François Hollande au cimetière du Père Lafosse

« Ta visite en ces lieux scelle notre accord »

2 avril 2012

Accueilli par Claude Hoarau au cimetière du père Lafosse, François Hollande a écouté deux jeunes candidats du PCR décrire les aspects majeurs du changement tant attendu.

C’est sous dans la lumière brulante de la plaine du Gol, au cimetière dit du Père Lafosse, que les militants communistes de Saint-Louis et de La Rivière avaient souhaité rencontrer le candidat qui, aujourd’hui, est en mesure de mettre fin à cinq années de sarkozisme. Un lieu hautement symbolique que ce cimetière des âmes perdues, où la mémoire populaire a conservé le souvenir des Réunionnais morts sans sépulture- expropriés jusque dans la mort des rites issus de leur culture et de leurs ancêtres. En 2009, sous l’égide de Paul Vergès, une stèle a été érigée en l’honneur de ces Réunionnais oubliés. Un « calme rocher », selon l’expression du poète, dont on peut gager qu’il durera plus longtemps que les mauvaises querelles politiciennes et néo-coloniales déclenchées alors contre le travail mémoriel mené par la Région.

Choix de société

À l’heure où un ministre sarkoziste se réapproprie sans vergogne l’idéologie ultra-conservatrice de la hiérarchie des races, c’est bien le signe d’un choix de civilisation qui était attendu par les participants au rassemblement saint-louisien. Après un dépôt de gerbe solennel en mémoire aux ancêtres, Claude Hoarau a rappelé l’importance et la potée du devoir de mémoire. Fidèle à ses engagements de toujours, le maire de Saint-Louis, qui, adolescent s’engageait pour Patrice Lumumba, et rendait, il y a peu, visite à Nelson Mandela, a donné une tonalité internationaliste à sa vision du changement. « Je souhaite que le président que tu seras, dise que la France regrette les 100.000 morts de la répression française à Madagascar. Je souhaite que le président que tu seras dise qu’on a chassé les habitants de Chagos de leur terre, que ces hommes et ces femmes ont été spoliés ». Notre Parti, a déclaré Claude Hoarau, « n’avait pas forcément vocation à te soutenir dès le premier tour », a rappelé le dirigeant communiste, qui a réaffirmé que ce choix s’effectuait « sur la base du programme de développement que nous t’avons soumis », ajoutant que la présence du candidat socialiste à Saint-Louis devait « sceller cet accord ».

Changer l’organisation de l’espace

Ce sont ces impératifs qui ont tour à tour été abordés par Yvan Dejean et Fabrice Hoarau, candidats dans la 3e et dans la 7e circonscription. Suivant le fil d’Ariane de la mémoire, Yvan Dejean a redit la volonté d’action qui caratérise les communistes réunionnais, face à l’emprise de l’histoire coloniale. « Souvenance, n’est pas repentance, et nous ne tendons pas la main », a-t-il déclaré à l’adresse du candidat socialiste, avant d’en venir aux enjeux contemporains. « Se départir de l’héritage, qui fait des hauts l’espace anonyme du travail et les bas l’espace où les choses se voient, se font et où l’on avance », et « aller au-delà de l’organisation du territoire héritée de l’esclavagisme, qui fait des communes les héritières des grands quartiers sucriers, aux limites héritées de la guerre menée par les propriétaires contre les noirs marrons » : telles sont les revendications que le jeune militant a rappelées à François Hollande, en un plaidoyer vibrant en faveur de la création de la commune de La Rivière.

«  Une reconquête par les Réunionnais de leur économie et de leur société »

Fabrice Hoarau est aussi parti du lieu symbolique du « Simtyèr Pèr lafos » pour envisager les défis que pose l’évolution de la société et de l’économie réunionnaise. Un lieu carrefour, où se rencontrent l’histoire de la canne, liée à l’usine du Gol, le poids des énergies fossiles, avec la centrale technique, et l’avenir du mode de production, symbolisé par la ferme voltaïque précédemment visitée par le candidat. Le jeune candidat communiste a rendu hommage à la créativité réunionnaise, rappelant que La Réunion avait longtemps été une terre industrielle. Comment faire face au « fléau de la désindustrialisation », auquel s’ajoute, dénonce Fabrice Hoarau, « l’omniprésence de cette finance dont vous, François Hollande, avez dit qu’elle était votre premier ennemi ». Une finance qui, a-t-il rappelé, étend son emprise sous nos latitudes. Et en effet quelle meilleure illustration que « l’usine du Gol, désormais détenue par une multinationale », et la centrale électrique « dans les mains d’un fonds de pension anglo-américain » ? L’avènement d’un mode de production « vert » marquera « la reconquête par les Réunionnais de leur économie et de leur société ». Une grande transformation dont, de l’avis des deux candidats, le changement est la première des conditions à réaliser…

Patrick Saint-Alme

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