Rattrapage en postes TOS

TOS : Rien ne se crée, tout se transforme

17 décembre 2004

La Commission technique paritaire ministérielle (CTPM) étudie aujourd’hui la dotation exceptionnelle qui sera allouée à l’académie de La Réunion pour la rentrée 2005. Le syndicat UNSA-Éducation menace d’importants mouvements pour la rentrée de janvier si la CTPM valide cette dotation dérisoire, bien loin d’une mesure de rattrapage.

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En octobre, le Premier ministre a mandaté deux inspecteurs généraux pour évaluer les retards de l’Académie de La Réunion en personnels TOS. Hors projection des besoins pour les années à venir, leur bilan des manques a fixé une base de distribution de 351 postes TOS.
"On est loin de l’estimation réelle, même la plus pessimiste", souligne Vincent Baugé, de la SNAEN-UNSA (Syndicat national des agents de l’éducation nationale - Union nationale des syndicats autonomes), qui rappelle que ce calcul prend en compte les contrats précaires comme des emplois.
Dans son contre-rapport, faisant état de la précarité, des retards en bâtis scolaires et personnels académiques, l’UNSA-Éducation recense 1.338 postes supplémentaires de TOS à créer pour permettre à l’académie de rattraper la moyenne nationale (20,1 postes TOS pour 1.000 élèves contre 12,5 postes de TOS pour 1.000 élèves à La Réunion). Sans les conclusions finales des rapporteurs, attendues le 15 novembre, le syndicat s’étonne que la dotation en TOS pour 2005 passe déjà au vote.

470 emplois administratifs supprimés

Toujours motivé par sa prérogative de restriction budgétaire, le gouvernement souhaite voir adoptée, aujourd’hui en CTPM (Commission technique paritaire ministérielle), une "mesure d’économie d’emplois administratifs". Afin d’"améliorer le service rendu à l’usager dans un contexte de gestion publique rénovée", le gouvernement prévoit la suppression de 470 emplois administratifs.
À La Réunion, dont l’académie fait l’objet d’un traitement particulier, les postes administratifs ne seront pas supprimés, mais transformés en emplois de la filière ouvrière en complément de créations de TOS qui lui seront attribuées.
Concrètement, en plus des 30 postes TOS - 26 postes d’ouvriers d’entretien et d’accueil (OEA), 2 postes d’ouvriers professionnels (OP) et 2 postes de maîtres ouvriers (MO), alloués à l’académie pour la rentrée 2005 -, 15 postes administratifs se verront transformés en postes de TOS. La dotation exceptionnelle censée permettre à l’académie de La Réunion de rattraper son retard en effectifs s’élève ainsi à 45 postes TOS pour 2005.
"On déshabille Gérard pour habiller Jean-François", constate Vincent Baugé, qui ne comprend pas très bien où se situe la notion de service rendu à l’usager. Pour Jacky Chane-Alune, il n’y aura plus de créations de postes dans l’académie, plus de mutations, "plus aucun accès à la Fonction publique".
Alors que l’on se situe dans la dernière tranche de la loi Sapin qui vise à la résorption de l’emploi précaire, Danièle Sitalapresad, représentante des personnels administratifs du rectorat, souligne que les plus de 100 emplois précaires que compte le rectorat vont le rester, au mépris de la loi.
"On ne peut pas nous dire que l’on vise un service public de qualité, quand le plan de titularisation sur lequel on travaille depuis 5 ans est balayé par un décret. Donner c’est donner, reprendre c’est voler", accuse Danièle Sitalapresad, qui rappelle que "des familles entières vont se retrouver au chômage et tout le monde s’en fiche".

Des chiffres tronqués

Jean-François Rialhe, membre du SE-UNSA, estime que l’on grappille sur le plan de rattrapage en jouant sur les effectifs. Il a du mal à comprendre comment l’on peut parler d’une baisse de 1.000 élèves dans le 1er degré, alors que seulement 7,7% des enfants de 2 ans sont scolarisés à La Réunion, contre 35% en Métropole. "C’est un scandale, car ces chiffres ne correspondent pas à la réalité socio-économique de notre département", explique Jean-François Rialhe.
Pour les 900 élèves supplémentaires du 1er degré à la rentrée 2005, 30 postes seront créés, alors que 90 départs à la retraite prendront effet. Avec le même quota d’effectifs dans le second degré pour la rentrée 2005, 113 postes (équivalents temps pleins) seront à pourvoir (contre 166 l’année dernière), et plus de 100 départs à la retraite.
"Notre grosse inquiétude, c’est la baisse des assistantes d’éducation et des personnels encadrant pour les élèves en difficulté. Les difficultés des enseignants ne pourront qu’augmenter", déplore le syndicaliste.
"Nous demandons toujours une prise en compte et un rattrapage des retards", soutient Vincent Baugé. Sans ce rattrapage avant transfert, sans de réelles et probantes mesures spécifiques pour La Réunion, et pas "une manipulation économique qui ne rend pas service aux parents", ce seront les collectivités qui devront pourvoir aux manques, retards structurels et à la poussée démographique de La Réunion. Vincent Baugé craint pour la fiscalité réunionnaise et surtout pour l’avenir du système éducatif réunionnais.

Estéfany


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