Les maires interpellent le gouvernement et demandent aux parlementaires d’agir

Suppression des emplois aidés : « un chaos social » prédisent les maires de La Réunion

27 octobre 2017

Sous la présidence de Daniel Fouassin, président de l’Association des maires de La Réunion, une conférence de presse s’est tenue hier pour donner la position des élus suite à une lettre du Premier ministre annonçant la fin des contrats aidés. L’échéance est le 1er janvier 2019. Sans solution de remplacement, les maires prédisent « un chaos social ». Ils proposent une sortie étalée sur 5 ans du dispositif, à condition que l’État agisse pour créer les conditions permettant au secteur marchand de répondre aux besoins en emploi à La Réunion.

À quelques jours du Congrès de l’Association des maires de France, une lettre d’Edouard Philippe, Premier ministre, suscite une vive inquiétude chez les premiers magistrats. À l’exception des maires de Saint-Denis, de Sainte-Rose et de Saint-Leu, ils ont de nouveau affiché leur unité pour s’opposer à la suppression annoncée des emplois aidés. Un projet de résolution est d’ailleurs en cours.

Stéphane Fouassin, président de l’Association des maires de La Réunion, rappelle le contexte social dramatique de notre île, marqué en particulier par un taux de chômage trois fois supérieur à la France. À cette crise existante s’ajoutent des menaces, notamment à cause de l’impact de la fin des quotas sucriers sur la filière canne, et sur la perspective des Accords de partenariat économique qui mettront la production réunionnaise en concurrence avec celle des pays voisins.

Catastrophe sociale et économique

La suppression des emplois aidés sans compensation est prévue en 2019. Pour 2018, l’État financera 13.000 emplois au lieu de 26.000, à un taux de prise en charge de 50 % au lieu de 75 %. Dans le même temps, le gouvernement a décidé de diminuer de 13 milliards d’euros sur 5 ans les dotations allouées aux collectivités, cette baisse s’ajoute à celle de 11 milliards qui a eu lieu sous le mandat de François Hollande. Les marges de manœuvre budgétaires de communes sont donc réduites, au moment où l’État baisse sa participation au traitement social du chômage.

« Les maires demandent aux parlementaires d’intervenir », poursuit Daniel Fouassin, qui dénonce un « coup de massue » sur les collectivités et les associations. En effet, les communes n’ont pas les moyens financiers d’embaucher tous ces travailleurs, « des milliers seront renvoyés au chômage ». Les services publics rendus à la population vont se dégrader faute de moyens humains. Et la fin des emplois aidés représentera un manque à gagner de 300 millions d’euros pour l’économie réunionnaise.

« Cohésion sociale menacée »

Prenant en compte les remarques de la Cour des Comptes sur les dépenses de personnel des communes, « les maires refusent d’être complices d’un chaos social » annoncé. « L’État est compétent dans le domaine de l’emploi, que l’État transfère la responsabilité des emplois aidés à Pôle emploi », conclut Daniel Fouassin.

« La cohésion sociale est menacée », « on est en train de créer une véritable poudrière à La Réunion », « un mépris de la population réunionnaise », telles étaient les expressions employées.

Contre-proposition

C’est d’ailleurs dès l’année prochaine que la crise va commencer à s’accélérer. Olivier Hoarau, maire de Saint-Philippe, constate qu’avec la diminution du co-financement de l’État, les mairies devront obligatoirement revoir les recrutements à la baisse : « Tout est fait pour que La Réunion ne consomme pas l’enveloppe allouée », ce qui fait craindre « une suppression dès 2018 si on n’y prend pas garde ». Serge Hoareau, maire de Petite-Île, abonde dans le même sens : « les communes auront du mal à consommer les 13.000 contrats, l’État va nous pointer du doigt, la population aussi ».

À une suppression « brutale », les maires font une contre-proposition : une fin graduelle sur 5 ans des contrats aidés. Cela doit se faire dans un cadre dynamique : « que l’État mette en place les conditions de développement pour accueillir les potentiels demandeurs d’emploi ».

M.M.

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