Pour les élus régionaux, ce déplacement dans la commune « la plus au Sud possible » avait la valeur d’un « geste politique nécessaire », montrant le rôle que peut jouer Saint-Joseph dans la structuration d’un développement alliant « ruralité et modernité » et pour le rééquilibrage du Sud.
Dans un exposé liminaire, Paul Vergès a exposé quelques-unes des idées à partir desquelles la Région structure l’importance que prendra pour demain le “Sud sauvage”, dans une économie générale passée d’une agriculture dominante, dans la société de plantation, à une société de services, dans laquelle il faut trouver de nouvelles niches d’activité et d’emploi pour permettre au Sud de rééquilibrer la balance.
Le déséquilibre est venu avec le reflux de l’activité agricole, dont Paul Vergès a rappelé que pendant plus de 150 ans, elle avait structuré autour des usines sucrières et des bassins canniers - aussi importants dans le Sud que dans le Nord-Est - l’ensemble des activités économiques de l’île, trouvant sa traduction dans la vie politique de l’île.
Le reflux de l’agriculture dans l’économie et la fermeture des usines ont profondément modifié la donne, en concentrant essentiellement dans le Nord, et dans une moindre mesure dans l’Ouest, l’essentiel des activités de service qui ont pris une part prépondérante dans l’économie de l’île.
Il s’agit maintenant de « rechercher des activités nouvelles pour augmenter le poids économique du Sud », a indiqué Paul Vergès - et, au passage, en finir avec les embouteillages qui sont la rançon quotidienne de ce déséquilibre entre Nord et Sud.
Le président de Région a rappelé que, dans cette politique de rééquilibrage, la collectivité vient de voter 60 millions d’euros pour le Centre professionnel des métiers de l’automobile (Saint-Pierre) ; qu’elle s’est déjà beaucoup engagée dans le développement du centre universitaire du Sud (Tampon) et qu’elle prévoit d’installer également dans le Sud la future antenne satellitaire régionale.
« La Région a aussi la volonté de créer de l’activité, de la valeur ajoutée et de l’emploi dans les domaines agricoles et agro-industriels », a poursuivi Paul Vergès.
Le rééquilibre du Sud, la Région y travaille selon deux axes principaux qui sont celui des déplacements et des transports (passagers et marchandises) et la recherche de projets à moyens et longs termes.

(a) Déplacements et transports : Ils doivent d’abord régler les difficultés de la circulation. Ce sont les projets de la déviation de Saint-Joseph et du tram-train. Les études pour l’extension du tram-train de Saint-Paul à Saint-Joseph sont engagées, de sorte que « quand le premier tronçon sera réalisé, en 2013, le relais sera pris vers le Sud », a ajouté Paul Vergès. L’autre projet routier d’importance pour le Sud sera la voie de grande circulation en moyenne altitude, « où la population va devenir majoritaire d’ici 20 à 25 ans ». Le prolongement de la route des Tamarins vers les Lianes se fera « en commençant par le Sud », a insisté le président de Région, et en remontant vers Stella.

b) Pour les projets à plus long terme, les idées émises portent sur l’usage de la terre volcanique à des fins agricoles mais aussi pour l’utilisation de la lave comme matériau de construction. Ou encore sur la recherche d’un matériau biodégradable, pour remplacer les millions de sacs plastiques que nous jetons tous les jours. L’arbre à vacoa, si on le replantait en quantité, pourrait apporter une matière première de substitution, une source de travail, de valeur ajoutée industrielle et d’emploi, a indiqué Paul Vergès, en signalant des études faites en Asie sur la composition du bambou. Une étude semblable pourrait être menée assez rapidement sur le pandanus et ses produits dérivés.
Dans le domaine des énergies, la mission partie récemment en Australie pour étudier les énergies liées à la mer (vagues, houle et courants marins) est revenue avec des idées d’études à mener « pour développer des activités dans le Sud, à Saint-Joseph comme dans l’ensemble de la micro-région », a souligné le président de la Région, en mettant en avant l’importance de déployer ces réalisations à partir d’une réflexion collective.
Il a aussi été question de l’aménagement des rivières et des projets d’endiguement, ainsi que de l’éventualité d’un programme de retenues d’eau, pour faire face aux périodes de grande sécheresse.
Au final, il s’agissait pour la Région de faire voir concrètement aux élus de Saint-Joseph en particulier, et du Sud en général, que leurs projets de développement - s’ils sont intégrés à une réflexion cohérente et globale dans l’intérêt de la micro-région et de ses habitants - rencontreront toute l’écoute et l’appui nécessaires, l’idée principale étant de « voir l’ensemble du Sud entrer dans un développement généralisé à partir de son point le plus extrême ».

Après les échanges entre élus, le programme de la journée a comporté un déplacement sur le site de la déviation, à Goyaves, au-dessus du collège du Sang-dragon (voir ci-contre). Après le déjeuner, les élus devaient se rendre au lycée agricole pour prendre connaissance des travaux de réhabilitation, de la construction d’une porcherie et de l’extension d’une étable.

P. David