Le directeur du FMI en prison, la question de sa succession ouvertement posée

Un enjeu : le respect de la réalité économique du monde

18 mai 2011

Quelle que soit l’issue de la procédure visant Dominique Strauss-Kahn, son mandat à la tête du Fonds monétaire international doit bientôt se terminer. La désignation de son successeur marquera-t-elle la rupture avec un partage des responsabilités réservé aux ressortissants de l’Europe et des États-Unis ?

Actuellement, la désignation des dirigeants des institutions financières internationales obéit à une règle tacite d’un autre siècle : la Banque mondiale pour un ressortissant des États-Unis, et le Fonds monétaire international pour un Européen. L’emprisonnement de Dominique Strauss-Kahn à New-York a une conséquence immédiate. Ce sont désormais des citoyens des États-Unis qui dirigent les deux institutions financières internationales. L’intérim à la tête du FMI est assuré par John Lipsky, ancien vice-président de JP Morgan, une des plus puissantes banques des États-Unis et du monde.
À peine DSK jeté en prison, les Européens s’agitent pour présenter un candidat à sa succession. Des noms commencent à circuler : le Suisse Josef Ackerman, président du directoire de la Deutsche Bank, l’Allemand Axel Weber voire même Christine Lagarde, la ministre de l’Économie.
Depuis la création du FMI, 11 directeurs se sont succédé, tous des Européens, dont 4 Français. Mais depuis la mise en place des institutions de Bretton Woods à la fin de la Seconde guerre mondiale, le visage du monde a considérablement changé.
Qui pourrait dire aujourd’hui que La Réunion de 1945 est la même que La Réunion de 2010 ? Personne. Entre ces deux dates, la population a triplé, et des bouleversements sont arrivés sous l’effet des luttes : la scolarisation de masse, l’eau au robinet, l’accès aux soins… ce sont des changements tout aussi considérables qui ont remodelé le monde au cours des 65 dernières années avec la croissance de la population, la mondialisation des échanges et la révolution technologique.
Sur le plan économique, c’est désormais le groupe des pays émergents qui tire la croissance. Ce changement a provoqué l’irruption d’une nouvelle organisation, le G20, qui élargit à des pays tels que l’Inde, la Chine, le Brésil et l’Afrique du Sud notamment, le cercle des décideurs pour une nouvelle gouvernance.
La crise mondiale a encore augmenté le poids des pays émergents dans l’économie du monde. Ce sont en effet ces derniers qui se sont redressés les premiers.
L’an dernier, un Chinois a été nommé conseiller spécial au Fonds monétaire international, il s’agit de Zhu Min. La direction des institutions internationale va-t-elle refléter les nouveaux rapports de forces qui marquent ce début du 21ème siècle ? C’est au sein du Fonds monétaire international que ce débat se pose de manière concrète, car quelle que soit l’issue de la procédure judiciaire visant Dominique Strauss-Kahn, ce dernier voyait son mandat se terminer au plus tard l’année prochaine.


Précision

Une erreur s’est glissée dans le compte-rendu de la position de Paul Vergès relative à la situation à la tête du FMI. Il fallait bien entendu lire « le président de l’Alliance indique que le départ de Dominique Strauss-Kahn de la direction du FMI peut être le moment de confier la responsabilité de cette institution à un citoyen venant d’un pays émergent ». Toutes nos excuses à nos lecteurs pour cette erreur.

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