A une semaine de la présentation du projet de loi sur la réforme des institutions

Situation politique inédite en France à un moment décisif pour La Réunion

28 mai 2014, par Manuel Marchal

Au lendemain d’une cinglante défaite électorale pour le parti au pouvoir, la démission du chef du principal parti d’opposition créé une situation politique inédite en France. C’est dans ce contexte que sera présenté le texte sur la réforme institutionnelle.

Affiche électorale de l’Union pour les Outremer devant l’Espace citoyen de Saint-Paul, siège de la permanence de la section PCR dans la grande commune de l’Ouest.

Les élections européennes ont ébranlé les deux partis qui se succèdent au pouvoir en France depuis 50 ans. Dans une période de crise, ce type de scrutin est l’occasion pour l’opposition d’engranger un succès. C’est ce qui se vérifiait jusqu’à présent en France. Cela explique pourquoi la quasi-totalité des régions en France sont dirigées par le PS : lors des régionales, l’UMP était au pouvoir.

Les élections municipales avaient marqué une victoire de l’UMP en France. Les européennes n’ont pas pris le même chemin. C’est en effet l’extrême droite qui est arrivée en tête, à la stupéfaction des commentateurs des autres pays européens. L’UMP, principal parti d’opposition, est arrivé en seconde position. Certains de ses membres revendiquaient la victoire, en additionnant à leur parti les voix du centre. Le PS est loin derrière, ce qui a poussé le président de la République à convoquer une réunion de crise hier à l’Elysée. François Hollande s’est même exprimé publiquement à la télévision dans la nuit de lundi à mardi, déplorant que l’extrême droite arrive en tête dans la "patrie des Droits de l’homme". Eu égard à la politique d’austérité menée, chaque consultation est l’occasion d’un vote sanction pour une partie de l’électorat. Jamais un parti au pouvoir n’a connu une telle impopularité, c’est la crise.

PS en crise, UMP décapitée

Le lendemain mardi, c’est dans le camp d’en face que s’est joué un fait sans précédent. Au terme d’un Conseil national, Jean-François Copé, président de l’UMP, a démissionné, ainsi que toute la direction du principal parti d’opposition. Elle a été remplacée par une direction collégiale chargée d’organiser un nouveau Congrès. Trois anciens Premier ministre appartenant à ce parti son en charge de cette responsabilité : Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon. L’ancien parti au pouvoir est ébranlé par un scandale lié au financement de la dernière campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Les informations parues dans la presse font état de soupçons de surfacturation, et de prestations réglées par l’UMP plutôt que par l’association de financement de la candidature à la présidentielle. L’affaire est aussi grave qu’elle a décapité la direction du principal parti d’opposition en France. A l’UMP aussi c’est la crise.

Moment de flottement

Au lendemain des européennes, la direction politique des partis républicains parisiens est en crise, tout bords confondus. C’est le contexte. Or, dans les semaines qui viennent, plusieurs événements importants doivent avoir lieu. Dès la semaine prochaine, le gouvernement doit présenter le projet de loi de réforme institutionnelle. Le mois prochain, la visite du ministre de l’Intérieur est annoncée à La Réunion. Elle est dans doute le préalable à la visite du président de la République. Au cours de ce délai, le gouvernement doit également travailler à la mise en place d’un plan de sauvetage de la filière canne. Ce ne seront que des propositions, car c’est l’Union européenne qui est souveraine sur ce point.

Cette désorganisation soudaine à la tête du pouvoir en France arrive donc à un moment décisif pour notre avenir. N’oublions pas que c’est dans une période de crise au sommet du pouvoir en France que les Réunionnais ont réussi à arracher l’abolition du statut colonial. En 1946, la France sortait de la guerre mondiale, et l’organisation politique de la nouvelle République n’était pas encore claire. Ce moment de flottement était une fenêtre de tir que nos aînés ont su saisir.

Soyons à la hauteur de nos aînés

Pour cela, les Réunionnais avait réussi à se rassembler sous la bannière du CRADS, et heureusement qu’ils n’avaient pas tardé pour ne pas rater le moment décisif. Six mois plus tard, cela aurait été trop tard, car le conservatisme avait repris le dessus en France.

Dimanche dernier, c’est une liste de rassemblement qui est sortie en tête du scrutin, devant des candidats de parti. C’est bien une illustration que l’esprit de rassemblement est fermement ancré dans les convictions.

C’est pourquoi au moment où se dessine une période de flottement en France, l’heure est venue de se rassembler pour porter le plus efficacement possible la parole des Réunionnais. La situation sociale à La Réunion est hors-norme, elle appelle à un changement aussi profond qu’a pu l’être l’abolition du statut colonial. C’est donc une occasion à ne pas gâcher.

M.M.

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