« Tout est duperie et tromperie »

Orientations budgétaires 2007 de Saint-André

10 mars 2007

Hier soir, en Conseil municipal, le Maire de Saint-André a présenté les grandes orientations budgétaires de la commune pour 2007. Pour Éric Fruteau, Conseiller municipal de l’opposition et Conseiller général de l’Alliance, il s’agit d’« un gros catalogue de fin de mandature qui prévoit de réaliser en 10 mois tout ce qui n’a pas été fait en 6 ans. »

Si les élections n’avaient pas été reportées en mars 2008, le contrat passé avec les Saint-Andréens en 2001 par l’actuelle mandature municipale ne serait pas aujourd’hui rempli. Hormis les infrastructures financées par les deux collectivités (piscine, établissement scolaire...), le développement de Saint-André est au point mort. Éric Fruteau ne peut que déplorer l’inertie persistante de la majorité qui fait l’aveu de son immobilisme en fixant des orientations pour 2007 irréalisables.

Saint-André à côté de son développement

Ce rapport fait en effet état de plus de 40 études de faisabilité qui logiquement se réalisent en début de mandature. « Tout est duperie et tromperie, soutient Éric Fruteau. Mais on sera vigilant sur l’utilisation du budget et l’augmentation de certains postes comme les associations para-municipales qui, on l’a déjà vu, voient leur budget doubler ou tripler (exemple du comité des fêtes), à l’approche des élections. » Appuyé dans son analyse par un autre Conseiller municipal, Joey Bédier, Éric Fruteau constate que la collectivité passe à côté de son développement en ne plaçant pas ses orientations dans un contexte plus général, en occultant les différents protocoles d’accords (Contrat de Projet État/Région, Programmes Opérationnels Européens) qui engagent l’avenir de l’île jusqu’en 2013. La municipalité ne se projette ni n’anticipe sur les grands défis qui s’offrent à son développement. Exemple du tram-train qui a toujours reçu l’opposition du Maire, ce dernier préférant se distinguer avec la mise en place du transport collectif en site propre. « Saint-André passe ici à côté d’un grand chantier de développement qui pourrait enfin permettre à la commune de sortir de son enclavement, soutient Éric Fruteau. À partir du tram-train, tout peut découler de façon claire. » Ce sont les administrés qui payent en premier lieu le prix des incohérences du Maire. Et là où la Commune parle d’orientations, Éric Fruteau préfère parler de résultats concrets, de bilan.

«  Tout est verrouillé, médiatisé, mis en scène  »

Celui de l’éducation marque parfaitement le décalage entre les orientations affichées et les réalisations. La Mairie de Saint-André met aujourd’hui en avant le Comité pour l’égalité des chances alors qu’en février 1999, « il a même contribué à sa faillite en tant que Président » et n’a rien fait pour éviter sa liquidation, pour sauver les emplois alors en jeu. Volte-face et grands discours en faveur de la loi Borloo ne sauraient effacer « l’incompétence qu’il a déjà démontrée sur ce sujet. » Protocoles éducatif, pédagogique ou alimentaire, pour Éric Fruteau « tout est verrouillé, médiatisé, mis en scène. » « Un protocole éducatif, c’est tous les jours qu’il se travaille avec les enseignants, les inspecteurs académiques, soutient encore l’élu, mais également professeur de mathématiques qui parle en connaissance de cause. Il faut simplement s’appuyer sur les conseils d’école au sein desquels les parents font remonter les problèmes. » La proximité et l’écoute sont indispensables pour la mise en place d’une politique éducative capable de s’adapter aux besoins et réalités locales. Quand on fait l’impasse de ces exigences, on se retrouve concrètement face à un protocole technique dont l’échéancier n’a jamais été respecté. Ainsi, matériel pédagogique et photocopieurs, commandés en début d’année scolaire et dont les appels d’offres n’ont été lancés qu’en décembre 2006, ne seront livrés dans certains secteurs qu’à la fin de l’année scolaire. « Quel intérêt ? N’est-ce pas du gaspillage ? » Quant au protocole alimentaire, Éric Fruteau déplore « la règle du moins offrant à Saint-André. On prend à moindre coût pour faire des économies, mais il ne faut pas jouer avec ça. Durant les intempéries, il faut se battre pour obtenir une bouteille d’eau dans une école à Saint-André. »

Quelle politique de l’eau à Saint-André ?

Il y aurait tant à dire, mais Éric Fruteau choisit de s’attarder sur « les limites de la politique environnementale à Saint-André », microcosme qui fait fi des grands enjeux qui s’offrent aux hommes politiques de notre temps, à La Réunion, mais aussi à l’échelle de la planète. « Les rues sont sales, on retrouve des ordures partout, certains secteurs n’ont pas encore été nettoyés depuis Gamède. On en vient même à déposer des ordures sur le terrain d’un privé. Même si le propriétaire est d’accord, ce n’est pas normal et illégal. Que fait la Cirest ? Il n’y a qu’un seul bac roulant sur la commune ! » Et Éric Fruteau, face cette politique laxiste et dangereuse, de soutenir à nouveau qu’il faut faire barrage au tout incinération, pour enfin créer une filière du tri à la source car le tri sélectif n’existe pas à Saint-André, pour favoriser la méthanisation des déchets verts et toutes les alternatives écologiques et créatrices d’emplois. Saint-André a en outre grand besoin d’une politique de l’eau potable, mais pas à n’importe quel prix. Éric Fruteau estime sur ce point que le contrat élaboré entre la commune et la Cise comporte trop de problèmes en termes de prestations et de coût pour les administrés pour être validé. Ce n’est pas de captages dont la commune a besoin, mais de forages pour collecter l’eau. « On l’a vu la semaine dernière dans l’Est, toutes les communes ouvraient leurs écoles, chez nous, elles étaient toutes fermées car on n’avait pas d’eau et que le budget éducatif ne permet même pas d’offrir une bouteille aux élèves. »

Ces quelques éléments de réflexions permettent à Éric Fruteau de démontrer, s’il en est encore besoin, que depuis plusieurs années, la politique du court terme menée par le Maire de Saint-André, sa vision sectorielle, son excellence dans la pratique de la politique politicienne et du clientélisme électoraliste, ne permettent pas à la commune de l’Est de valoriser ses potentialités, d’élaborer un plan d’aménagement global qui permettre à la Commune de s’inscrire dans une dynamique de développement en accord avec les grands défis de La Réunion du XXIème siècle. « Il faut dépasser ça », soutient avec conviction le conseiller municipal qui s’inscrit dans la jeune génération d’élus qui ont envie de construire La Réunion de demain. « Que ceux qui freinent cette dynamique, soit s’écartent, soit entrent dans le mouvement. »

Stéphanie Longeras

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- Endiguement des ravines à Saint-André

« À nous de trouver ici et ensemble, la solution la plus appropriée
 »

La municipalité saint-andréenne manifeste son intérêt pour l’endiguement. Éric Fruteau s’en réjouit autant qu’il s’en étonne. En 2005, lors de discussions relatives au schéma d’aménagement durable de la commune, la question a largement été soulevée par l’opposition non pas en se limitant à l’endiguement de la Rivière du Mât les Bas qui menace les habitations (logements construits à la faveur des élus de la majorité sur des zones à risque), mais en abordant dans son ensemble l’aménagement de la commune. L’endiguement n’est en effet pas seulement une question de sécurité, mais aussi de développement économique et de gestion des terres agricoles, trop longtemps dilapidées, du constat même de la Préfecture qui a demandé en ce sens à la municipalité de revoir sa copie PLU. Pour la rivière qui va de la Ravine Sèche à Bras de Chevrettes des études ont été réalisées, il y a plus de 10 ans. « Pendant 36 ans, rien n’a jamais été fait pour construire un projet finalisé et ciselé et aujourd’hui, on vient nous dire qu’il faut réorienter les fonds européens non plus sur les grands projets mais sur l’endiguement. » Pour Éric Fruteau, « il faut avoir une vue d’ensemble. » Saint-André comme les autres communes de l’île est en prise avec des difficultés financières et c’est pourquoi elle ne peut aborder ce problème seul, rester isolée. L’idée émise par le Président de Région, Paul Vergès, de créer une Société d’économie mixte rassemblant les communes, le Conseil Général et le Conseil Régional, apparaît comme la meilleure alternative. « C’est une bonne idée qui va dans le bon sens (...) Il ne s’agit pas, pour l’un ou l’autre, d’aller quémander de l’aide là-bas, auprès de Monsieur Baroin. Nous sommes dans l’ère de la responsabilité. C’est à nous de trouver ici et ensemble, la solution la plus appropriée. »

SL


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