Visite de Sarkozy en Guyane, le constat de Guyane Première :

« Un discours d’un président qui ressemblait néanmoins à un discours de candidat »

23 janvier 2012, par Manuel Marchal

Deux mois après le Comité interministériel sur l’Outre-mer, le président de la République était venu à La Réunion présenté ses vœux à l’Outre-mer. À l’époque, il avait parlé de responsabilité et de développement endogène. Deux ans plus tard à Cayenne, Nicolas Sarkozy a fonctionné comme un disque rayé, avec les mêmes thèmes teintés d’un appel vers les ultra-conservateurs français qui refusent que tous les contribuables puissent avoir le droit de vote. Quant à sa visite à La Réunion « au premier semestre », il est clair qu’elle aura lieu en pleine campagne électorale.

« Un discours d’un président qui ressemblait néanmoins à un discours de candidat », même Guyane Première reconnaît que Nicolas Sarkozy s’est servi d’un déplacement en tant que président de la République pour lancer la campagne électorale de l’UMP. L’élection présidentielle a lieu dans 4 mois, et le discours des vœux à l’Outre-mer a été l’occasion pour Nicolas Sarkozy de vanter sa politique. Quant aux annonces, elles concernent d’abord l’électorat en France.
En effet, à Paris tous les médias ont repris la sortie de Nicolas Sarkozy contre l’extension du droit de vote à tous les contribuables. En France, une partie de l’électorat est sensible à ce genre d’arguments. Mais dans notre pays ou en Guyane le contexte est totalement différent. Car si en France, les habitants des pays frontaliers ont le droit de voter aux élections locales et aux Européennes, ce n’est pas possible dans les Outre-mer. Quant à la distinction d’étranger, n’oublions pas qu’avant 1848, la majorité de la population à La Réunion était qualifiée d’étrangère, elle n’était pas considérée comme humaine, mais comme meuble.

Toujours rien de concret

Ceci étant, à Cayenne, Sarkozy a ressorti les thèmes qu’il ressasse à chaque voyage dans les Outre-mer. Il parle de donner plus de responsabilités aux élus que les populations de ces territoires se choisissent. Il dit aussi vouloir favoriser la promotion des originaires d’un territoire dans la fonction publique chargée d’administrer ce territoire. Il utilise aussi le concept de développement endogène. Autant dire que c’est le même disque que celui qui avait été entendu voici deux ans lors de la cérémonie des vœux du chef de l’État qui s’était déroulée à Saint-Denis.
Puisque ce discours est sensé s’adresser à tous les citoyens des Outre-mer, il est intéressant de se demander qu’est-ce qui a changé entre ces deux cérémonies de vœux.
Sur le plan de la responsabilité des élus, le gouvernement a décidé d’agir dans le sens de la restriction. Paris a supprimé la taxe professionnelle et a décidé de geler les dotations aux collectivités territoriales. Ce sont des mesures qui portent atteinte à la libre administration des collectivités, car elles imposent à ces dernières une baisse de leurs recettes.
Pour le développement endogène, les Réunionnais ont pu constater que depuis deux ans, les différents leviers permettant le développement du pays ont été cassés par le gouvernement et ses représentants dans notre île. L’UMP a décidé de supprimer le tram-train, de donner un coup d’arrêt au dynamisme de l’énergie photovoltaïque, et de baisser drastiquement les subventions de l’État à la construction de logements.
Pour La Réunion, le résultat de ces décisions, ce sont plus de 151.000 demandeurs d’emploi.

Une polémique franco-française

Puisque les annonces relatives à l’Outre-mer sont totalement vides, il est clair que les vœux de Sarkozy avaient un autre objectif. La cérémonie a été avancée, ce qui a eu pour résultat de la placer quelques heures avant le discours d’ouverture de campagne du candidat socialiste au Bourget. De plus, le thème du "droit de vote des étrangers" s’adresse d’abord à l’opinion publique en France. Dans ces conditions, il est donc urgent que toutes les dépenses de ce voyage soient inscrites dans le compte de campagne du candidat UMP à la présidentielle, et que le temps d’antenne accordé par les télévisions à ce déplacement électoral soit imputé au candidat UMP.
Le même traitement devra s’appliquer au voyage à La Réunion si jamais il a vraiment lieu.

 M.M. 

9 morts en Guyane

La veille l’arrivée de Sarkozy en Guyane, une fusillade a fait 9 morts dans le pays. Cette nouvelle n’a été annoncée que le lendemain samedi, une fois Sarkozy arrivée. En 2007, le candidat UMP à la présidentielle avait fait de la lutte contre l’insécurité un axe stratégique. Cinq ans plus tard, ce dramatique fait divers traduit bien l’échec d’une politique de communication sans axe concret.


Incroyable, mais vrai : le Brésil oublié

La Guyane partage avec le Brésil une frontière commune de plusieurs centaines de kilomètres. À Saint-Georges au-dessus de l’Oyapok, un pont est construit entre la région de Guyane et l’État de l’Amapa au Brésil.

Le Brésil est aujourd’hui un des pays qui tire l’activité économique du monde, compensant ainsi la faillite de l’économie occidentale.

Mais il n’y avait absolument rien de prévu au programme de la visite du président de la République au sujet du Brésil. Est-ce pour punir ce pays d’avoir refusé d’acheter l’avion militaire Rafale ?

La seule référence indirecte au Brésil, c’est la tirade contre le droit de vote des étrangers en affirmant en substance qu’en Guyane, le tiers de la population n’a pas la nationalité française. En Guyane, tous les contribuables ayant la nationalité brésilienne sont privés du droit de vote, mais combien rapportent-ils à la France ?

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