Un événement qui prendra place dans l’histoire de La Réunion

20 janvier 2007

Extraits de l’allocution de M. Paul Vergès, Président du Conseil régional de La Réunion.

Nous vivons aujourd’hui un moment dont nous devons mesurer la portée. Si le mot historique est parfois galvaudé, il est cette fois juste de dire que l’évènement que nous célébrons prendra place dans l’histoire de La Réunion. Avec la réalisation de ces deux infrastructures de la nouvelle route du Littoral et du tram-train, nous engageons un effort considérable qui n’a de précédent dans l’histoire de La Réunion que la construction simultanée du chemin de fer et du port de La Rivière des Galets à la fin du 21ème siècle.

Si l’on raisonne sur la période actuelle, la nouvelle route du Littoral et le tram-train sont des investissements d’envergure nationale, comparable au Viaduc de Millau ou au TGV Est. Rapporté à l’échelle de La Réunion, le poids de ces investissements est tout à fait exceptionnel : avec l’achèvement de la route des Tamarins (1 milliard d’euros) dont la livraison est prévue pour début 2009, avec l’engagement des travaux du tram-train en 2008 (1,3 milliard d’euros) pour une livraison en 2013, avec parallèlement les travaux de la nouvelle route du Littoral (930 millions d’euros) pour une livraison prévue vers 2016, ce sont plus de 3 milliards d’euros (plus de 20 milliards de francs) d’investissements pour La Réunion, avec tous les effets induits sur l’activité économique et l’emploi : dans une île où la commande publique représente plus des deux tiers de l’activité, l’impact de ces opérations est évident, mais surtout, avec la garantie du déploiement de ces investissements sur une décennie, c’est tout le climat qui en est changé avec des perspectives d’un haut niveau d’activité assuré pour plusieurs années.

Avec par conséquent la garantie, pour les centaines de jeunes Réunionnais formés sur un chantier, de pouvoir se redéployer sur d’autres. C’est aussi la démonstration que les dispositifs d’aides existants, notamment la défiscalisation, peuvent être des leviers efficaces et décisifs lorsqu’ils sont dédiés à des infrastructures de développement.

Des grands chantiers pour le développement durable

Jamais une collectivité locale, grâce au partenariat avec l’Etat, n’aura eu à assumer la maîtrise d’ouvrage d’un tel niveau d’investissements ; et jamais La Réunion, n’aura eu l’assurance de telles perspectives de développement : car, et c’est cela l’essentiel, ces grands chantiers s’inscrivent dans le cadre global du développement durable de La Réunion :

(...) Je n’insisterai pas sur le rôle vital de la route du Littoral, liaison entre les 2 poumons économiques d’une part, du port et d’autre part, de l’aéroport, ni sur les épisodes dramatiques jalonnant, depuis un demi-siècle, l’histoire de cet ouvrage. Après des décennies de drames et de controverses, la garantie enfin d’une solution définitive a une portée considérable.

Quant au tram-train, c’est la solution moderne et impérative de l’alternative au tout automobile. Le parc automobile actuel compte près de 33.000 véhicules ; chaque année, près de 30.000 immatriculations nouvelles sont enregistrées. Sans sa réalisation, notre île est condamnée dans quelques années au “coma circulatoire”, comme avait dit un Préfet de région. Le tram-train s’inscrit également dans le cadre d’une politique de structuration urbaine et d’aménagement du territoire. C’est pourquoi a été fait le choix du passage par le plateau de La Montagne pour la section entre Sainte-Marie et Saint-Paul ; c’est aussi pourquoi nous avons en tête l’objectif du tram-train de Saint-Benoît à Saint-Joseph avec d’ores et déjà des études réalisées pour une prochaine section dans le Sud.

C’est pour toutes ces raisons que le tram-train inaugure une nouvelle ère pour la politique de déplacement et d’aménagement du territoire de La Réunion et qu’il jouera, durant ce siècle qui commence, un rôle aussi important que celui du chemin de fer à l’époque de l’économie de plantation et de l’industrie sucrière à la fin du 19ème siècle. (...)

Et ce au moment où notre île aborde une période décisive avec la mise en œuvre du contrat de projet Etat/Région et des Programmes opérationnels européens sur la période 2007-2013 : la simultanéité entre ces deux programmes pluriannuels et la programmation de ces grands chantiers représentent une nouvelle étape dans la construction du développement durable de La Réunion.

L’édification d’un socle de développement

(...) Aménagement du territoire avec les endiguements des ravines à l’heure où les aléas climatiques commandent une politique de prévention des risques, irrigation avec le chantier du basculement de l’eau, équipements scolaires collèges, lycées, université, émergence de pôles d’excellence avec notamment le Cyclotron et le Centre de recherche et de veille sur les maladies émergentes, ou encore Pôle de compétitivité en agro-nutrition en milieu tropical, (...) énergies renouvelables avec l’objectif de l’autonomie énergétique à l’horizon 2025, Nouvelles technologies de l’information et de la communication avec les infrastructures en matière de haut débit, (...) équipements sportifs et culturels avec le projet phare et emblématique de la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise...
L’édification de ce socle de développement doit permettre désormais à La Réunion de se projeter dans le long terme pour affronter les défis modernes découlant de la mondialisation de l’économie : c’est dans cette perspective que la Région a pris l’initiative de l’élaboration d’un Plan Réunionnais de Développement Durable à 25 ans, se projetant sur l’horizon 2030, où la population active aura atteint le nombre de 444.000, soit 50% de plus qu’aujourd’hui.
Ce plan se fonde sur la valorisation des atouts propres de La Réunion pour affronter le défi de son ouverture au monde, dans un environnement géo-économique en pleine mutation avec l’émergence, dans le bassin indocéanique, des géants du 21ème siècle, la Chine et l’Inde, ou dans son environnement immédiat, avec la communauté des îles de la Commission de l’Océan Indien, qui représenteront, en 2025, 35 millions (...).
C’est en prenant en compte les facteurs fondamentaux de la progression démographique et de la mondialisation que l’économie réunionnaise doit se préparer à trouver sa place dans les APE (Accords de partenariat économique entre l’Union européenne et les pays ACP) où à anticiper les échéances du prochain règlement sucrier.

Lorsqu’il y a une volonté politique et une vision, il y a toujours un chemin et une voie ouverte sur l’avenir

Ces perspectives ouvertes ne doivent pas occulter les problèmes urgents ou récurrents auxquels est confrontée la société réunionnaise : le logement, avec l’exigence de doubler le rythme de construction de logements sociaux pour faire face à la demande, l’illettrisme, qui marginalise près de 150.000 de nos compatriotes et bien évidemment l’emploi, avec un taux de chômage encore 3 fois supérieur à la Métropole, malgré le dynamisme de l’économie.
C’est en ayant à l’esprit tous ces éléments que nous mesurons l’importance de l’accord que nous scellons aujourd’hui : grâce à une volonté politique sans faille, grâce à la qualité du partenariat entre l’Etat et les collectivités réunionnaises, nous avons pu surmonter les obstacles, consentir les efforts nécessaires et faire prévaloir l’intérêt général. Je voudrais rendre hommage au travail accompli par les services de l’Etat à La Réunion sous la responsabilité du Préfet, avec le soutien constant des cabinets ministériels, celui des services des collectivités réunionnaises et en définitive l’esprit de partenariat qui a toujours prévalu et qui a permis de concrétiser la volonté partagée d’aboutir à un accord, répondant à l’attente légitime de la population. Cette victoire de la détermination qui permet aujourd’hui à La Réunion d’opérer, avec le soutien de l’Etat, un saut qualitatif, montre que lorsqu’il y a une volonté politique et une vision, il y a toujours un chemin et une voie ouverte sur l’avenir.


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