Orientations budgétaires

Tracer les perspectives du million d’habitants

21 octobre 2004

Accentuer le développement, dans toutes ses dimensions : voilà l’orientation majeure de l’assemblée régionale, qui se réunissait hier pour tracer des perspectives à La Réunion ’du million d’habitants’.

Développement économique, développement humain et développement durable... Ces trois axes majeurs de la précédente mandature du Conseil régional sont repris et amplifiés pour la mandature 2004-2010, inscrivant l’action dans un cadre global : l’Agenda 21. Ces orientations visent à tracer des perspectives à La Réunion "du million d’habitants", en l’ouvrant sur le monde, malgré une conjecture internationale lourde de changements et d’incertitudes.

"Valorisons nos atouts pour un développement durable et solidaire". Ce programme de la mandature 1998-2004 reste valable, dans ses grandes lignes, pour 2004-2010, avec la perspective de préparer une Réunion d’un millions d’habitants d’ici 2020-2025.
Si la Région atteint ses objectifs, "nous aurons opéré sur douze ou quinze ans les plus grands changements que la Réunion ait connus sur trois siècles et demi" a résumé le président Paul Vergès, en introduction.
Ce qu’une oreille distraite prendrait pour de la vantardise est en fait corroboré par l’amplitude des actions présentées hier par le bureau de l’assemblée.

Ouvrir l’île sur l’Europe et sur l’Asie

Dans le contexte d’incertitudes budgétaires décrit en préambule par le président de la Région, les perspectives tracées semblent titanesques : surmonter les difficultés du monde agricole, répondre au besoin de logements, au défi des communications, construire un lycée tous les 18 mois, amorcer la route de moyenne altitude, engager la création du tram-train, mettre l’île sur la voie de l’autonomie énergétique (pour 2025-2030).
Et enfin, l’ouvrir sur l’Europe et sur l’Asie, "pour ne pas être surpris par un déplacement du centre de gravité du monde" a commenté Paul Vergès en mentionnant l’initiative récente du Premier ministre indien, invitant les pays de l’ASEAN à constituer "une communauté économique asiatique" pour "relever le défi de l’UE et de l’ALENA" (constituée par les USA, le Canada et le Mexique).
"Nous mesurons les difficultés. Nous cherchons à lever les incertitudes. Mais nous sommes conscients que notre équipe a une des plus grandes responsabilités vis-à-vis du pays : il ne suffit pas de l’interpréter, il faut le transformer" a-t-il conclu dans une référence philosophique célèbre.
Les orientations générales se déclinent donc selon trois grands axes - développement économique, développement humain et développement durable - recouvrant chacun plusieurs domaines de compétences. Les commissions de la collectivité ont été parfois réaménagées en fonction des transferts de compétences découlant de la loi de décentralisation, ou en fonction des objectifs que se donne la Région (lire notre encadré).

P. David


Développement économique, développement durable

Les priorités du développement économique, conjugué depuis le Plan de développement actif (PDA) de 1992 dans deux directions - économie concurrentielle (marché intérieur et export) et économie solidaire - recoupent des domaines très divers.
L’un des grands projets de l’économie concurrentielle passe par la mise en œuvre d’un Plan Pêche, dont les objectifs, selon le conseiller Raymond Lauret, sont de rééquilibrer les accords de pêche en faveur de nos pays en s’appuyant sur une base Réunion-Mayotte réunies dans des actions de co-développement, avec le soutien de la France et de l’Union européenne.

Le conseiller régional Philippe Berne a développé l’ensemble des actions relevant de l’aménagement du territoire, en insistant sur la poursuite de la mise en œuvre de l’Agenda 21, la préparation d’une "plate-forme du développement durable" et sur la révision du Schéma d’Aménagement régional (SAR).
Le deuxième grand projet est le programme énergétique,
dont les implications sont autant liées aux entreprises qu’à la recherche et à la formation de haut niveau ou encore aux relations de co-développement avec les pays de la région.
Une troisième orientation déploie tous les projets routiers et de transports multimodaux.
La quatrième orientation englobe tout ce qui a trait à l’environnement, avec pour projets phares le Parc national des Hauts ou encore le Parc marin, dont l’impact sur le tourisme devrait s’avérer décisif.
La mise en œuvre des différents plans d’élimination des déchets ouvre des perspectives vers l’emploi et l’exportation, ainsi que vers la coopération régionale.
Enfin, les changements climatiques seront pris en compte dans deux directions : les précautions découlant de l’accord de Kyoto et les adaptations aux risques majeurs, liées à l’effort de recherche.
Le désenclavement reste un objectif lié à la mobilité et au développement économique, avec pour point nodal "la baisse des tarifs aériens et maritimes", ainsi que l’a exposé la conseillère Yasmina Panchbaya.

Le domaine de l’économie solidaire a été présenté par Emmanuel Lemagnen, qui lui a adjoint le terme "d’économie populaire" pour, a-t-il dit, "structurer les économies microscopiques non rattachées aux secteurs marchands, faute de “rentabilité” et non prises en compte par le code du Travail".
Cet axe suppose l’intervention de l’État d’une part et une forte implication du monde associatif, dont le dynamisme à La Réunion est notable (800 associations créées par an, 15.000 emplois dérivés) et pourrait permettre, selon le conseiller régional, "d’expérimenter une structuration au travers une quatrième chambre consulaire".

P. D.


Consolider l’identité réunionnaise

Le programme de développement humain regroupe les programmes de santé, culture, sport, éducation et formation, innovation et recherche, présenté chacun par un(e) élu(e) référent(e).
Dans le domaine de la santé, la Région appuie la création d’un CHU (centre hospitalier universitaire), nécessaire tant pour l’île que pour les pays voisins, demandeurs de formation et d’actions de coopération ; elle s’engage à accroître les formations paramédicales (kinésithérapie, cadres divers), liées à de conséquentes perspectives d’emploi et va se rapprocher du Département dans la lutte contre "les grands fléaux" (alcoolisme, toxicomanies...).
Au plan culturel, la tenue prochaine des états généraux de la Culture (29-30 octobre) vise la définition d’un "projet partagé". La Région a également dans ses objectifs un programme de formation musicale, un renforcement des outils de la diffusion culturelle et une réflexion sur le patrimoine muséographique.
Mais le grand projet de la mandature sera l’inauguration de la "Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise", un grand projet "transversal" recoupant plusieurs compétences de la Région et porté par la collectivité comme un atout fort versé à la consolidation de l’identité réunionnaise.


P. D.


Sus à l’illettrisme

Parmi les actions versées à l’actif du programme régional de développement humain, figure tout ce qui se rapporte à l’éducation et la formation -regroupées en une même commission- à la recherche et à l’innovation, la santé, la mobilité et l’insertion.
Les efforts entrepris pour l’éducation vont se poursuivre avec pour priorité la lutte contre toutes les discriminations, l’amélioration des qualifications et l’ouverture au monde. L’innovation et la recherche sont des priorités que la Région entend maintenir en travaillant à une "plate-forme" et en affinant sa politique de soutien.
Mais l’effort le plus significatif est celui que la collectivité met dans la lutte contre l’illettrisme, un des plus grands fléaux dont souffrent une masse indéterminée de Réunionnais, généralement estimée à 120.000 personnes. Une plateforme partenariale est en place et un comité de pilotage existe depuis 2002.
En désignant la plus jeune conseillère régionale, Christine Soupramanien, la collectivité entend impulser de façon significative des actions basiques (état des lieux, bilan des formations) et œuvrer à une mutualisation des moyens, à une plus grande valorisation de ce qui se fait déjà et à une mise en synergie. Laquelle permettrait à l’ensemble des acteurs, institutionnels ou associatifs, et aux publics concernés, de prendre conscience de l’importance que représente la sortie de l’illettrisme du point de vue du développement personnel et pour le développement du pays.


P. D.


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