Le programme économique ultralibéral de Nicolas Sarkozy

Supprimer des milliers d’emplois et brader le patrimoine public plutôt que réduire les cadeaux fiscaux

10 avril 2004

Jeudi soir à la télévision, Nicolas Sarkozy a décrit le programme de son action au ministère des Finances. Soit des recettes ultra-libérales : suppressions de postes dans la fonction publique, privatisation et vente de stocks d’or de la Banque de France, c’est à dire brader le patrimoine de la République.

Jeudi soir à la télévision, Nicolas Sarkozy a décrit le programme de son action au ministère des Finances. Évoquant les dépenses qu’il faudrait "maintenir voire diminuer", il a cité en exemple "la collecte de l’impôt". Il a annoncé la suppression de 5.000 postes dans cette administration d’ici les prochaines élections de 2007.
Le ministère des Finances compte 180.000 fonctionnaires. La suppression de 5.000 postes d’ici à 2007 équivaudrait à peu près à ne pas en remplacer un sur deux partant en retraite, comme le prédécesseur de Nicolas Sarkozy, Francis Mer, avait commencé à le faire cette année.
Après la réduction des dépenses, "il y a une deuxième façon de réduire les déficits, c’est de céder des actifs", a déclaré Nicolas Sarkozy. "C’est ce que j’ai annoncé avec la SNECMA, dont 30 à 40% du capital sera vendu, et avec cet argent nous ferons deux choses. On remboursera une partie de la dette et on donnera à des entreprises publiques que nous n’allons pas privatiser, par exemple EDF, les moyens de se développer". Le ministre des Finances a également évoqué les "12 millions de mètres carrés" de bureaux dont l’État est propriétaire, et dont certains pourraient être vendus.
Il a indiqué par ailleurs que la vente de stocks d’or de la banque de France "est une idée à creuser". Et d’élaborer un plan de bataille pour dilapider ce patrimoine, résultat des efforts de plusieurs générations de travailleurs : "S’il peut y avoir des ventes d’or, ça ne peut être que pour financer soit des investissements qui préparent l’avenir, soit pour réduire la dette, mais en aucun cas pour financer des dépenses de fonctionnement".
Tout ce procédé est économiquement douteux, estimait “Libération” hier, s’appuyant sur les propos d’un "grand banquier" qui déclarait : "Tant que le déficit public de l’État ne sera pas jugulé, les privatisations ne réduiront pas la dette", puisque le déficit annuel de l’État atteint 57 milliards d’euros.
Au cours de son intervention, Nicolas Sarkozy a précisé qu’il comptait agir sans "idéologie", en bon père de famille. Résultat : c’est bien l’idéologie ultralibérale qui imprime sa marque au ministère des Finances, avec l’engagement de supprimer des milliers d’emplois dans la fonction publique, l’accélération des privatisations et le transfert vers le secteur privé du patrimoine de la République.


Réactions

o Le président du groupe socialiste : "Rien de nouveau"
Invité de RTL hier matin, le dirigeant socialiste Jean-Marc Ayrault a estimé que rien ne changeait en matière de politique économique dans le gouvernement. "C’est toujours le même ton, une volonté très affichée, très affirmée comme si la parole allait tout changer", a commenté le président du groupe PS à l’Assemblée. "Chez M. Sarkozy, la parole est d’or mais je crains que cela se termine mal, par un chèque en bois".

o Le président de l’Assemblée nationale dénonce "les intégristes du libéralisme"
Dans “Le Monde” daté d’aujourd’hui, le président de l’Assemblée nationale, Jean-Louis Debré, invite le gouvernement à avoir "toujours présent à l’esprit la nécessité de donner à notre action une dimension sociale".
"Chaque fois que nous ferons une réforme, ayons l’exigence de la justice sociale, l’obsession de la répartition entre tous de l’effort nécessaire. C’est la condition pour que ces réformes puissent devenir légitimes", a-t-il dit avant d’ajouter : "Ne laissons pas les intégristes du libéralisme orienter la politique de notre pays".
Et de préciser : "Je ne peux pas accepter de m’en remettre seulement aux lois du marché. La finalité de l’économie, ce n’est pas simplement le profit, c’est l’élaboration d’une société tournée vers l’emploi, la justice, le partage de l’effort".


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