Difficile de connaître l’ampleur de la crise

Taux de chômage à La Réunion : ce que disent l’INSEE et RFO-Télé

31 octobre 2009

Au lendemain de la publication d’un article de ’Témoignages’ rendant compte de l’aggravation de la situation de l’emploi à La Réunion, l’INSEE a adressé deux précisions à notre journal. Nous les publions ci-après. Il est à signaler qu’hier soir, RFO-Télé a tenu aussi à rappeler que le taux de chômage était inférieur à 28%.

1. Jeudi à 15h27 : les premières précisions de l’INSEE

« 
Suite à l’article publié le mercredi 28 octobre dans votre journal, le directeur régional de l’INSEE tient à vous préciser que le taux de chômage que vous avez établi et publié n’a pas de sens.
Nous regrettons que l’INSEE ait été associé dans le chapô au résultat que vous proposez, et nous souhaitons qu’à l’avenir l’amalgame entre un taux de chômage calculé par vos soins et celui calculé par l’INSEE ne puisse être fait.

Veuillez trouver ci-joints quelques éléments sur le calcul du taux de chômage :


Vous annoncez un taux de chômage à 37,6 %, alors qu’il s’établit à 27,2% au 2ème trimestre 2009, comme indiqué dans le document sur lequel vous vous appuyez pour cet article (Informations Rapides n°126, Enquête Emploi 2009 : forte hausse du chômage sur un an, INSEE : http://www.insee.fr/fr/insee_regions/reunion/themes/infos_rapides/emploi/iremp126/iremp126.pdf). 


Si le taux que vous avez établi est erroné, c’est en particulier parce que parmi l’ensemble des personnes inscrites à l’ANPE, toutes ne sont pas sans emploi. Seule la Catégorie A se rapproche de la définition du chômage au sens au sens du BIT. Mais elle est différente dans la mesure où la simple inscription au pôle emploi n’est pas suffisante et que tous les chômeurs ne sont pas inscrits au Pôle emploi. Les autres catégories rassemblent des personnes à la recherche d’un emploi mais qui ont travaillé au cours du mois et qui recherchent un autre emploi, plus conséquent.

D’autre part, le taux de chômage rapporte la proportion de chômeurs dans la population active. Cette dernière est composée des personnes en emploi et des chômeurs. Vous ne pouvez pas rapporter l’ensemble des demandeurs d’emploi inscrits au pôle Emploi à la population active au sens du BIT qui regroupe les personnes en emplois et les chômeurs BIT. Il faut évidemment une cohérence des concepts en ce qui concerne la population au chômage. 
(…) ».

2. Jeudi à 18h43 : demande d’un droit de rectification

Trois heures plus tard, nouvel E-mail de l’INSEE. Cette fois, c’est le chef de service "Etudes et diffusion" de l’INSEE qui nous écrit demande de publier un droit de rectification. Le voici :

« Suite aux articles publiés dans Témoignages les 28 et 29 octobre, l’INSEE rappelle que le taux de chômage du 2ème trimestre 2009 établi à partir de l’enquête Emploi est de 27,2%. Ce taux a été publié dans la note d’information rapide n°126 d’octobre 2009 disponible sur le site de l’INSEE à l’adresse suivante : http://www.insee.fr/fr/insee_regions/reunion/
Le taux de chômage calculé et publié dans ces articles n’engage que son auteur ».

3. Vendredi entre 19h et 19h30 : RFO dit que le taux de chômage est de 27,6%

Hasard du calendrier ? Au lendemain des deux courriers électroniques adressés par l’INSEE à notre journal, c’est un autre service public qui est entré en jeu. Hier soir, Marie-George Buffet était l’invitée du journal télévisé de RFO. Et la journaliste lui a demandé si elle pensait que le développement durable pouvait être une réponse à un taux de chômage de 27,6%.
Ce nombre est à une décimale près le même que celui qu’annoncent les calculs de l’INSEE. Pourquoi donc une telle précision ?
Manifestement, une telle suite d’événements amène à s’interroger. Les courriers de l’INSEE et la précision de RFO ont-elles la même inspiration ?

(à suivre)


Taux de chômage : les précisions de "Témoignages"

Nous tenons à préciser qu’à aucun moment dans l’article il est souligné que le taux de chômage calculé est celui de l’INSEE.
Nous avons tout simplement relaté que le nombre de demandeurs d’emploi estimé par la DTEFP Réunion est de 121.938 personnes (toutes catégories confondues : A, B, C, D, E). La population active estimée par l’INSEE est de 354.000 personnes.
À partir de là, le taux de demandeurs d’emploi est de 37.6 %.
Maintenant, un demandeur d’emploi de la catégorie B par exemple c’est-à-dire un demandeur d’emploi tenus de faire des actes positifs de recherches d’emploi, ayant exercé une activité réduite courte (i.e de 78 heures ou moins au cours du mois) est-il considéré comme un chômeur ?
Pour l’INSEE comme mentionné sur le mail transmis « seule la catégorie A (c’est-à-dire un demandeur d’emploi tenu de faire des actes positifs de recherche d’emploi, sans emploi) se rapproche de la définition du chômage au sens du BIT ». Par conséquent toute les autres catégories de demandeur d’emploi (B,C,D et E) ne font pas partie de la définition du chômage au sens du BIT et donc de l’INSEE. Autre exemple, un demandeur d’emploi de la catégorie D (demandeurs d’emploi non tenus de faire des actes positifs de recherches d’emploi en raison par exemple d’un stage ou d’une formation) mais sans emploi ne rentre pas dans la définition du chômage du BIT et de l’INSEE.
Pour résumer toutes les autres les catégories de demandeurs d’emploi (B, C, D et E) ne font pas partie de la définition du chômage au sens du BIT et donc de l’INSEE. Mais ces personnes restent pour autant des demandeurs d’emploi.

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Messages

  • Mon ex-mari intérimaire-manutentionnaire ne travaillait quasiment pas. Ce n’est pas faute d’essayer, de se présenter à la boîte de recrutement toutes les semaines...mais il n’y avait jamais de place, donc pas de revenu.
    Cependant je n’avais pas droit à une aide de l’État puisqu’il n’était pas considéré comme chômeur !!! Même si parfois il ne travaillait pas pendant tout le mois, son statut ne changeait pas.

    Je suppose que bon nombre de ces travailleurs précaires ne sont pas considérés comme chômeurs histoire d’embellir les chiffres du gouvernement. Les chiffres sont peut-être moins dramatiques, mais les queues s’allongent à la banque alimentaire !


Témoignages - 80e année


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