Propositions pour l’avenir du Sud - 2 -

Sortir de l’immobilisme

18 octobre 2006

Nous publions aujourd’hui la suite et fin de l’article signé par le Collectif pour le développement de la microrégion Sud que nous avons diffusé hier et où le collectif déplorait l’inégalité de traitement entre le Nord et le Sud de La Réunion.

Lorsqu’il s’agit des déchets, on pense au Sud et de surcroît à un incinérateur. Nous avons la conviction que ce dispositif présente un danger en matière de santé publique.
L’incinérateur ne peut pas être donc un moteur de développement car il est contraire à une valorisation du secteur touristique sachant :

- Qu’il est incohérent au schéma global économique.

- Qu’il est néfaste à un développement écologique et durable.

Il existe d’autres solutions telles que le compostage, la méthanisation, le tri sélectif ou la valorisation des déchets incluant une participation active des citoyens en amont et en aval.
Par ailleurs, investir 175 millions d’euros dans un incinérateur, c’est moins d’argent pour les collèges, les lycées et les projets favorisants l’énergie renouvelable.

Ce projet et ses imperfections mettent en relief le manque d’engagement des élus de notre microrégion pour une accentuation de son développement.

Au contraire, certains jouent à la politique politicienne consistant à s’adonner à un populisme dangereux instrumentalisant la division. Nous dénonçons ce manque de cohérence entre les propositions des différentes communes du Sud : ou même mieux à l’intérieur de la commune : exemple proposer un incinérateur à proximité d’un pôle culturel : il s’agit là d’une démonstration d’une gestion de courte vue.
Soit ils ne se positionnent pas sur des projets ambitieux pour la jeunesse, soit ils proposent des projets farfelus. Nous citons ici le port de l’étang du Gol de Saint-Louis qui, d’après des études récentes, démontreraient une non viabilité économique. Aussi, ce projet poserait un problème environnemental, puisqu’il se situerait à proximité d’un site bénéficiant de la protection du conservatoire du littoral.

Des dossiers abandonnés... par manque de vigueur

Nous déplorons que les dossiers importants pouvant faire valoir le Sud (école agroalimentaire) soient abandonnés ou reportés par manque de vigueur.
Nous regrettons que la politique menée actuellement par nos élus du Sud soit dénuée de vision constructive et anticipatrice.
Nous citerons ici 3 exemples concrets qui illustrent cet encartage dans un immobilisme :

1°) Nous savons que l’énergie fossile se dirige vers son épuisement et que le prix du baril brut risque fortement de croître (penser le contraire, ce serait croire au Père Noël).
Nous savons que le nombre d’automobiles du parc augmente d’année en année à proportion de 20.000/an, soit 280.000 supplémentaires d’ici 2020.
Nous savons que le réchauffement de la planète est inexorable avec une augmentation de 250% du C02, principal gaz à effet de serre.
Conserver la posture de l’autruche, c’est conduire les Réunionnais vers la catastrophe et pourtant, rien n’est fait pour anticiper.

- Pas de TCSP Bus entre les villes, pas de réseau réservé au vélo,

- Pas de prise de position ferme face à l’État pour exiger le financement du tram-train, et au contraire, certains tentent d’escamoter ce chantier.

2°) Nous savons que d’ici 2030, la croissance démographique engendra un besoin de 200.000 logements de plus, compte tenu de ce qui est déjà sorti de terre. Soit un besoin de 83.600 logements pour le Sud. Là encore, il y a une absence de vision anticipatrice puisqu’il n’y a pas de plan de résorption prévu.
Mais le plus cocasse, c’est qu’il existe des communes qui préfèrent payer des amendes que d’appliquer la loi Borloo alors qu’il y a urgence sociale en matière de logement.

3°) En ce qui concerne la gérontologie, nous savons qu’il y a un manque de lits dans les centres d’accueil pour personnes âgées dans le Sud. Face à cette situation, au lieu de s’engager dans une couverture de ces besoins importants, le Conseil général à qui incombe cette compétence préfère brader un terrain à un promoteur privé dont le leitmotiv est le profit mercantile.
Nous faisons allusion ici au terrain de Terre Rouge qui, à l’origine, a été gracieusement offert par une grande famille du Sud pour y exercer des œuvres sociales.
Nous assistons impuissamment à une marchandisation des services de santé dont seule une catégorie de privilégiés aura accès. Cela est l’inverse d’un développement harmonieux.

Tout cela pour dire qu’au-delà des clivages politiques des uns et des autres, l’intérêt de la population doit être le vecteur d’une unité devant les priorités du Sud :

- Tram-train

- Parc National des Hauts

- La sécurisation de la route de Cilaos

- La déviation de Grand Bois, de Saint-Joseph

- La Croix du Sud, le boulevard Hubert Delisle à mi-hauteur

- La RN3

- Un véritable pôle d’excellence destiné à la formation des jeunes du Sud

Élever le Sud au rang d’un développement harmonieux

Nous appelons donc l’ensemble des forces vives et citoyennes à se réunir autour des forces de propositions constructives pour élever le Sud au rang d’un développement harmonieux. C’est ainsi que nous proposons des axes de priorités :

1) Que l’ensemble des projets prenne en compte les identités du Sud.

2) Un développement des potentialités économiques du Sud :

- le secteur touristique : pourquoi pas un label bio pour le Sud au regard des atouts naturels et de son cadre de vie ?

- une zone manufacturière vouée à l’exportation en zone franche

- un pôle d’ingénierie...

3) Préserver les espaces agricoles, et à ce titre, nous préconisons un gel du prix de l’eau durant la durée de la Convention canne pour l’ensemble des agriculteurs.

4) Un développement des transports en commun, un maillage cohérent de transport alternatif autour du futur tram-train.

5) Préserver les atouts naturels, d’où notre soutien au Parc National des Hauts, et à notre humble avis, cela élimine en partie les contraintes liées au développement de La Réunion.

6) Engager un redécoupage administratif des cantons et des communes, et une réorganisation administrative générale du département. (Nous ne pouvons plus nous contenter d’annexes administratifs).

7) Réorienter le regard de l’Ouest davantage vers le Sud par la répartition des forces économiques et par la décentralisation des instances administratives, éducatives, formatives, sociales, sanitaires et culturelles vers l’axe Ouest-Sud/Sud-Ouest afin de rompre avec le mouvement d’un développement macrocéphale.

8) Organiser un programme d’habitat dans un ensemble systémique liant les moyens de locomotions aux fonctions sociales, culturelles et économiques dans l’objectif d’accueillir l’essor démographique, soit 162.000 de plus d’ici 2030.

9) Valoriser les valeurs culturelles et l’authenticité de son cadre de vie. Ainsi, le paramètre culturel doit être intégré à tous les niveaux : social, touristique, paysage, logement, économique...

10) Développer réellement un pôle universitaire et de recherche qui proposerait des filières complètes en complémentarité avec celles proposées dans le Nord.

11) Créer un CHU dans le Sud qui s’appuierait sur le Centre hospitalier du Sud ainsi qu’avec l’ensemble des centres hospitaliers. Ce CHU permettrait de développer un pôle d’excellence d’étude et de recherche des maladies émergentes.

Des décisions qui conditionneront l’avenir de La Réunion

Le Collectif pour le développement de la microrégion Sud croit que le Sud est à un point de décision qui positionne l’ensemble des sudistes face à leur destin.

- Puisque nous allons déterminer un nouveau SAR qui conditionnera notre développement pour les 10 ans à venir.

- Puisque nous sommes à la veille d’un débat pour la présidentielle, les législatives qui nous permettra d’émettre des propositions propres au Sud.

- Puisque les décisions que nous avons à prendre se feront de manière urgente car les moyens financiers se feront rares, puisque La Réunion ne peut encore bénéficier que de 2 Plans DOCUP en raison des nouveaux membres européens.

Par conséquent, nous devons profiter de la période 2007-2019 pour une correction des insuffisances infrastructurelles, d’accessibilité afin d’affermir les fonctions structurantes du Sud dans un souci d’un développement harmonieux.

Nous avons des priorités urgentes dans lesquelles nous devons nous engager sans retenue et cela serait porteur pour l’ensemble de La Réunion. Ces décisions qui seront prises ou pas prises conditionneront le futur de La Réunion pour 30 ans voire 1 siècle.
Le Sud doit se joindre à cette stratégie globale de développement dans un choix de destin.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus