Catastrophe des emplois d’avenir et chômage de masse

Triste période des fêtes pour la jeunesse réunionnaise

7 décembre 2016

En France, la campagne de l’élection présidentielle a entraîné la nomination d’un nouveau gouvernement. Cette agitation médiatique ne peut pas faire oublier la situation dramatique de la jeunesse réunionnaise. Plus de la moitié des jeunes sont au chômage, et la fin des emplois d’avenir a déjà commencé, sans qu’aucune solution de remplacement ne soit acceptée. La proposition de Paul Vergès demandant la prolongation de ces contrats a en effet été refusée.

En février 2013, une ministre, Najat Vallaud Belkacem, était venue signer des contrats d’avenir. C’était alors l’étape obligée de chaque visite ministérielle au début du mandat de François Hollande.

À moins de 6 mois de l’élection présidentielle, la campagne électorale a entraîné un remaniement ministériel avec la nomination d’un nouveau Premier ministre. Compte-tenu de la proximité des prochaines échéances électorales, la politique menée pendant la fin du mandat de François Hollande ne changera pas sur une si courte période. Pour la jeunesse, le résultat est catastrophique. En cette fin d’année, les jeunes ne seront pas à la fête.

Le problème du chômage des jeunes est très ancien, et aucun gouvernement n’a mis en place une solution viable. Dans trop de cas, l’exil reste la seule solution pour obtenir un travail. L’arrivée au pouvoir d’un nouveau président de la République en 2012 avait suscité de grands espoirs. Il était en effet prévu la création des emplois d’avenir. Chaque visite ministérielle était alors ponctuée par une cérémonie de signatures de contrats devant les caméras. Un jeune était alors embauché pour une période de trois ans, avec une aide de l’État s’élevant à 75 % d’un SMIC net. Dès le départ, le dispositif a eu des ratés. Les soutiens du gouvernement à La Réunion jugeaient que les collectivités n’embauchaient pas assez vite. Du côté des communes se posait déjà la question de la pérennité de ces emplois. En effet, le gouvernement ne cesse de réduire les subventions vers les collectivités. Cette baisse des dotations réduit les moyens de fonctionnement des communes. Le recours à l’impôt pour compenser cette évolution a ses limites. Près de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Difficile donc dans ces conditions d’assurer la création de nouveaux services grâce à l’embauche définitive des emplois d’avenir arrivés en fin de contrat.

Fuite en avant

En août 2014, le président de la République a annoncé l’augmentation du soutien de l’État pour les emplois d’avenir. L’aide a été fixée à 90 % du SMIC net avec effet retroactif, sans que soit changée la durée du contrat.

Inévitable, la catastrophe commence à arriver. Depuis le début de l’année, près de 1.500 jeunes ont vu leur contrat se terminer. L’État ne propose aucune solution de remplacement. Il n’a pas voulu non plus mettre en œuvre des propositions visant à éviter le chômage aux jeunes concernés.

Lors du passage au Sénat de la Loi Travail, Paul Vergès avait proposé un amendement demandant le prolongement des contrats dans l’attente d’une solution pérenne. En voici le contenu :

Proposition de Paul Vergès refusée

« En Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion, l’échéance des contrats d’avenir est repoussée de trois ans.

Les premiers contrats d’avenir ont été signés en 2013. À la fin de l’année 2016, ils arriveront à terme. Selon une étude de la DARES, au plan national, les 2/3 des personnes ayant achevé leur contrat auprès d’une collectivité publique seront à la recherche d’un emploi au sortir du dispositif.

C’est encore plus vrai dans les outre-mer, où la situation financière des collectivités locales est encore plus difficile. Quelle que soit l’importance du volet formation ayant accompagné ces contrats, force est de constater que, en l’état actuel, ces jeunes ne trouveront pas d’emploi.

Il s’agit d’éviter les dérives connues lors de la fin du dispositif « emplois jeunes ». En effet, toutes les études ont montré l’importance de la préparation de la sortie du programme lorsqu’il n’y a pas, et c’est le cas le plus fréquent, d’intégration chez l’employeur. Dans le but de préparer une issue à ces contrats, il est proposé de les prolonger de trois ans »

La période des fêtes va bientôt commencer. Elle sera bien triste pour la jeunesse réunionnaise. Elle ne pourra s’améliorer que grâce à la lutte.

M.M.

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Messages

  • Pour les jeunes confrontés à la réalité économique catastrophique de l’île, le réveil après les fêtes de fin d’année sera brutal. En effet, au début de l’année, certaines prestations et des produits de consommation augmentent. Parallèlement disparaissent les revenus de ceux qui avaient un contrat aidé. Pour les fêtes, la solidarité familiale compense le mal être dans quelques foyers, mais le "père Noel " oubliera les délaissés, jeunes ou moins jeunes. Plus que jamais , la création d’emploi pérenne public ou privé est primordiale pour La Réunion. Cela doit se faire avec une prise de conscience de tous les acteurs économiques. Le développement de la Réunion est une nécessité pour préserver notre vivre ensemble.Tous doivent ramer dans le même sens au lieu de se contenter d’accumuler des profits au détriments des plus faibles. Cette volonté d’avancer ensemble, permettra à la jeunesse réunionnaise de s’insérer dans une société plus juste et également de vivre dans la dignité grâce au travail.
    Michel M


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