Un problème structurel

Thierry Robert tire la sonnette d’alarme sur le logement social à La Réunion

8 mai 2011

Hier matin, Thierry Robert, maire de Saint-Leu et vice-président du Conseil général délégué au Logement, a tenu une conférence de presse, « la première d’une série concernant les problèmes de La Réunion ». C’est la problématique du logement, et particulièrement le logement social, qui était à l’ordre du jour.

Aujourd’hui, 29.000 familles sont dans l’attente de logement social à La Réunion. Or, la construction de logements sociaux continue de baisser malgré une très légère augmentation en 2009.
Et pour cause, l’apport financier de l’État ne compense pas l’augmentation des besoins.
Ainsi, la LBU (Ligne budgétaire unique) 2010, qui finance la production de logements neufs, l’amélioration et la réhabilitation de logements anciens et les RHI, n’a permis la construction que de 1.521 logements alors qu’il en faudrait 5.400.

Le COF prévoyait 1.500 logements sur Saint-Leu

Pour 2011, on sait d’ores et déjà que « 40% de l’enveloppe de la LBU servira à rattraper le retard des 1.200 logements non financés en 2010 », précise Thierry Robert, maire de Saint-Leu.
Pour ce dernier, « nous nous retrouvons là face à une réelle contraction », puisque l’État s’était engagé en 2008 à travers le COF (Contrat d’objectifs fonciers) en faveur de la construction de logements sociaux. Interpelé par Thierry Robert, le préfet de l’époque, Pierre Henri Maccioni, avait assuré, dans un courrier adressé au maire de Saint-Leu, que, « dès lors, il est exclu que dans l’hypothèse, dont tout le monde se réjouirait, où les engagements des communes contenues dans le COF seraient tenus, l’État ne tienne pas les siens ».
Selon Thierry Robert, « cet accord prévoyait une programmation de plus 1.500 logements de ce type sur laquelle l’État s’est engagé à nous donner satisfaction. Aujourd’hui, le démarrage de ces opérations d’aménagement se heurte à l’insuffisance des crédits de la LBU ». A La Réunion, près de la moitié des chantiers de logements sociaux ne peuvent démarrer à cause du désengagement de l’État.
Avec seulement 6% de logements sociaux sur sa commune, le maire de Saint-Leu dit vouloir atteindre la norme réglementaire, c’est-à-dire 20%, « mais qu’on nous donne les moyens ».
De plus, « l’État ne respecte pas les dispositions de la circulaire du 26 juillet 2004 qui a fixé la participation de l’État jusqu’à 80% du déficit des opérations. En effet, il a été instauré un plafond de subvention de 25.000 euros par logement qui a pour conséquence d’accroître la part communale », dénonce le maire de Saint-Leu. Aujourd’hui, les communes ne peuvent faire face, « les outils FRAFU (ndlr : Fonds régional d’aménagement foncier urbain) et RHI sont devenus obsolètes et inadaptés à la situation locale », assure Thierry Robert.
C’est le cas pour l’opération “SOBEPRE”, à Grand Fond, pour laquelle aucun des dispositifs existants ne permet d’apporter des solutions financières pour faire aboutir cette opération de réhabilitation et de mise aux normes. L’opération de RHI du Plate est aussi aujourd’hui menacée.

« Un guichet unique pourrait assurer le financement de projets d’aménagement »

Le maire de Saint-Leu a donc écrit au président de la République, au préfet, aux ministères concernés et aux collectivités locales pour attirer leur attention sur ce problème prioritaire pour La Réunion.
Thierry Robert préconise ainsi « une révision des paramètres de financement ». Selon lui, « une refonte de ces dispositifs s’avère nécessaire et passe par la mise en place d’un nouvel outil. Un guichet unique pourrait assurer le financement de projets d’aménagement dans leur totalité. Ce guichet serait alors financé par l’ensemble des partenaires ».
D’autre part, il constate que le nombre de LES ne cesse de diminuer, « il est passé de 900 en 2005 à 392 en 2010, nous craignons une disparition de ce type de logement auquel les Réunionnais sont très attachés ».
Enfin, le maire de Saint-Leu souhaite une implication plus forte des autres collectivités, notamment la Région Réunion au titre de sa compétence Aménagement du territoire.
« Il conviendrait d’amplifier la part régionale dans le dispositif FRAFU en vue d’aménager les terrains pour la construction de logements sociaux », a-t-il conclu.

SP


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