Virapoullé mis en cause par le Mme Girardin à propos de son amendement :

Un arrière-fond politique

2 juillet 2004

Comme nous le rappelions hier, ce n’est pas Paul Vergès qui a souligné que l’amendement déposé par Jean-Paul Virapoullé lors de la révision constitutionnelle empêche d’adapter, à La Réunion, tout texte législatif : c’est madame Brigitte Girardin qui a formulé une telle appréciation. Elle l’a fait à deux reprises. Le 5 mai dernier lorsqu’elle recevait la présidente du Conseil général et la semaine dernière lors d’une réception, rue Oudinot, des présidents des régions d’outre-mer ou de leurs représentants.
Après que Paul Vergès eut rapporté les propos ministériels, Jean-Paul Virapoullé a tenu à répliquer. Or, il ne s’en est pas pris à la ministre pour lui demander des explications, mais au président de la Région. Une attitude assez étrange et bizarre. Alors que Madame Girardin a nommément désigné qui à ses yeux apparaissait comme responsable de la situation à venir, le sénateur-maire de Saint-André a préféré biaiser. Tout ce qui se "raconte sur la décentralisation des TOS par rapport à mon amendement, ce n’est plus une ânerie, mais un mensonge phénoménal, une falsification de l’Histoire", a déclaré l’élu saint-andréen. Les oreilles de Madame Girardin ont dû siffler en relisant de telles déclarations qui s’adressaient, indirectement, à elle.
Ceci étant, la passe d’arme ainsi ouverte a bien évidemment un arrière-fond politique. Et l’initiative prise avant d’hier par Jean-Jacques Morel de constituer son propre groupe au sein du Conseil municipal de Saint-Denis arrive à point pour nous éclairer sur les enjeux réels de la diatribe.
Ce que vient de décider le premier adjoint de Saint-Denis n’est qu’une simple application de la tactique décidée par Jean-Paul Virapoullé d’une reprise en main de la Relève. Alors que ce dernier et le maire de Saint-Louis se contentaient de déclarations, Jean-Jacques Morel, lui, est passé aux actes : il a franchi, en quelque sorte le Rubicon, en se déclarant. On notera qu’au sein de son groupe se retrouve Mme Nalini-Véloupoullé-Merlo qui avait désignée comme candidate sur la liste UDF aux européennes par... Jean-Paul Virapoullé.
L’initiative de Jean-Jacques Morel signifie que le sénateur-maire de Saint-André et ses amis se préparent à affronter les échéances de 2007 dans une situation de confrontation avec l’UMP. On retiendra, à cet égard l’accusation portée par le premier adjoint au maire de Saint-Denis d’être aux ordres de Paris. "Paris command pas nous !" a tenu à déclarer, en guise de justification, Jean-Jacques Morel.
C’est en tout cas la énième trahison que prépare Jean-Paul Virapoullé. L’UMP lui avait proposé de prendre la présidence de la fédération réunionnaise du mouvement ; le gouvernement lui a confié une mission sur la question de l’octroi de mer et un quota de légine lui a été distribué : le sénateur-maire de Saint-André reste égal à lui-même, c’est-à-dire intéressé par l’amélioration de sa carrière et de ses intérêts personnels tout en ayant des convictions politiques variables.


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