Billet d’humeur(s)

Un lendemain d’élections

9 mai 2007

On se croirait un lendemain de défaite. La France a perdu la grande finale. Le soir de l’annonce des résultats des élections, La Réunion n’a pas vu apparaître une marée humaine déferler sur les grandes places, et pour cause : Sarkozy y est arrivé. Bonjour demain !

Le lendemain des élections, c’était le coup de massue, surtout ici à La Réunion, où les résultats des votes penchaient plutôt pour la candidate socialiste. Les perdants déçus, étudiant, employé communal, professeur, informaticien, réagissent dans nos pages. Enseignant à l’Université, celui qui se fait appeler K. tente de cacher son désarroi. « De toute façon, il fallait s’y attendre. Sarkozy a entamé depuis longtemps sa campagne, et on peut aisément se demander ce qui aurait pu l’empêcher de gagner, lui qui était à la fois candidat et ministre. On peut s’interroger sur les pressions faites à l’encontre des médias. Mais ça ne sert plus à rien de se lamenter. Il faut supporter le pire pendant 5 ans, peut-être que les Français, d’ici là, se réveilleront. Depuis 1995, la droite est au pouvoir ; les Français aiment descendre dans la rue pour dire qu’ils ne sont pas contents de telle mesure, de telle loi. Et quand il faut stopper la machine, on donne de l’essence ».
Michel, étudiant au Moufia, s’inquiète quant à lui des conséquences de ces résultats. « Je regrette ce qui se passe dans l’Hexagone, mais je comprends. Les jeunes ont pris conscience qu’il faut voter, mais au final celui qu’ils voulaient hors de l’Elysée se retrouve élu, et l’espoir de la jeunesse avec. En tout cas, ça me motive pour aller poursuivre mes études à l’étranger », déclare-t-il. Tout en admettant la défaite, il voit l’importance des prochaines échéances électorales. « Si on arrive à battre la droite aux législatives, peut-être que les choses seront différentes. En tout cas, il faudra tout faire pour contraindre Sarkozy dans sa manière de gouverner La France ».

« n’a rèv ankor sink an »

François est employé communal. Il attend depuis longtemps sa titularisation. « I fé kinz an, mi travay po la méri, é i pèy konm gout à gout, in ti pé mèm, malgré moin nana kat boush po nourrir. Là Sarkozy la rantré, kosa i sa fé èk nou. Dan son boush, nana rienk lékonomi, fé lékonomi. Soman mi panss li mazine ar’pa tout demoun an Frans. Son frèr té in gro mantor le MEDEF. Là, li va fé kroir anou li sa mazine sat lé an ba. Nou sa manz margoz pandan sink an. Aprésa, dawar demoun va konprann, la droitt i fo anbar azot mèm ». Déçu, il se demande ce que lui réservera l’avenir. « Ou di sa ou, là Sarko i di li lé po laksésion in kaz. Oté, i fé vin t’an mi viv dann loiyé. Ek mon ti salèr, ékèl bank i sar fé konfianss èk moin. Si moin té titilarizé, omoin mon salèr noré ogmanté. Amoin osi, mi émré annawar la posibilité ashté in kaz, fé viv mon zanfan dési in tèr lé amoin. Soman, n’a rèv ankor sink an ».
Gilles, informaticien de métier, voit les choses avec quelque peu de philosophie. « Je ne cache pas mon désarroi. D’autant que les résultats à La Réunion étaient totalement favorables à Ségolène Royal. Mais, entre nous cela dit, c’est la preuve que les Français sont en train de changer. Maintenant, ce n’est plus contre Sarkozy qu’il faut se battre, mais contre ses idées. Qui n’a pas touché le feu ne sait pas que cela brûle. Nous grillerons durant cinq ans ». Même pas un petit mot d’encouragement au nouveau Président, qui prendra ses fonctions le 17 mai prochain !

W.T.


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