Séjour du Ministre-Candidat Nicolas Sarkozy

Sur le chantier du viaduc : Passage éclair

17 février 2007

Le chantier du viaduc, au pied de la falaise de Saint-Paul, a “pris son rythme” après des débuts difficiles. C’est ce que disent aujourd’hui les responsables de la DDE et du groupement d’entreprises à pied d’œuvre.
Installé au niveau de l’ancien hôpital psychiatrique de Saint-Paul, le centre nerveux du chantier du viaduc a reçu hier la visite éclair d’un ministre candidat en campagne. Les ouvriers auraient bien eu des choses à lui dire, mais ils l’ont à peine vu passer...

L’esplanade était nettoyée, goudronnée et couverte de gravillons. Une tente avait été dressée pour recevoir un bar et les panneaux de présentation des travaux en cours.
Ce sont deux chantiers en un - le viaduc et la tranchée couverte, respectivement 68 et 15 millions d’euros - sur lesquels s’activent quelques dizaines de chauffeurs d’engins, grutiers, ferrailleurs et coffreurs-maçons.
Le viaduc prend son élan au niveau du Bernica pour franchir les 750 mètres qui le porteront jusque dans l’entaille ouverte dans la falaise, où d’autres engins lourds - des pelles, des camions - préparent les terrassements de la tranchée. Elle sera couverte quand tout sera fini, car pour le moment, tout est à ciel ouvert. Les piles du viaduc “montent” elles aussi plus ou moins vite et sans linéarité, pour la maîtrise des délais du chantier.
Un groupe de maçons-coffreurs est sur le point de se disperser.
Quelque chose à dire à Nicolas Sarkozy ?
« S’il peut faire que le soleil tape moins fort... », plaisante l’un. A côté de lui, trois hommes développent le même propos : « Qu’il revalorise le pouvoir d’achat des salariés ». « ... Et s’il peut mettre l’euro en franc... ». « Dopi le fran la shanjé, la vi lé plï shèr ». Au premier rang, vient la question des salaires. Ils sont près du SMIC, et “progressent” lentement, par catégories. Que peut bien signifier pour eux la formule “travailler plus pour gagner plus” ?
« Cela fait à peine plus que le SMIC au final », dit l’un d’eux. « Il faut faire les heures, les heures, les heures... », ajoute un coffreur.
Non loin, des ferrailleurs travaillent à l’armature d’une pile. L’un d’eux s’amuse : « Quand le ministre est là, le chantier est propre... Mais d’habitude, c’est pas comme ça, vraiment ». Il montre d’un air hilare l’esplanade goudronnée. « Si lé komsa, i fo li pass plï souvan », ajoute son copain.

Sur un morceau d’échafaudage, un grutier, jusque-là un peu en retrait, rompt le silence : « J’aimerais bien demander au ministre de l’Intérieur ce qu’il faut faire quand on se fait menacer par un policier en vacances qui vous braque avec son arme de service, qui vous menace au téléphone et qui, en plus, porte plainte alors qu’il est l’agresseur. Qu’est-ce que je peux faire ? ». Cas de conscience posé par un homme encore jeune confronté à un divorce difficile d’avec la sœur d’un fonctionnaire de police... La vie ne s’arrête pas aux portes des chantiers. Le ministre non plus. Son cortège entre en trombe pour s’arrêter devant la tente. Le candidat Nicolas Sarkozy avait trempé sa chemise à la Mairie de Saint-Paul. Il arrive accompagné d’Alain Bénard, le Maire, et retrouve le Président de la Région qui lui expose en quelques phrases la configuration de la circulation routière « pour la fin du siècle », à partir des travaux des premières décennies. « Nous commençons le siècle avec les contrats de plan et les programmes européens prévus, et en plus, les contrats de la route littorale et du tram-train », résume Paul Vergès, au milieu de la petite foule des responsables et techniciens de la DDE, de la DORT (Direction des Opérations Route des Tamarins), de la SR21 et des services de la Région. Autour, les professionnels du BTP et les responsables des entreprises à l’œuvre - Razel-Eiffages dans le groupement constitué avec les entreprises locales et les Allemands Bilfinger-Berger, en charge des forages.

Le ministre s’est à peine éloigné de la tente, d’où on lui a fait voir le départ du viaduc, l’enfilade des piles, puis l’arrivée dans la large échancrure de la falaise. Dans la cohue des journalistes, Nicolas Sarkozy a une brève conversation avec un conducteur d’engin allemand - ils sont quelques-uns à avoir suivi leur entreprise. Léger flottement dans l’entourage : le ministre serait-il venu jusqu’ici pour parler avec les ouvriers européens ?
Il échange ensuite avec trois jeunes Réunionnais qui ont trouvé sur ce chantier leur premier emploi. Wilson, Didier et Idriss sont maçons-coffreurs. Ils découvrent le monde du travail, un chantier éprouvant et passionnant, ils n’auront rien de désagréable à dire au ministre, c’est parfait.
Dernières poignées de main, Nicolas Sarkozy est déjà parti, direction Boucan Canot.

Paul Vergès doit s’expliquer devant la presse métropolitaine sur l’accolade que le ministre lui a donnée la veille. « Qu’est-ce que vous voulez, il m’a pris dans ses bras... », dit-il, fataliste.
Le chantier va reprendre son rythme habituel. Les professionnels du BTP restent sur place, des ouvriers aux dirigeants. Ils ont les uns et les autres entendu Paul Vergès dire au ministre que « tous ces grands chantiers créent de l’emploi ». Ils étaient 11.000 à la caisse des Congés payés, il y a quelques années, plus de 21.000 aujourd’hui et ils dépasseront 25.000 avec les chantiers de la route littorale et du tram-train.
« Ce qu’il y a de bien, c’est que, après, quand c’est fini, on attaque la corniche », dit un ouvrier. Même réflexion chez les dirigeants de la Fédération réunionnaise du BPT, qui préparent pour le 19 mars une visite du Président de la Fédération nationale du BTP, Patrick Bernasconi, pour un tour d’horizon des chantiers actuels et à venir.

P. David


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