Bilan des actions de L’État au 31 décembre 2005

Un bilan « largement positif » en débat

24 novembre 2006

Comme inscrit dans les textes officiels, la validation de l’exercice budgétaire de la collectivité régionale pour l’année 2006 a été précédé par la présentation du bilan des actions de l’État pour l’année 2005. Entre commentaires et questions : le rapport rendu par Pierre-Henry Maccioni et l’occasion de sa présence dans l’hémicycle ont conduit à trois heures d’échanges. Un record qui révèle selon le président Vergès « un besoin d’information et de lisibilité des problèmes qui intéressent les collectivités et l’État. »

Après deux mois d’exercice dans notre île, le préfet Pierre-Henry Maccioni a eu à charge de dresser le bilan d’exécution du PASE-R arrêté au 31 décembre 2005, programme d’actions stratégique qui guide l’action de l’État depuis 2004. Et comme chaque année, le bilan est positif, sans surprise pour les élus qui abordent cet exercice chiffré avec recul.

«  67% des objectifs sont atteints  »

Le préfet a passé en revue les 6 orientations du document : garantir la sécurité, promouvoir un développement économique créateur d’emplois, agir pour un aménagement durable et équilibré du territoire, veiller à l’égalité des chances et à la cohésion sociale, ouvrir de nouveaux horizons à La Réunion et enfin mettre en oeuvre les évolutions du mode de gestion publique engagées par le gouvernement. Et le préfet de noter que « 67% des objectifs sont atteints. » Comme il est de rigueur et de saison sur le plan national, Pierre-Henry Maccioni s’est félicité de « la baisse sensible de la délinquance » à La Réunion qui fait de notre département « le plus sûr de France. » Un bémol de taille néanmoins, celui des violences intra-familiales, problème auquel le préfet porte une grande attention.
Sur le plan sanitaire, l’« effort sans précédent de l’État » a de nouveau été relevé ; l’État qui en mobilisant 110 millions d’euros d’enveloppe autour du chikungunya a « pour sa part assumé sa responsabilité. » La crise a mis en évidence les fragilités structurelles du secteur touristique, qui doit encore selon le préfet « se professionnaliser davantage en prenant exemple sur nos voisins les plus proches. » Mais dans l’ensemble, la vitalité du secteur économique est continue. En créant 4.500 emplois en 2005, les entreprises sont toujours dynamiques et « en 2006, le marché de l’emploi continue de s’améliorer. »

L’avenir : rattrapage et anticipation

Pour preuve, le recul significatif du chômage qui est passé sous la barre des 30% : du jamais vu depuis 1993 ! L’on découvrira également que les revenus des ménages ont augmenté de 5% et que le logement social offre « des résultats encourageants. » Avec 4.702 logements sociaux (programmés, la précision n’a pas été faite mais est majeure), nous serions face « au meilleur résultat depuis 5 ans », et ce grâce à un effort collectif. Le soutien financier de l’État à l’ensemble des collectivités a augmenté de 41% en 4 ans, et de chiffre en chiffre, le budget de l’Outre-mer s’est également renforcé (peut-être grâce aux transferts non compensés à l’euro près !).
Les fonds européens sont à juste titre reconduits dans la même mesure pour la période 2007-2013 et le préfet de préciser que leur répartition ne privilégie aucune structure ou micro-régions mais que ces budgets sont ouverts à tous ceux qui lui présenteront des projets. « Il faut sans doute mieux l’expliquer aux élus et aux citoyens. »
Enfin, « si ce bilan est largement positif, le préfet a tenu à préciser que, l’avenir est en chantier tant en terme de rattrapage que d’anticipation. » Il a ainsi appelé l’ensemble des volontés à s’unir pour relever les défis, assurer les besoins à venir, conduire La Réunion vers l’excellence « qui doit continuer à s’ouvrir sur le monde et l’État veut y contribuer. »

Stéphanie Longeras


Extraits des échanges

Si le préfet a su tenir sa présentation dans des délais tout à fait raisonnables, en revanche, les questions, s’accompagnant bien souvent de larges commentaires, ont poussé l’échange jusqu’en début d’après-midi. Parmi les 21 interventions accordées par Paul Vergès, de la recherche au tourisme en passant par l’éducation ou l’environnement... nous retiendrons quelques extraits.

Les fonds chikungunya resteront à La Réunion

« 
Aider les filières et les vrais projets  »

Concernant les fonds chikungunya, Emmanuel Lemagnen, élu membre de la commission économique, a souligné un manque de lisibilité de la situation à court terme. Il s’est inquiété de la poursuite du soutien financier aux secteurs du tourisme et de l’artisanat. « Seulement 20% du fonds de secours a été mobilisé, il y a une sous-utilisation de ce fonds. » Ce constat a conduit à 2 propositions : réexaminer les modalités d’attribution et savoir si il est concevable d’envisager après les dépenses individuelles, des dépenses par secteur, pour les plus fragilisés.
Le préfet a assuré que nous pourrions conserver les 60 millions d’euros dévolus au soutien du secteur économique pour dépasser la crise. S’il refuse de revoir à nouveau les critères d’attribution, déjà modifiés, au risque de « faire du soupoudrage », il a clairement avancé que en cas de relance épidémique, les fonds seront utilisés dans les mêmes conditions, sinon, ils pourront « aider les filières et les vrais projets. » Une réponse de bon sens pour Emmanuel Lemagnen qui nous précisera par la suite qu’il faut encore être satisfait de cette réponse en réunions techniques avec tous les partenaires concernés.

- • Le haut débit

« 
Le plus rapidement possible  »

« Nous ne sommes pas satisfait aujourd’hui, a soutenu avec fermeté Guy Jarnac, élu chargé du développement des TIC. Partout on nous dit que nous sommes des Français à part entière, mais on n’arrive pas à mettre au pas l’opérateur historique qui réalise ici de supers bénéfices. » Comment alors sans l’égalité numérique, les trois grandes orientations de l’État à savoir, l’aménagement numérique des établissements scolaires, le dossier médical partagé et la pièce d’identité numérique, vont-ils être mis en oeuvre à La Réunion ? « Vous avez un méga, 10 minutes après vous ne l’avez plus... c’est ça la continuité territoriale ?! Si l’on n’a pas de hauts débits, il n’y aura pas de modernisation des services de l’État. »
Le préfet s’est engagé à ce que notre département soit servi en haut débit au niveau de la métropole « le plus rapidement possible. » « Quel que soit l’opérateur retenu, si ce n’est pas l’historique, pour reprendre votre terme, ce sera un autre », a soutenu Pierre-Henry Maccioni qui a parlé de difficultés dues aux négociations actuelles.

- • Financement de la réserve marine

Inquiétude sur les moyens

Guy Jarnac, délégué au développement durable a souligné que pour une gestion efficace de la réserve marine, il faut réaliser le balisage nécessaire pour usagers - dont le coût est estimé à 1 million d’euros par la DIREN -, et renforcer le nombre des éco-gardes (3 actuellement assermentés). Alors que l’État intervient à moins de 5% au niveau de l’association du Parc Marin, se pose alors un problème de financement qui a conduit l’élu à se dire « extrêmement inquiet. » Le préfet aurait pris contact avec la ministre de l’environnement pour solliciter une « dotation conséquente », car Pierre-Henry Maccioni « partage votre préoccupation sur les moyens. Je suis cette affaire avec beaucoup d’intention. »

S. L.


Incinérateur : ça n’est pas à l’État de choisir

Nous ne retiendrons de la longue intervention de Michel Vergoz que son appel au courage lancé au préfet s’agissant de l’installation rapide d’un incinérateur qui pour le pharmacien de profession, ne représente aucun danger pour la santé. « Je peux être volontaire, je peux comprendre que face aux échéances électorales, on ne veut pas prendre de décision importante trop rapide mais je ne comprendrai pas que l’on ne veuille pas en parler », a répondu pour sa part le haut fonctionnaire d’État. « Il ne m’appartient pas de choisir, mais je souhaite par contre que l’on aboutisse le plus rapidement possible. » Et pour aider à la prise de décision locale, des experts également positionnés contre l’incinérateur ont été invités par l’État pour ne pas entendre « dire que le discours est biaisé. »

S. L.


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