraient vacants à l’ANPE, alors que le taux de chômage réunionnais tient des records inavouables. Le Ministre sait donc pointer du doigt. Il relève la responsabilité régionale, puisque la Région Réunion est en charge de la formation professionnelle. Où est le rapport ? Malheureusement, aucune description des postes nous est parvenue. Il serait en effet intéressant de savoir pourquoi ses postes sont laissés vacants. Peut-être en raison du salaire ridicule ? Sont-ce des contrats à durée déterminée ? Précaires ? Le Ministre ne s’interroge même pas sur la pertinence des services de l’Etat. Ce serait, à son sens, la responsabilité du conseil Régional, qui devrait « réorganiser ses politiques pour que les 3000 emplois de l’ANPE soient offerts à 3000 Réunionnais qui attendent ». Mon dieu, il fait bon le savoir. Quand on observe les actions régionales en faveur de la formation professionnelle à La Réunion, on se demande plus facilement pourquoi l’Education Nationale ne révise pas ses cursus en fonction de la demande des professionnels réunionnais ? Bref ! c’est à se demander si le ministre veut vraiment soigner son dialogue avec les acteurs réunionnais. Il dira même « Les Réunionnais savent qui travaillent, et qui ne travaillent pas ». Non, les Réunionnais savent ce que sont les « promès kamishat », et gardent précieusement en mémoire cet adage populaire « marmay i kri pa i gingn pa ... deri ? ». En tout cas, nulle question de nous « roulé kari sou deri ».

Bbj

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